44 | On enlève les masques, Partie 1

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Au bord de la piscine, chez Lino, un petit rassemblement s'était fait autour de lui.

— C'est Raphaël qui a abattu Esteban ?

Lino avala une gorgée de grenadine, laissant le goût sucré se répandre dans sa bouche, avant de poser son verre sur la petite table à côté de lui. Il acquiesça en silence.

— Cinq balles, précisa David, appuyé contre le mur en haussant les sourcils.

— Deux dans la tête, trois dans la poitrine... Une a traversé le tronc cérébral, l'autre le cœur. Il était mort avant de toucher le sol, détailla Lino, sa voix étrangement calme.

Il attrapa son verre et le fit pivoter doucement, écoutant les glaçons tinter contre les parois en verre, un son qui semblait résonner étrangement dans le silence de la pièce. Il porta de nouveau le verre à ses lèvres et prit une autre gorgée.

— Putain, il vise bien, l'enculé. T'as pas intérêt à lui casser les couilles, commenta Manuel avec un sourire narquois, arrachant un sourire similaire à Lino.

Lino hocha doucement la tête, pensif.

— Ça devait pas être son premier, lança l'un des hommes dans la pièce, brisant le court silence.

Les yeux de Lino quittèrent son verre pour se poser sur l'homme, une lueur de curiosité dans le regard.

— Qu'est-ce qui te fait dire ça ? demanda-t-il, son ton légèrement plus sérieux.

— Je veux dire... T'as vu comment il était calme ? répondit l'homme, un peu hésitant, conscient de l'attention qu'il attirait.

Lino le regarda un instant, puis un léger sourire s'étira sur ses lèvres.

— J'étais calme aussi. Je crois que ça s'appelle l'état de choc, plaisanta-t-il, adoucissant l'atmosphère tendue.

L'homme baissa les yeux, un peu gêné.

— Désolé, je ne voulais pas... commença-t-il à s'excuser.

Lino le coupa d'un geste de la main, indiquant qu'il n'y avait pas de problème.

Le silence retomba dans la pièce, chacun perdu dans ses pensées, le tintement des glaçons dans le verre de Lino comme seule ambiance.


Ce soir, un bal masqué était prévu au Soprano. La dernière soirée masquée, orchestrée par Ingrid, la mère de Louka et Calista, avait été un triomphe retentissant, remplie de mystère et d'élégance. Elle avait été célébrée comme l'un des événements les plus mémorables organisés au Soprano, et la pression était donc élevée pour que cette soirée soit à la hauteur.

Pour l'occasion, la fratrie avait commandé un supplément d'alcool, s'assurant que les bouteilles répondraient aux attentes élevées de la clientèle exigeante. Des masques avaient aussi été inclus dans la commande, prévoyant que certains clients ou garçons pourraient vouloir en changer au cours de la soirée, ou que de nouveaux arrivants se présenteraient sans déguisement.

Mais pour obtenir des tarifs plus avantageux, la commande avait été traitée par le biais d'un réseau illégal. Les conditions pour récupérer la marchandise étaient donc plus complexes : Louka et Calista devaient se rendre dans un entrepôt loin des regards indiscrets, avec le numéro de leur conteneur qu'ils avaient noté sur un bout de papier à présent manquant.

— Bon, ça suffit, lança Louka avec frustration en balayant les papiers d'un geste brusque. Ça fait des heures qu'on cherche ce numéro. C'est toi qui as voulu cette soirée, alors débrouille-toi toute seule maintenant.

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