16 | Funeste

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Raphaël se réveilla tôt et se repassa le film de la soirée dans sa tête. Il sourit. Une vague d'énergie l'envahit et il se leva pour aller manger un morceau. Jimmy leva un sourcil en le voyant descendre l'escalier principal et consulta sa montre.

— Il est même pas six heures, lui fit-il remarquer.

Raphaël hocha la tête. Il attrapa le premier fruit de la corbeille et retourna dans le salon pour s'asseoir sur la banquette du carré VIP. Il éplucha sa banane et laissa aller sa tête en arrière. Jimmy l'observait toujours avec ce même air interrogateur. Le jeune homme lui fit un clin d'œil.

Quelques heures plus tard, une douce chaleur vint lui caresser le visage, le faisant doucement émerger. Il s'étira. La porte était ouverte et le soleil tirait l'un de ses rayons matinaux vers lui. Il prit une grande inspiration, profitant de l'odeur de l'air extérieur.

— C'est trop tard, dit Arthur en sortant de leur salle de bain pour rejoindre Jimmy, Jerry et Louka.

Arthur Andries était le médecin de la famille Lehum. Il travaillait aussi au centre hospitalier de Liverport. Depuis que Marc-Antoine, – le père de Lino, – le lui avait demandé, il avait aussi pris en charge les garçons du Soprano. Il avait une grande confiance en lui et savait qu'il serait doux avec ces hommes qui en avaient grandement besoin. Il était dans la confidence depuis des années.

— Carla est en route, elle ne devrait pas tarder, poursuivit-il.

Louka se passa une main dans les cheveux et son regard s'orienta vers Raphaël.

— Qu'est-ce que tu fais là, toi ?

— Je me suis endormi.

Jimmy acquiesça d'un signe de tête.

— Il est descendu avant.

Intrigué, Raphaël se redressa et pivota vers eux. Il aperçut dehors une ambulance se stationnant sur l'herbe. Quatre personnes en sortirent. Trois hommes et une femme.

Carla abordait un carré sombre très court et rigide. Sa blouse blanche était ouverte sur une tenue noire. Son visage n'exprimait rien. Elle traversa le hall jusqu'à la salle de bain sans adresser la parole à personne. Les hommes déplièrent le brancard en silence.

Cette fois, Raphaël se leva.

— Quelqu'un est blessé ?

Arthur grimaça. Louka soupira et remonta dans le bureau dont il laissa la porte entrouverte.

Carla se posta près d'eux.

— On le décroche et on applique la procédure fantôme, dit-elle aux trois hommes qui entraient.

Raphaël nota la froideur de sa voix. Avant qu'il ait pu faire un nouveau pas en avant, Arthur le rejoint.

— C'est la légiste, expliqua-t-il.

Raphaël lui fit signe qu'il ne comprenait pas.

— Adam s'est suicidé.

Ses yeux s'ouvrirent plus grand. Arthur y avait mis de la douceur, mais rien ne pouvait atténuer une telle phrase.

Raphaël se rassit. Il ne connaissait pas réellement Adam, aussi discret que silencieux. La nouvelle venait pourtant de lui arracher toute la joie qu'il avait pu éprouver depuis son réveil.

Il discerna vaguement le brancard repartir. Ses pensées l'avaient déserté. Il dissocia un long moment. Le soleil eut le temps de tourner, quittant le salon et emportant avec lui sa chaleur.

Louka se laissa tomber dans le canapé du bureau. Calista resta debout, les mains sur les hanches.

— Bon. Qu'est-ce qu'on fait ? Demanda-t-elle.

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