01 | Bienvenue au Soprano

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C'était l'une de ces pluies estivales, brèves et violentes, qui avait détrempé le sol créant de larges flaques sur lesquelles se reflétait l'épilepsie des néons colorés

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C'était l'une de ces pluies estivales, brèves et violentes, qui avait détrempé le sol créant de larges flaques sur lesquelles se reflétait l'épilepsie des néons colorés.

Liverport était devenue une destination très appréciée pour sa festivité, son ouverture d'esprit et son cadre de vie. Le centre-ville principal était assez proche de la côte pour que son ambiance sonore soit un doux mélange du bruit des vagues, des musiques des lieux de rencontres attenants et des conversations bruyantes que pouvaient produire les silhouettes venues faire la fête.

La ville était constituée de deux îles, dont la plus petite était un morceau qui s'était détaché à la suite de l'effondrement d'une falaise. Elle abritait aujourd'hui d'anciens entrepôts, témoins de son passé industriel, dissimulés parmi les arbres, à l'écart des villas modernes.

Derrière les apparences persistait néanmoins une facette sombre, uniquement connue des résidents à l'année, un fruit pourri dont l'arrière goût se matérialisait sous la forme d'un costume noir.

Au bout d'une route, entouré de terrains vagues parsemés de pelouse, un bâtiment en brique se distinguait par l'absence de fenêtres sur sa façade et son architecture rectangulaire, à l'opposé de la modernité fluide qu'on pouvait observer à peine un kilomètre plus loin. L'enseigne en néons rouges était la seule forme d'éclairage dans ce coin plus reculé et semblait clignoter alors que les gouttes de pluie saturées de poussière y laissaient la trace de leur passage. Les lettres illuminées disaient « SOPRANO ». Rien de plus. Personne n'avait besoin de plus. Tout le monde connaissait le Soprano.

Une Berline aux vitres teintées s'arrêta devant l'établissement. À son bord, cinq hommes, tous vêtus d'élégants pantalons et vestes noirs. Celui sur le siège passager, mince et élancé, soupira et ouvrit la portière pour sortir. Le conducteur jeta un œil dans le rétroviseur et coupa le contact. Sur la banquette arrière, assis au milieu en attendant de pouvoir descendre, celui aux cheveux noirs ébouriffés se perdit dans sa contemplation de l'enseigne dont le rouge teignit le fond de son œil. Il attrapa la main tendue pour l'aider et se laissa glisser sur le cuir pour s'extirper de l'habitacle.

L'entrée était encadrée par deux vigiles. L'un d'eux, celui avec quelques kilos en trop, ne dissimula pas sa surprise. Devant sa réaction attendue, l'homme élancé qui avait pris la tête du groupe le salua silencieusement et pénétra dans le bâtiment.

Celui aux cheveux noirs entra le dernier. Il n'avait plus mis les pieds ici depuis plusieurs années et n'était jamais venu à la nuit tombée. Ses yeux s'habituèrent à la lumière tamisée changeant délicatement de nuance ; plus orange, plus douce, plus discrète. Des spots rouges éclairaient les murs et les poutres en bois qui buvaient la lumière sans la restituer. Devant lui se déroulait le large escalier en bois sombre qui menait à un couloir ouvert comme un balcon sur la pièce. Le salon directement à gauche était occupé par des tables rondes et leurs tabourets, des banquettes rouges en U, une estrade et le bar à côté duquel se trouvait un deuxième escalier plus étroit.

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