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   Elle ria comme si c'était la blague de l'année. Je l'imitai tout en admirant sa beauté qui décuplait dans des états comme ça. Plaquant ses mains sur mon torse, elle effectua un petit massage, puis me dit :

— Je savais que tu étais un peureux.

   Elle ne me laissa pas le temps de protester, car ses lèvres dévoraient déjà les miennes avec plus de fougue que tout à l'heure. Quatre à cinq minutes plus tard, lorsque l'air commençait à nous faire défaut, nous nous jetâmes sur le lit pour nous dévisager. Plonger dans son regard était plus qu'agréable. Ça avait quelque chose d'apaisant. Ou tout simplement, j'étais trop fatigué pour ne pas apprécier ce moment de répit. Ses mains douces caressaient mes joues, mon nez, mes lèvres, mon cou...

— Tu vas toujours partir ? questionna-t-elle sans prévenir.

   Je murmurais plusieurs mots inaudibles avant de me rendre compte que j'ignorais la réponse. De la même manière que j'ignorais ce que je faisais dans cette pièce, coucher dans un lit à admirer cette femme. Dans cette impasse, je m'amenai à me poser l'ultime question. D'une certaine manière, mes gestes répondaient d'eux même. Je l'avais embrassé, sans la langue certes, mais en partageant des bonnes doses de baves. Tripoter ses fesses... Mais il existait tant de faussé entre les pensées et les actions...

   Je l'aimais ?

   Difficile d'être honnête avec soi-même lorsqu'on nageait en plein brouillard. Elle me rendait plus chaud que si j'étais au cœur du Sahara (n'ayant jamais mis les pieds là-bas, j'exagérais peut-être.) Et me mettait sur les nerfs.

— Je suis venu en Australie pour le découvrir, répondis-je en me rappelant sa question. Je ne crois pas que c'est possible en restant dans une chambre.

— Même si cette chambre à un petit coffre rempli de trésor qui n'attend que l'entrée d'une petite clé dans sa serrure.

— Ton humour est dégueulasse.

— Pas tant que ça.

   Elle frotta son genou dans mon entrejambe, m'obtenant un petit gémissement de plaisir. Cette femme était peut-être vierge, mais savait comment s'y prendre. Voulant masquer ma faiblesse au plus vite, je bloquai ses mouvements.

— Tu me réponds ?

— Oui.

   Elle mordit ses lèvres, ferma les yeux tandis qui son visage prenait un teint meurtri. Une main invisible saisit mes tripes et s'amusa à les compresser et à former des tresses. Ma réponse la choquait. Ça se voyait et se comprenait. Vous dîtes à quelqu'un que vous l'aimiez. Cette personne vous embrasse passionnément puis après, vous dit qu'il comptait se tirer. Ni vue ni connue. Il y avait de quoi me qualifier de salaud dans cette histoire. Et moi, je ne voulais pas être de cette catégorie.

   Je me devais de dire quelque chose qui lui remettrait ce sourire aux lèvres. Mais tout sauf :

— Tu peux m'accompagner si tu n'as rien d'autre à faire.

    Son visage s'illuminait en même temps que je comprenais que je m'enfonçais de plus en plus.

— Tu es sérieux ? Je peux... Je peux vraiment t'accompagner ? demanda-t-elle si rapidement que les mots se chevauchèrent.

   Bordel, ressaisis-toi Apollo. Mets fin à ce cirque pendant qu'il était encore temps.

   Malheureusement, je ne trouvai pas la force de briser cet excès de joie, cette vivacité qui brillait comme une étoile dans un ciel obscur.

— Oui.

   Le peu qu'il fallait pour qu'elle sautille de joie n'était pas beaucoup. Elle n'arrêtait pas de hocher la tête tandis qu'elle mordillait sa lèvre inférieure. Quand elle sentit qu'elle en faisait trop. Elle plaça son visage à quelques millimètres du mien et murmura.

— Pardonne mon attitude. Je ne suis tout simplement pas habituer à ces genres de sensations. C'est comme si mon cœur allait exploser.

— Ça l'est. Voyager seul est ennuyeux et ce sont les signaux que t'envoie ton corps pour te dire qu'il est vraiment content.

   Pas la peine de le dire à voix haute. Mon explication était bidon. Un corps content ? La faute au fuseau horaire. Il m'a débranché quelques neurones.

— D'accord, répondit-elle d'un ton peu convaincu. Et quand part-on ?

   Comme je baignais dans l'incertitude, je me résiliai à boire à grande bouffée. Après tout, cela mettait un peu d'épices dans mes vacances. Changez mes idées. J'étais venue ici pour ça, non ? Comme j'étais trop stupide pour le faire, pourquoi ne pas donner la chance à un autre de le faire à ma place ?

— Quand tu veux.

— Même tout de suite ?

— Peut-être un peu moins, mais si tu en as envie, bien sûr.

  Je suis devenu fou, mon Dieu. Je suis fou !

   Elle se mit sur ses pieds en moins de deux et me força à faire de même. Elle jugea mon costume du regard en affichant une tête « ouais, ça peut le faire. »

— Tu me permettras de t'offrir de nouveaux vêtements ? Ce n'est pas ce que tu portes ne te va pas, mais ça fait plutôt tenue de travail qu'autre chose.

   Si elle savait à quel point elle avait raison.

— Si ça peut te faire plaisir. Mais je ne crois pas que ma mallette pourra en prendre d'autres.

— On en achètera une nouvelle.

  Son enthousiaste finit par se déteindre sur moi. Oui, ce n'était peut-être pas une si mauvaise idée que ça.

— Et comment fait-on pour circuler ? Je te rappelle que j'ai égaré ma clé.

— On a qu'à utiliser la mienne.

— Et quitter la voiture ici. Tout en ayant égaré la clé ?

— On cherche la clé, on la trouve. Puis on laisse la voiture entre les mains d'Harry. De toute façon, ce n'est pas comme si l’on partait pour un mois.

   Tout sortant de sa bouche était d'une simplicité et complexité troublante. J'avais cherché durant une demi-heure, sans de résultats. Pourtant, lorsqu'on chercha quelques instants plus tard, elle finit par la trouver sous le lit.

À tout prixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant