22 | Un dernier verre

98 10 0
                                    

Louka s'était allongé dans le canapé du bureau, le bras replié derrière sa tête.

— Ça nous met mal.

Calista, assise sur la chaise, releva les yeux des écrans de surveillance qu'elle visionnait depuis plusieurs minutes. Elle n'avait pas encore réussi à isoler une image claire de l'homme qui avait torturé Raphaël sans que personne ne s'aperçoive de rien.

— Quand on arrive tout juste à récupérer un semblant de réputation...

Elle acquiesça d'un mouvement de tête avant de se replacer pour poursuivre son examen. Elle se pencha pour étudier une capture qu'elle venait de faire et son attention fut attirée par une bouteille posée entre deux écrans. Elle était entourée de papier noir avec une petite cordelette serrée au goulot. Elle haussa les épaules et l'attrapa pour la déballer.

— On t'a offert une bouteille de Whisky ?

Louka rouvrit les yeux et tourna la tête vers le bureau.

— Euh... ouais ? C'est peut-être un cadeau d'Astrid...

Calista attrapa un verre et prétendit n'avoir rien entendu. Elle prit une gorgée et revint quelques secondes en arrière sur l'homme juste au moment où il se levait pour monter avec Raphaël.

— Putain. Pourquoi j'ai l'impression qu'il sait exactement où sont les deux caméras ? À chaque fois qu'il pivote, c'est dans le sens où je vois rien !

Louka souffla. Lino passa la porte et resta appuyé sur la poignée.

— Comment ils vont ? Demanda-t-elle.

— Angoissés.

Il l'observa alors qu'elle faisait machinalement tourner sa main, remuant le liquide dans son verre.

— Tu veux boire un truc ?

— Non. Je montais juste dire bonne nuit. Enfin, pour le peu de nuit qu'il reste.

Ils le saluèrent et il disparut. Ils l'entendirent échanger quelques mots avec Jimmy puis le silence retomba. Louka se releva en frappant le canapé du plat de ses mains.

— J'suis claqué. Je mange un truc et je vais au lit.

Il s'approcha et l'embrassa sur la tempe, mais elle resta impassible. Il savait qu'elle était furieuse contre lui. Il n'insista pas et entra dans sa chambre. Il laissa la porte entrouverte et alla jusqu'à son petit salon-cuisine où il attrapa quelques tartines qu'il avait l'intention de griller. Il se frotta le visage en attendant qu'elles brunissent.

C'était ce genre d'événement qui avait fait fuir les clients. Personne ne voulait être associé à des gens qui aimaient éplucher vivants les pensionnaires. Lui-même ne voulait pas faire affaire avec ça.

Dans le bureau, il entendit le verre frapper le bureau avant de se fracasser par terre. Ses tartines remontèrent au même moment.

— Même si t'es énervée, t'es pas obligée de péter mes verres, souffla-t-il pour lui-même.

Quelque-chose d'autre heurta le sol et la chaise se claqua contre la bibliothèque juste derrière. Intrigué, Louka retourna sur ses pas pour revenir dans le bureau. En entrant, il ne vit pas Calista. Il s'approcha et aperçut les morceaux de verre et, de l'autre côté du bureau, il vit dépasser les jambes de sa sœur. Son cœur loupa un battement et il se jeta au sol.

— Cali !

Jimmy monta les escaliers deux à deux pour le rejoindre.

— Appelle les secours ! Je crois qu'elle respire plus.

LiverportOù les histoires vivent. Découvrez maintenant