***Kathina, quelques jours plus tôt***
Je ressemble déjà à quelqu'un, on en a profité pour faire un photo shoot. Une photo de Wamy seul, une avec ses deux parents ensemble, et une dernière avec chacun de ses parents. C'est pour son album. Comme Noël était la veille, on a pu faire de belles photos au pied du sapin, en tenues aux couleurs de la nativité.
Wamy dort, maman Mélanie aussi, on prend le petit-déjeuner à deux et je lui fais part de ma volonté de reprendre la nounou de mémé pour le petit une fois maman Mélanie de retour chez elle.
-je n'apprécie pas trop l'idée de confier mon fils à une inconnue. Je préfère qu'il aille à la crèche.
-à trois mois ? C'est trop tôt ! Et la crèche c'est toujours des inconnus.
-ce n'est pas pareil et tu le sais. On trouvera une solution mais ton histoire de nounou je suis septique. Si encore l'enfant parlait déjà.
-ok ! Je capitule en soupirant.
-je vais encore être en retard.
Il me fait un bisous, puis un autre, me mord la lèvre.
-tu vas être en retard. je rigole.
-à cause de toi. C'est toujours à cause de toi.
-bonjour à vous.
Yvon se redresse et se dépêche de s'en aller.
-bonjour maman Mélanie. Ça va mieux ?
-hum ! Vous votre chambre fait la taille de toute la maison de quelqu'un mais vous êtes toujours en train de vous bécoter dans toute la maison. Vous n'êtes pas seuls quand même.
-c'est l'amour. Toi tu connais l'amour ? je la taquine.
-non. C'est vous qui avez inventé ça. Tchip !
Elle se fait une tasse de citronnelle et s'assoit en face de moi.
-ne traversez pas l'enfant hein (avoir des rapports sexuels tôt). C'est trois mois.
Carrément ! Les choses d'avant. Mais qui va lui dire ça ?
-oui. Chacun est dans son coin la nuit.
-là où vous embrassez partout partout.
-justement, les bisous la nous rassasient.
-tchip !
-mais si ton mari ne te fait pas manger l'amour est-ce que c'est nous ? Ici on mange, boit, respire l'amour. je dis en rigolant.
-c'est bien. J'irai au marché tout à l'heure, tu veux quoi ?
-les tubercules de manioc stp. Mon chéri, l'amour de ma vie, me donne tout. Je n'ai besoin de rien.
-j'ai pitié de toi ma fille.
-ah mais c'est toi qui fuis ton foyer pour aller groover avec les copines. Une vieille comme toi.
-qui est vieille ? Tu es malade toi Tina.
Elle fait ma journée, je ne cesse de l'embêter jusqu'à ce qu'elle parte faire ses achats. Je n'ai jamais vu quelqu'un qui aime Mont-Bouët comme cette femme.
Je m'installe devant la télé, mon petit Prince à côté dans sa balancelle. Je ne peux m'empêcher de le regarder et me demander si c'est vraiment moi Kathina qui ai fait une beauté pareille. Il s'appelle Wamy, c'est en Ipunu, l'une des langues maternelles de ma défunte maman. Ça signifie « à moi ». Car c'est la seule qu'on ne pourra pas me refuser. On peut douter de ma richesse, on peut me refuser des parents, mais pas le fait que j'ai donné la vie. Et en toute objectivité, mon fils est beau.
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Kathina
Non-FictionTout ce que Kathina désire elle doit l'obtenir. Avec cette demoiselle au physique de déesse, la fin justifie les moyens.