47 | Avant la tempête

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À la fin de la soirée, quand le club fut enfin fermé, Jimmy franchit la porte du bureau avec Dorian à sa suite. Louka, qui était jusque-là affalé sur son siège, se redressa et s'appuya sur ses coudes, les doigts croisés sous son menton.

— Tiens donc, t'étais où ?

La fatigue de cette journée avait un peu endormi sa voix, la rendant plus grave et rauque. Ses yeux dévalés scrutaient Dorian avec froideur. Les poils des bras de Dorian se hérissèrent alors qu'un frisson le parcourait.

— Il était seul, caché dans une chambre, dit Jimmy.

Louka tourna lentement la tête vers Jimmy, puis de nouveau vers Dorian.

— Vraiment ? demanda-t-il à Dorian.

— Oui, je suis désolé, dit Dorian, j'ai été perturbé, ça n'arrivera plus.

Louka ferma les paupières pour rassembler ses pensées, avant de les rouvrir, fixant Dorian avec intensité.

— Tu as une idée du fric que tu m'as fait perdre ce soir ?

Dorian sentit la pression monter, son cœur tambourinant dans sa poitrine à l'idée d'une punition sévère.

— Je vais me rattraper, je te promets. Je verrai plus de clients.

Un rictus se dessina sur le visage de Louka, mais il n'avait rien de bienveillant.

— Oh non, Dorian, c'est moi qui te fais la promesse que tu verras plus de clients. À partir de ce soir, fini les filles et les plans solo, tu vas taper dans le plan à trois et les partouzes, ça va te faire du bien.

Les yeux de Dorian s'écarquillèrent, la peur se lisant sur son visage.

— À la moindre gaffe, tu es mort. C'est clair ?

Dorian hocha la tête, incapable de prononcer un mot.

Jimmy ouvrit la porte, marquant ainsi la fin de leur conversation. Dorian s'était attendu à rentrer en boitant, peut-être même avec une hémorragie interne, mais Louka en avait décidé autrement cette fois-ci.

En entrant dans la chambre, il ne fut pas immédiatement l'objet de toute l'attention. Seul Yvan, assis à l'écart, le remarqua et se leva pour venir vers lui.

— Tout va bien ?

Dorian hocha la tête doucement, mais Yvan n'était pas dupe. Il l'observa avec insistance, cherchant à comprendre ce qui n'allait pas.

— Dis-moi, demanda Yvan calmement, sa voix empreinte de douceur et de sollicitude.

Dorian hésita, ses épaules s'affaissant sous le poids de la situation.

— Je suis en mise à l'épreuve, murmura-t-il. Si je fais quoi que ce soit de mal, je suis mort.

Yvan, sentant la détresse de son ami, le prit immédiatement dans ses bras, le serrant fermement contre lui. Dorian se laissa aller, trouvant un semblant de réconfort dans cette étreinte.

— Tu vas t'en sortir. Je serai là pour te soutenir, garantit Yvan à voix basse.


Le matin était déjà bien entamé lorsque Calista tapotait sur le clavier de l'ordinateur, concentrée sur l'inventaire du stock du Soprano. Louka, dans son appartement adjacent au bureau, sirotait son café, la porte laissée ouverte.

Sentant le besoin de voir sa sœur, il se leva, franchit la distance qui les séparait en quelques pas mesurés, et entra dans le bureau. Sans un mot, il s'approcha de Calista et l'embrassa sur la joue.

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