Liverport

34 | Privilèges

Les garçons se préparèrent en se coiffant, s'habillant et se parfumant délicatement. Les clients s'installaient petit à petit, des habitués et des curieux. Agate et Dany flirtaient avec deux hommes différents, Allan dansait avec un autre et Raphaël discutait tranquillement avec Yvan qui attendait l'arrivée de son premier client. Dorian était déjà occupé à l'étage avec un client qu'il connaissait bien et qu'il tolérait suffisamment pour le laisser le parcourir sans être écoeuré. Aaron termina d'arranger la musique. Calvin, lui, observait tout le monde, semblant chercher quelque chose. Raphaël le remarqua et lui demanda ce qu'il cherchait, mais Calvin se contenta de sourire énigmatiquement et de partir sans répondre.

Alors que Louka et Calista finissaient de ranger leur bureau, il remarqua qu'elle avait l'air triste et distante. Il s'approcha d'elle et lui demanda doucement :

— Ça ne va pas, Cali ? Tu as l'air préoccupée. Louka fronça les sourcils. Il savait que Calista avait déjà eu des problèmes de dépression par le passé. Elle ne lui répondit pas tout de suite, évitant son regard. Il soupira, sachant qu'il ne pourrait pas obtenir plus d'informations de sa part. Lorsqu'il s'agissait de ses sentiments et de ses émotions, elle restait toujours évasive. C'était une habitude qu'ils avaient acquise avec le temps, sous la pression de leurs parents.

— Si tu as besoin de parler, je suis là pour toi, dit-il en posant une main protectrice sur son épaule.

Calista lui sourit faiblement et hocha la tête.

— Merci, Lou. Je vais bien, vraiment.

Il la regarda pendant quelques instants, mais finit par hocher la tête à son tour. Elle lui fit un signe de tête, avant de retourner à son tri. Louka sortit du bureau et se dirigea vers la salle principale, où il observa les garçons travailler avec attention.

La soirée se poursuivit jusqu'à l'arrivée d'une femme d'une quarantaine d'années qui entra dans le Soprano, attirant l'attention de tous les garçons présents. Elle se dirigea directement vers Raphaël, qui l'accueillit avec un sourire charmeur. Ils commencèrent à discuter et elle sembla de plus en plus intéressée. Ils dansèrent ensemble et il l'accompagna pour prendre un verre avant de finalement se laisser prendre la main pour la suivre en haut.

Louka fixa Lino d'un regard dur en le voyant entrer.

— Tu es encore là, toi ? demanda Louka d'un ton exaspéré.

— J'ai juste besoin de me détendre un peu, répondit Lino en haussant les épaules.

— Et tu as décidé de venir ici pour ça ?

Lino tenta de paraître décontracté, mais son ami pouvait sentir qu'il était sur la défensive.

— Pourquoi pas ? J'ai entendu dire que Yuki a de nouveaux cocktails.

— Si tu veux boire, il y a des endroits beaucoup mieux que ça, rétorqua Louka.

Cette fois, le jeune mafieux changea de ton. Il fronça les sourcils, agacé par l'attitude protectrice de son ami.

— Je ne suis pas un enfant, Louka. Je peux prendre soin de moi-même. Tu n'as pas confiance en moi ?

— Ce n'est pas une question de confiance. Je sais que tu es un grand garçon et que tu peux prendre tes propres décisions. Mais je sais aussi que ta place n'est pas ici et que tu devrais prendre tes distances avec lui...

Lino émit un claquement de langue, agacé. Il ne tenait pas à avoir cette conversation tous les soirs. Contournant Louka, il se dirigea rapidement vers le fond de la salle, suivi du regard par les habitués intrigués. Leur mouvement de tête commun attira l'attention de Raphaël qui saluait sa dernière cliente en haut des escaliers. Lino le repéra et monta les marches quatre à quatre.