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***Kathina***

Je suis toujours à l'hôpital. Les balles n'ont pas fait grands dégâts, le plus gros bobo c'est ma gorge. Je dois éviter de crier, d'ailleurs je ne peux même pas. Je chuchote, ma voix ne sort pas et je ne dois pas forcer. Je ne mange pas non plus les aliments solides, j'ai mal quand j'avale. L'épaule fait un peu mal quand je fais un mouvement surtout brusque mais c'est tout.

Maman Mélanie est dans ma chambre à me regarder sans rien dire. Elle m'aide pour me déplacer, manger, faire ma toilette mais sans dire mot. Bonjour, à demain, tu as mal... c'est à peu près tout ce à quoi j'ai droit.

La porte s'ouvre et mémé entre en larmes, scandant mon nom. Éric pas loin.

-tu es venue faire quoi ici ?

On est tous surpris de la réaction de ma tante.

-tu es venue voir les résultats de ton bon travail ? Tu es contente ? Tu es fière de toi ? Kathina est une enfant, une enfant. Dix-neuf ans seulement, c'est un enfant Thérèse ! Au lieu de la forcer à faire l'école c'est la vie des hommes. Et quels hommes ? Que des hommes mariés. Tu as fait cette vie fatiguée tu es où aujourd'hui ? Ça t'a rapporté quoi ?

-...

-si sa mère était en vie tu aurais eu le courage de la prostituer ainsi ? Réponds-moi vieille sorcière ! Tu as ta fille pourquoi tu ne la vends pas aux hommes mariés ? C'est seulement Kathina que tu as vue ? Même si son tissage représente le salaire annuel de quelqu'un, c'est une enfant.

-maman Mélanie...

-oh ferme-moi ton gosier ! Si elle t'aime tant, pourquoi elle ne cherche pas à arranger avec ton père ? Le voilà devant toi, sa femme a failli te tuer, enlève mon nom s'il lui fait quoi que ce soit. Je mens ? Monsieur, on peut porter plainte à votre femme ?

-...

-voilà. Mais si ça avait été toi, sans remord on t'aurait jetée en prison. Kathina ressaisis-toi ! Ressaisis-toi !

Là elle se met à pleurer et s'infliger de grands coups.

-le chemin que tu veux prendre là n'est pas le bon, c'est la mort qui t'attend au bout. Voilà ta complice, grande bordelle à la retraite, même pas un petit studio elle a construit. Si le père de son dernier n'avait pas léguer la maison dans laquelle elle vit à leur fils, elle serait en train de vivre tel le parasite qu'elle est chez ses enfants.

-Mélanie ça suffit tu comprends ! Je ne te permets pas. Je ne suis pas ton égale.

-toi-même respecte d'abord ton âge. Comporte-toi comme une femme de ton âge.

-Kathina je vais attendre qu'elle s'en aille, je suis dans le couloir.

Elle ressort avec Éric et laisse maman Mélanie dans ses larmes, lamentations et autoflagellation.

-à ton âge on est belle, on a le monde à nos pieds. On se croit capable de tout, de changer le monde. Mais le monde était là avant toi, il sera là après toi. Il a établi ses propres règles et personne ne lui dicte sa loi. Quand ton corps sera fatigué, qu'il y aura plus belle que toi, qu'est-ce que tu deviendras Kathina ? Fais marche arrière ma fille. Reviens à la maison et reprend tes études. Tu marches tout droit vers la mort.

C'est la première fois que lorsqu'elle me gronde, je suis vraiment touchée. Je me mets même à pleurer tellement elle me touche. Tellement sa souffrance semble réelle.

-j'ai toujours été plus stricte avec toi parce que tu as toujours été la plus difficile des enfants que j'ai eu à élever, pas parce que tu n'étais pas mon enfant biologique. Je t'ai mise dehors parce que j'étais excédée, je ne savais plus quoi faire de toi. Mais j'ai eu tort, reviens à la maison. Je te demande pardon.

KathinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant