07 | Seul

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Raphaël se réveilla en début de soirée. À aucun moment il ne se souvenait s'être endormi, ni même s'être allongé. Son rideau était ouvert et il tourna la tête vers la silhouette assise sur le lit d'Agate.

Dany lui sourit.

— Bien dormi ?

— Je crois. Comment tu te sens ?

Dany portait un t-shirt ample appartenant à Yvan. En-dessous, son dos était tuméfié. Il s'inclina légèrement et grimaça.

— Si je ne me lance pas dans une battle de danse, ça devrait aller, plaisanta-t-il.

— Tu n'as rien volé, n'est-ce pas ?

— Non. C'est Calvin qui a oublié de vider ses poches parce qu'il était trop pompette pour que son cerveau fonctionne... Quand il s'agit d'être mesquin, en revanche, là tout est OK.

— À ta place, je l'aurais balancé.

— Tu sais, Raph... On vit ici tous ensemble... Si on ne peut plus être solidaires ou se faire confiance, alors on est seul. Et seul, on ne survit pas.

Raphaël y réfléchit un instant. Il avait été seul presque toute sa vie. Pas qu'il l'ait vraiment choisi, mais la vie s'était imposée ainsi. Il avait choisi ses compagnons de route et les quittait pour en trouver d'autres à travers son voyage. Être seul ici n'était pas envisageable.

— Tu devrais descendre. Louka ne va pas aimer que tu traînes dans la chambre...

— Mais est-ce qu'il apprécie un truc ce mec ?!

— Sa sœur.

Raphaël jeta un coup d'œil aux vêtements de la soirée. Il jeta son jean et son t-shirt au sol et étudia le pantalon. C'était un pantalon très serré dans une matière synthétique noire proche du lycra. Il soupira. Il prit son temps pour l'enfiler et enchaîna avec la chemise d'un blanc immaculé. Il ferma les boutons du milieu et retroussa négligemment ses manches.

— Tu es beau.

Raphaël sourit à Dany. C'était la première fois qu'il souriait depuis qu'il était arrivé. L'expression sur sa bouche lui sembla même étrangère.

Quand il eut descendu le petit escalier, il s'arrêta un moment près de la balustrade. Quelques hommes en costumes sombres s'affairaient autour du « Carré VIP » et en un rapide coup d'œil il identifia à qui ils appartenaient.

— T'étais où ? Demanda Calista qu'il n'avait pas entendu arriver à cause de la musique.

— J'ai pas vu l'heure. Je dois faire quelque-chose ?

— T'es pas encore formé, tu t'approches pas de la clientèle. Pas question que tu ruines notre réputation, compris ?

Elle enfila le couloir pour rejoindre le bureau. Il la suivit du regard tout en pivotant vers le grand escalier et fut stoppé net. Sa propulsion bloquée, il dut s'appuyer contre son obstacle pour se rééquilibrer. Raphaël retira vite sa main de la poitrine de Lino. Encore une fois, la musique avait camouflé les bruits de pas dans l'escalier.

— Tu me fais du rentre dedans ?

— T'as toute la largeur du couloir et tu te colles à mon dos ! S'emporta Raphaël.

— Le couloir ne t'appartient pas.

— C'est pas le tien non plus.

— En fait, si.

Lino lui sourit avant de poursuivre.

— Je suis le propriétaire de tout ce qui t'entoure sur cette île. J'ai presque une taxe sur l'air que tu respires.

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