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E.P

   Je sondai mes poches en espérant que mes clés y apparaîtraient comme par magie. Je fouillai ma mallette, retournai ma chambre en l'arpentant tel un rat dans une boîte. Trente minutes plus tard, cette fatigue qu'on éprouvait en recherchant quelque chose d'introuvable, émergeai en moi. Malgré l'aide de Bertha, les recherches ne donnèrent rien. « T'en fais pas, de toute façon, elle doit bien être planqué quelque part. On finira par la trouver. Viens te reposer un peu » disait-elle. Elle lançait parfois des petites piques sur la négligence et l'attitude "tête en l'air" des hommes. Autant vous dire qu'elle me décourageait aussi. Fatigué, je descendis au rez-de-chaussée pour me reposer sur le canapé. À côté, les yeux de Sarah agressaient l'écran d'un portable en silence. Quelques secondes, plus tard, elle s'adressa à moi, toujours les yeux rivés sur son écran.

— À cet instant, t'aurais dû être déjà loin.

   Pour toute réponse, j'émis un râle semblable à celle d'une bête et fermai les yeux.

— La chance n'a pas été avec toi.

   Un petit frisson parcourra mon corps, comme si un fantôme l'avait traversé. Voilà la deuxième fois que j'entendais ce mot sortir de sa bouche et ça ne me plaisait pas du tout. Mais pas du tout. Chance. La manière dont sa voix traînait me plantait des tas de mauvaises graines dans la tête.

— Tu entends quoi par là ?

   Elle jeta son portable près de sa jambe avant de réduire la distance entre nous. Elle mit une main sur ma cuisse et chuchota.

— Aussi inutile que cela puisse paraître, il y a toujours une raison pour tout. Du tout minuscules détails qu'on ne voit pas jusqu'à celle aussi grosse que le monde.

   Elle augmenta l'intensité de son regard. Délirant certes, mais ses yeux semblaient devenir de plus en plus colorés. Je trouvai du courage pour lui faire face. Elle rayonnait de beauté.

— Donc tu penses qu'il y a une raison à ma clé qui reste introuvable ?

— C'est peut-être un signe du destin qui dit que tu fais une grosse connerie. Où pour dire de prendre les choses en main.

   Je ne croyais pas au destin où tout ce qui s'y apparentait de loin ou de près. Car c'était une belle manière de créer son cocon de confort, et que trop de gens y croyaient. Chemin tout tracé ? Qui avait envie de vivre des aventures si ses choix n'étaient pas si spontanés que ce qu'il croyait ? En-tout-cas pas moi. Je préférais croire à l'avenir. Quand ce mot sonnait dans ma tête, je le voyais comme quelque chose de plus malléable, contrôlable. Penser que tout ce qui nous arrivait, les bonnes comme les mauvaises, était les conséquences de nos actes, m'apaisait. Autant vous dire que maintenant, ça me laissait un goût amer.

— Non, tu te trompes. Le destin, comme tu dis, n'a aucun rapport avec ça. La raison est logique, je ne suis pas parti parce que j'ai égaré ma clef. J'ai égaré ma clé à cause de ma négligence. Un point c'est tout.

À tout prixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant