Il était midi quand l'alarme les arracha au sommeil. Raphaël se frotta le visage et tendit le bras pour ouvrir son rideau. En restant couché, il regarda Agate faire son lit et les autres s'habiller pour descendre manger. Il traîna au lit encore quelques minutes après qu'ils aient tous quitté la chambre. Il n'adressa la parole à personne et resta enfermé dans ses pensées. Le silence lourd fut rompu par l'arrivée de Calista.
— On est en juillet, dit-elle le nez dans la paperasse.
— Et alors ? Demanda Raphaël.
— On va élire l'employé du mois.
— C'est une blague ?
Elle releva les yeux sur lui, très sérieuse.
— Et qu'est-ce qu'on gagne à l'être ?
— Rien du tout, répondit Louka appuyé dans l'encadrement de la porte. C'est celui qui tournera le plus pendant le mois.
Son regard se planta dans celui de Raphaël.
— Au fait, poursuivit-il. Tu commences ce soir.
Raphaël lui sourit.
— Le vrai travail commence maintenant, murmura Dany.
Calista et Louka retournèrent dans le bureau pour éplucher les différents comptes qu'ils tenaient pour chacun des jeunes hommes.
— Ça tourne vachement depuis quelque temps, fit-elle remarquer.
Louka releva la tête de sa feuille de calcul.
— On sait tous les deux pourquoi...
— Comment veux-tu qu'on les en empêche ?
— Tant que la boutique tourne, je m'en balance de leurs magouilles.
Après quelques recherches, il ressortit qu'Aaron était celui qui avait le plus rapporté le mois dernier. Son comportement était exemplaire. Même blessé, il ne se plaignait jamais.
Lino passa la porte un peu brusquement et Calista leva un sourcil interrogateur.
— Pardon, il pleut, j'ai glissé...
Il avança jusqu'au bureau et jeta un coup d'œil aux papiers éparpillés parmi lesquels se trouvaient les photos des garçons.
— L'employé du mois ? interrogea-t-il en tournant la photo d'Aaron vers lui pour l'étudier.
La clientèle les aime jeunes, pensa-t-il.
Left l'interpella discrètement et désigna le bas de l'escalier. Il revint sur ses pas et s'appuya à la rambarde. En bas, Raphaël était en train de faire les poches de sa veste.
— Avec un peu de chance, tu y trouveras la modique somme de cinquante cents.
Raphaël sursauta.
— Tu te balades léger ! Lança-t-il.
— Que cherchais-tu, pickpocket ?
— Un truc intéressant qui montrerait que tu es un homme intéressant. Tu échoues lamentablement.
Lino descendit les marches sans le quitter des yeux. À chacun de ses pas en avant, Raphaël compensait par un pas en arrière. Il se souvenait de la conversation qu'il avait surprise hier. Il arriva un moment où il ne put plus reculer. Lino posa la main contre l'escalier, près de sa tête, et s'appuya.
— Tu commences ce soir, toi, non ?
Raphaël fronça les sourcils.
— Tu es bien renseigné, Don Lino !
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Liverport
AcciónEnrôlé de force dans une maison close, Raphaël est confronté à Lino, le mafieux captivant qui règne sur la ville de Liverport, île connue pour sa festivité et sa lascivité. Deux ans après la disparition de son père, Lino se trouve contraint de pren...