32 | En morceaux

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Astrid remonta ses lunettes de soleil sur sa tête et resta un instant debout, face à l'océan. Le rouge et orange du ciel frappaient sur la surface calme de l'eau qui renvoyait leurs reflets chauds jusqu'à son visage. Elle savoura une bouffée d'air chargée en iode et se délia les épaules. Elle secoua ses mains le long de son corps et prit une dernière inspiration avant d'afficher son plus beau sourire. Elle pivota ensuite vers la passerelle et monta sur le yacht.

À l'avant, Esteban resta appuyé sur le bastingage, les yeux sur le même horizon qu'elle quelques secondes plus tôt. Il entendit le bruit de ses talons sur le pont de son bateau et la devina du coin de l'œil quand elle s'arrêta derrière son épaule.

­— Tu as passé une bonne journée ? Demanda-t-il.

Le visage d'Astrid se crispa et son sourire se déforma.

— Très bonne. Bien qu'elle aurait pu être meilleure...

Elle l'entoura de ses bras, se lovant contre lui. Esteban se redressa, un large sourire dévoilant ses dents. Il se tourna et l'enlaça en retour.

— Elle n'est pas encore terminée, dit-il.

L'amusement dans sa voix la rassura et elle émit un petit rire.

— Tu as apprécié la course ?

Elle hocha la tête.

— Oui, c'était pas mal. Oh, tu sais, j'y connais rien en voiture, mais Lou...

Astrid se figea, se mordant l'intérieur des joues.

— Enfin, bref, poursuivit-elle.

Esteban émit lui aussi un petit rire. Sa main glissa sur les côtes d'Astrid et remonta jusqu'à son cou et sa mâchoire comme une caresse. Il referma ses doigts et les verrouilla, emprisonnant son visage douloureusement. Astrid gémit et lui attrapa le poignet.

— Et ton petit-ami, il s'est bien amusé, lui ?

Le ton qu'il employa ne laissa planer aucun doute.

— Arrête, tu me fais mal...

Esteban souriait toujours. Il lui secoua la tête de droite à gauche, sa frange brune s'emmêlant dans ses cils.

— Hein ? Louka Soprano en a pensé quoi, de la victoire de sa sœur ?

— Arrête ! Cria Astrid.

Elle le repoussa de toutes ses forces et s'arracha à sa poigne. Elle recula, se tenant le visage, les sourcils froncés et la bouche tordue en une moue boudeuse.

— Tu sais, je pensais à quelque-chose en te voyant avec lui...

— Il n'a aucune importance...

— TA GUEULE.

Par réflexe, elle fit encore un pas en arrière et son dos heurta la poitrine de l'un des hommes de main d'Esteban.

— Je croyais que tu t'en fichais, dit-elle.

Sa voix vrilla alors que les larmes lui montaient aux yeux. Esteban perdit son sourire. Il inclina la tête sur le côté et son expression sembla presque écoeurée.

— Je n'aime pas être deuxième.

Il avança jusqu'à elle et attrapa à nouveau son visage, cette fois en posant sa main à plat sur sa bouche.

— Mais je sais partager, murmura-t-il en collant son front contre le sien.

Les larmes dévalèrent sur les joues d'Astrid, bloquées par la main d'Esteban dont les yeux écarquillés n'exprimaient plus que la folie.

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