51 | ⚠️ Le yacht

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Lino se tenait immobile, au centre de la pièce, les épaules raides, chaque muscle de son corps criant l'urgence de fuir. Mais Esteban, planté entre lui et la seule sortie, ne lâchait pas du regard sa proie. Le silence, lourd et oppressant, fut rompu par le léger bruit des pas d'Esteban qui se rapprochait de Philippa.

Esteban effleura l'épaule de la jeune femme assise sur la banquette.

— Merci, ma belle...

Sa voix s'était faite douce, traînante, presque amoureuse. Philippa leva les yeux vers lui avec une obéissance teintée d'un sourire en coin, appréciant l'attention qui lui était portée.

Esteban se pencha davantage, sa main glissant le long du bras de Philippa dans un geste langoureux, ses lèvres frôlant maintenant sa nuque. Elle ne broncha pas, laissant cette proximité s'installer. Ses doigts se refermèrent autour de ceux d'Esteban dans une réponse silencieuse et calculée. Leurs respirations se mêlaient, capturant toute l'attention d'Esteban.

Lino, les yeux rivés sur la scène, sentit son estomac se nouer. Pourtant, l'opportunité était là, devant lui, dans la distraction d'Esteban. Son souffle se fit plus court. Le moindre mouvement brusque risquait de rompre cet équilibre fragile, mais il n'avait pas le choix. Ses pieds hésitèrent avant de répondre à son instinct. Lentement, presque imperceptiblement, il se pencha en avant, prêt à se lancer vers la porte. Chaque fibre de son corps hurlait de se jeter sur cette poignée, de fuir.

Esteban, absorbé par Philippa, ne réagit pas. Un murmure faussement tendre s'échappa de ses lèvres alors que ses doigts parcouraient la nuque de la jeune femme, l'enivrant de cette emprise si familière.

Lino, le cœur battant à ses tempes, sentit enfin l'air se libérer dans sa poitrine. C'était maintenant ou jamais.


Lino ouvrit la porte à la volée, se jetant dans la chambre sans même réfléchir. Le lit défait, large obstacle au milieu de la pièce, ne l'arrêta pas. Il bondit par-dessus, ses jambes frôlant à peine les couettes éparpillées. La peur dissimulée derrière l'adrénaline, brouillant tout sauf son unique objectif : l'escalier. Fuir.

Mais à peine eut-il atteint la première marche qu'une poigne de fer s'abattit sur lui. Esteban le rattrapa d'une main brutale, l'empoignant par l'arrière de sa veste. La force du coup l'envoya droit contre le mur, la respiration coupée sous le choc. Lino chuta, un gémissement de douleur s'échappant de ses lèvres, mais Esteban ne lui laissa pas de répit. Il le maintenait par la capuche, tirant dessus avec une violence sourde.

— Alors, tu essayais de me quitter ? Dit Esteban d'une voix glaciale, son souffle brûlant contre l'oreille de Lino.

D'un geste vif, il tira Lino en arrière avant de le repousser avec une force démesurée. Lino perdit l'équilibre, s'effondrant sur le lit dans un bruit sourd, les couvertures se froissant sous son poids. Son souffle était erratique, chaque muscle de son corps secoué par la panique.

Esteban prononça alors ces mots, d'une voix si calme, si tranchante que l'air sembla se figer autour d'eux :

— Ton père aussi ne m'avait pas laissé de répit.

Ces quelques mots frappèrent Lino de plein fouet, comme une déflagration. Son esprit se figea, la chambre disparaissant, tout comme son objectif initial. Tout bascula. Esteban. C'était lui. C'était lui qui avait fait disparaître Marco deux ans plus tôt. Lino resta pétrifié, le souffle court, sous le choc de cette révélation, comme si le sol sous ses pieds venait de s'effondrer.

Esteban s'arrêta juste devant le lit, dominant le jeune homme encore allongé sur le matelas, affalé dans sa douleur et son choc. Ses yeux brillaient d'une satisfaction presque sadique, capturant chaque nuance de désespoir qui traversait le visage de Lino.

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