À mon réveil, les rayons du soleil envahissaient déjà la chambre et mon corps gardait des séquelles du lit. Sans prise de gueule, je me dirigeai sous la douche décrasser mes dents, prendre un bon bain, me vêtir et descendre au rez-de-chaussée. Une musique radiodiffusée adoucissait l'espace. Je trouvai Bertha devant l'évier en train de cuisiner, au rythme de la musique. Elle remuait son popotin tout en tournant le contenu d'une casserole avec une cuillère, et prenait le malin plaisir à faire des gestes brusques et imprévisibles : un coup de poing par ci, un coup de coude par là. Il ne manquait pas beaucoup pour qu'elle se mette à hurler comme une folle.Plongeant encore une fois dans le décor de la cuisine, mais avec plus de sang-froid, je remarquais que ces décorations distillaient la paix. Quels adultes peintureraient des montagnes sur les murs de sa cuisine ? Voilà bien un atout qui se perdait. Ça avait le mérite d'être vivant. Trop dévoué à sa "chorégraphie" j'ai été obligé de me racler la gorge pour signaler ma présence. Elle sursauta et se retourna dans un mouvement brut. Je m'excusai avec de belles paroles et fis en sorte de cacher ce rire qui enflait mes joues. « Mais vous dansez bien, très bien même. » J'en faisais trop. Elle me sourit et me proposa des omelettes au fromage. Les festivités d'hier soir avaient laissé des traces néanmoins, j'acceptai. Ça sentait trop bon pour ne pas attiser ma gourmandise.
Je profitai de la dégustation du plat pour la questionner sur cette parure attrayante.
— Ah ça, ce n'est que la passion d'une petite mamie qui voulait faire plaisir à ses petits-enfants.
— Vous êtes grand-mère ! Ça ne se voit pas, vous semblez si jeune.
Elle me demanda d'arrêter mes flatteries sous peine de représailles. Oups, grillé !
— En tout cas, c'est magnifique. Ce n'est pas donné à tout le monde d'avoir une cuisine comme ça.
— Si tu le dis.
Elle me fit savoir que son mari était parti faire sa tournée matinale dans sa bagnole : un de ses passe-temps favoris. Une fois le plat terminé, elle m'ordonna de patienter le temps qu'elle termine de faire un petit brin de rangement avant de passer à sa promesse. Dix minutes plus tard, je la suivais dans un petit couloir dont les murs agrippaient une multitude de photographies : pour la plupart, des photos de Bertha et d'Harry plus jeunes et plus radieux, accompagnés d'enfants dont les regards malicieux stipulaient un lien de parenté. Le couloir débouchait sur une pièce à la fois grande et petite. Elle était parfumée d'une agréable odeur de peinture fraîche et possédait une étrange force qui déclarait qu'on venait d'entrer dans un autre univers.
Grâce à ses trois fenêtres, et ses murs multicolores, la visibilité n'était pas en manque. Des dizaines de tableaux reposaient sur le sol, adossés aux murs, sur une table en bois, sur les pieds de cette table, bref partout. On remarquait deux étagères qui contenaient des seaux de peinture, des pinceaux de multiples dimensions. Des taches de peinture étaient fréquentes sur le sol. Le désordre régnait dans les lieux comme il pouvait régner dans la tête d'un fou.
— Bienvenue dans ma salle d'évasion, argua-t-elle en ouvrant les bras ? Contemple, mais ne touche pas.
— C'est magnifique, dis-je en m'arrêtant devant un tableau qui représentait un coucher de soleil.
Elle débita un maximum de données sur sa profession et sur sa carrière : 30 ans déjà. À ses dires, son nom apparaissait dans diverses grandes expositions et que oui, elle vivait de sa passion.
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À tout prix
RomanceTomber sur une folle amoureuse de votre beau sourire, de vos muscles saillants, de votre parfum et de tas d'autres détails, ça vous tente ? En-tout-cas, c'est ce qui arrive à Apollo Malcolm, en visitant l'Australie. Résultat : Il se réveille dans un...