Calista venait de terminer son massage et Lino se releva du lit. Les gestes mesurés, il testait prudemment sa nuque, sentant une légère raideur subsister. La douleur constante s'était apaisée, et il ne ressentait plus que des élancements ponctuels lorsqu'il tournait la tête trop brusquement. Calista avait vraiment des doigts de fée.
— Merci, souffla-t-il en enfilant sa chemise, un geste qu'il avait été incapable de faire seul ce matin.
— C'est normal, répondit-elle avec un sourire doux. Tu reviens quand tu veux, mais promets-moi une chose : n'essaie plus d'affronter ça tout seul.
Lino sortit de la chambre après elle et jeta un coup d'œil autour de lui. L'appartement de Calista n'était qu'un espace vide, morne.
La lumière artificielle projetait des ombres froides sur les murs nus, à la peinture beige fade. Aucun tableau, aucune photo, rien ne venait personnaliser l'espace. Le salon, avec sa petite cuisine ouverte, ne portait aucune trace de la présence de Calista, comme si elle vivait dans un décor temporaire, détaché de tout. Les meubles étaient réduits au minimum, une table basse et un canapé en cuir brun, usé par le temps. Tout respirait la neutralité, des tons marron mornes qui semblaient absorber toute chaleur. Ici, aucun signe de confort, aucune tentative de s'approprier les lieux. Juste un espace fonctionnel, sans âme.
— Tu sais, Cali...
— Je ne plaisante pas, l'interrompit-elle d'une voix ferme. On ne parle pas d'un simple petit truand ici. Imagine ce qui aurait pu t'arriver si Left avait été distrait. S'il te plaît, fais plus attention à toi, surtout si tu te sens déjà fragilisé.
Ses mots résonnèrent en Lino, lui rappelant la fine ligne qui séparait sa survie de la catastrophe. Sans vraiment réfléchir, et bien que cela lui soit toujours extrêmement inconfortable, il se pencha pour la prendre dans ses bras. Aussitôt, il se raidit, ne sachant où placer ses mains ni comment doser la pression autour d'elle. Son souffle se bloqua, concentré uniquement sur cette action qui ne lui venait pas naturellement. Calista lui rendit son étreinte, puis s'écarta, un sourire complice éclairant son visage.
— N'oublie pas ce que je t'ai dit, insista-t-elle, son regard se faisant plus doux.
Lino hocha la tête, encore un peu désorienté, tout en reprenant son souffle. Les câlins n'étaient définitivement pas faits pour lui, mais ils avaient parfois un effet apaisant, même s'il peinait à s'y retrouver.
Alors que Calista se dirigeait vers la cuisine pour se faire un café, Louka entra dans l'appartement sans frapper, une habitude qu'il n'avait jamais eue.
Lino s'était assis dans le canapé, l'air absent.
— Ça va mieux ? Demanda Louka, observant attentivement ses traits fatigués.
Lino, toujours perdu dans ses pensées, se contenta d'un signe de tête, évasif. Il n'avait pas envie d'entrer dans les détails pour l'instant, mais Louka n'était pas du genre à se contenter de réponses superficielles.
— Pourquoi t'es monté sur ce putain de yacht ?
Lino soupira, se laissant tomber en arrière dans le canapé en cuir usé. Il jeta un regard vers Calista, qui, déjà occupée à préparer son café, ne prêtait pas vraiment attention à eux.
Louka, lui, ne lâcha pas prise. Il posa un pied sur la table basse, dans une posture décontractée, mais insistant par sa présence, faisant maintenant face à Lino.
— J'attends, reprit Louka, son ton toujours persistant mais plus doux cette fois.
Lino baissa les yeux, hésitant un instant, puis finit par lâcher la vérité avec un calme qui ne reflétait pas la gravité de ses mots.
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Liverport
ActionEnrôlé de force dans une maison close, Raphaël est confronté à Lino, le mafieux captivant qui règne sur la ville de Liverport, île connue pour sa festivité et sa lascivité. Deux ans après la disparition de son père, Lino se trouve contraint de pren...