Raphaël soupira. Après le petit-déjeuner, ils avaient rangé leur dortoir et s'étaient ensuite occupés du plus gros ; à savoir la lessive de toutes les literies et le nettoyage de chaque recoins des chambres.
Il avait rapidement eu besoin d'une pause. Il venait de passer une heure et demi enfermé dans une chambre sans fenêtre, éclairée par une ampoule qui ne diffusait presque aucune lumière. Il étouffait.
Quand il s'approcha de l'entrée, Jimmy lui lança un regard soupçonneux.
— Qu'est-ce que tu viens faire là ?
— J'en peux plus. Ça fait trois semaines que j'ai pas vu la lumière du jour autrement que par une fenêtre.
Jerry esquissa un sourire et hocha la tête. Jimmy resta de marbre.
— Et ?
— Est-ce que je peux sortir ? Trente secondes, pas plus. Je respire et je rentre.
— Non.
— Dix secondes ! C'est pas comme si je pouvais m'enfuir. Personne ne me laissera monter dans le bateau pour rejoindre le continent même si je vous mets une pointe en sprintant.
Jerry s'écarta de la porte et Jimmy leva un sourcil en le regardant.
— Trente secondes, dit le vigile en souriant et en repoussant Jimmy avec sa main.
Jerry était de loin le meilleur des vigiles. Toujours bienveillant et sympathique. Il dégageait une aura avenante et chacun d'entre eux savait qu'il pouvait s'exprimer librement auprès de lui sans être jugé. Raphaël n'aurait su lui être plus reconnaissant.
Il fit quelques pas le long du mur extérieur en briques, savourant chaque bouffée d'air. Il avait longtemps vécu dehors, mais il n'aurait jamais cru que ça lui manquerait un jour. Arrivé au bout du bâtiment, il s'appuya contre le mur, la tête en arrière, les yeux clos.
Lino s'imposa dans son esprit ; son regard fuyant, son demi sourire et surtout son silence. Il n'avait rien dit à Louka ou Calista à propos de ce qu'il s'était passé dans la cuisine. Raphaël se souvenait du contact de sa bouche sur sa peau, de la texture de ses cheveux entre ses doigts et de sa passivité.
Il rouvrit les yeux et sursauta, évacuant toutes ses pensées. Devant lui se dressait un homme qui le dépassait largement. Petite singularité, il portait un chapeau Fedora noir.
— Pardon, je ne voulais pas t'effrayer, dit-il d'une voix douce et basse.
Il se rapprocha encore un peu, ne se trouvant plus qu'à quelques centimètres.
— En fait, je cherche quelqu'un.
Raphaël hocha la tête.
— Quelqu'un qui a changé d'identité, poursuivit-il.
— Comment vous comptez le retrouver alors ?
— De la même façon que celle qui m'a amené ici.
Ses yeux marron le transpercèrent et il le sonda un instant.
— Et vous lui voulez quoi à cette personne ?
L'homme pencha la tête sur le côté. Raphaël lutta pour rester impassible.
— Tu tâtonnes dans l'éventualité où je voudrais lui faire du mal.
Il ne pouvait pas mentir, cet homme voyait clairement dans son jeu.
— Ça fait longtemps que vous cherchez cette personne ?
L'homme inclina la tête dans l'autre sens. Raphaël avait détourné la conversation grossièrement.
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Liverport
ActionEnrôlé de force dans une maison close, Raphaël est confronté à Lino, le mafieux captivant qui règne sur la ville de Liverport, île connue pour sa festivité et sa lascivité. Deux ans après la disparition de son père, Lino se trouve contraint de pren...