03 | ⚠️ Raphaël

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Raphaël passa le rideau et le ferma d'un coup sec. La fureur de l'instant se dissipa lentement alors qu'il regardait tout autour de lui. Le service boissons était assuré par la femme asiatique qui était venue après qu'il ait repris conscience, allongé dans une sorte de dortoir. C'était la seule femme entre ces murs d'après ce qu'il pouvait constater. Sur les banquettes et autour des tables, des hommes étaient rassemblés en petit comité. Le garçon qui l'avait accompagné s'était installé sur les genoux de l'un d'eux.

Raphaël grimaça. Il retournait vers la porte d'entrée lorsqu'on lui barra la route.

— Dégage de là.

Raphaël avança d'un pas, prêt à en découdre. Quand l'un des vigiles ouvrit son bouton de veste et l'écarta un peu, il put apercevoir le pistolet électrique dans son étuis. Il recula et leur adressa son regard le plus chaleureux. Il n'avait pas le choix, il allait devoir prendre son mal en patience, pour l'instant.

Hors de question de rester en bas au milieu des caresses et des frottements. Il emprunta les escaliers derrière le bar et se retrouva face à une porte ouverte. Alors qu'il allait poursuivre son chemin, une voix masculine s'éleva à l'intérieur.

— Eh ! Viens par-là, toi !

Raphaël entra dans un bureau sans fenêtre et mal éclairé. Le mur à sa gauche et celui du fond étaient masqués par de grandes armoires, rangements et bibliothèques.

— Quoi ?

— Déjà, tu vas commencer par me parler sur un autre ton, répliqua l'homme assis derrière un bureau en bois sombre sur lequel s'empilaient papelards et écrans de surveillance.

— Pourquoi vous me retenez ici ?

— Assieds-toi, qu'on t'explique...

Raphaël aperçut enfin la deuxième personne dans la pièce. C'était une jeune femme, mince, brune, aux yeux sombres et froids.

— Non, je vais rester debout.

— Comme tu veux, dit la femme. On va avoir du boulot, ajouta-t-elle à l'attention de l'homme.

L'homme se leva et passa devant le secrétaire. Il ne se trouvait plus qu'à un pas et demi de lui. Raphaël n'était pas bien haut - un mètre soixante-treize -, mais ce type-là le dépassait largement. Corps-à-corps, aucune chance. Il ne se démonta pas pour autant.

— Je suis Louka et voici ma sœur, Calista.

— Ouais, ouais, enchanté. Raphaël. Maintenant qu'on a fait connaissance, laissez-moi partir.

— Raphaël, d'ici peu de temps, tu te plieras à toutes nos volontés et à celles de nos clients.

Raphaël éclata de rire. Il se reprit aussitôt et leur adressa un regard sombre.

— Ça m'étonnerait.

Louka jeta un coup d'œil à sa sœur.

— Il a du caractère, j'aime bien, dit-elle.

— Moi pas.

Louka le fixa avec la même animosité.

— Crois-moi, tu le feras. Question de survie.

— Je crois que je préfère mourir.

Louka esquissa un sourire. L'idée lui plaisait déjà.

— Tu as de la famille ? Demanda Calista.

— Non.

— Quelqu'un dans ta vie ?

— Non.

— Donc personne ne sait que tu es là. Souligna Louka, son rictus s'élargissant.

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