40 | Les ombres numériques

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Arrivant devant un entrepôt abandonné, Lino fut envahi par une vague d'appréhension. Les rumeurs qui entouraient Marc-Aurel dressaient un portrait peu flatteur de lui, mais Lino était désespéré d'obtenir des réponses, même si cela signifiait s'impliquer avec un individu à la réputation douteuse.

À vingt-cinq ans, Marc-Aurel Brodie était un pirate informatique doublé d'un détective privé. Son passé trouble et ses activités illégales en avaient fait une figure controversée. Il avait ses propres codes d'éthique, guidé par une soif de justice et un désir de révéler la vérité.

Bien que l'endroit semblât désert, la réalité était tout autre. L'entrepôt fourmillait de personnes qui l'utilisaient pour leurs activités ou, comme Lino, pour chercher des réponses.

Dans l'obscurité, Lino progressait avec précaution, les sens en éveil, alors qu'il longeait un étroit couloir. Celui-ci le conduisit finalement à une porte en bois, d'où émanait une lumière vive. L'odeur de café froid flottait dans l'air, se mêlant au grondement sourd d'une vibration lointaine.

Lino prit une profonde inspiration, hésitant entre continuer et faire demi-tour. C'est alors qu'un autre bruit vint s'ajouter à l'ambiance, un grattement contre le bois suivi d'un souffle presque inaudible.

Avant même qu'il puisse analyser ces sons, la porte s'ouvrit brusquement, révélant un jeune homme aux cheveux châtains en désordre. Il portait un grand t-shirt blanc qui semblait avoir été utilisé comme pyjama, associé à un pantalon de jogging sombre. À ses pieds, un majestueux chien-loup noir fixait attentivement Lino de ses yeux dorés, prêt à protéger son maître en cas de besoin.

— Qu'est-ce qui t'amène ici, Lino ? Demanda Marc-Aurel d'une voix calme teintée d'une légère nonchalance, comme s'il était habitué à ce genre de visite impromptue et que cela ne l'intéressait guère.

Lino prit une brève pause avant de répondre.

— Je pense que tu peux m'aider, murmura-t-il d'une voix empreinte d'une détermination mêlée d'une certaine vulnérabilité.

Un sourire narquois s'étira sur les lèvres de Marc-Aurel, révélant un brin de satisfaction dans son regard. Levant un sourcil d'un air amusé, il répondit :

— Eh bien, je peux certainement t'aider, mais il y a un prix. Rien n'est gratuit dans ce monde.

Lino hocha la tête, irrité. Il avait conscience que les services de cet individu ne seraient pas offerts sans contrepartie.

Marc-Aurel fit un geste en direction du lit. Lino suivit son regard et vit un matelas posé au milieu de la pièce en béton, recouvert d'un simple plaid vert.

— Poisson, ordonna Marc-Aurel d'une voix plus douce.

Le chien noir grimpa sur le matelas, prenant une position de garde, ses yeux ocre fixés sur Lino, prêt à intervenir au moindre signe de danger.

Marc-Aurel invita Lino à entrer et referma la porte derrière eux. La lumière blanche et crue des spots au plafond éclairait la pièce rectangulaire, révélant son minimalisme surprenant. Les murs nus en béton et le peu de mobilier donnaient davantage l'impression d'être dans un bunker sécurisé que dans le studio d'un hacker vivant seul avec son chien.

La seule chose qui vendait la mèche dans ce décor était le long bureau contre le mur, surplombé par une série d'écrans de formes et de tailles diverses. Les claviers étaient disposés de manière chaotique, semblant lutter pour trouver leur place sur le bureau encombré. Le bruit sourd qui avait attiré l'attention de Lino provenait des ventilateurs des différentes alimentations, nécessaires pour maintenir la température optimale des équipements informatiques qui faisaient tourner le repaire de Marc-Aurel. Malgré ça, il faisait chaud.

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