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   Je ne tombai pas par terre, cependant, je m'étais mis à pisser du sang par le nez. La douleur me donnait envie de sauter comme un débile. Certes, cela ne calmerait rien, mais un coude dans le nez donnait des idées farfelues. Jennifer se confondit en excuses et moi, je cherchais l'endroit où poser mes fesses. Pitoyable, je retournai à ma table tandis que ma danseuse demandait du glaçon.

— Encore désolée, dit-elle en me plaquant du glaçon empilé dans du plastique sur le nez.

   Malgré la douleur, l'homme devait rester fort. Ce fut logique que je lui rassurasse que tout allait bien tandis que mes yeux menaçaient de pleurer.

— Laisse-moi voir, demanda-t-elle en approchant sa main vers mon nez.

    Qu'allait-elle faire ? Oh non, pas le truc du redressage du nez. Je me cambrais déjà en pressant le coussin de la chaise.

— Non, il n'est pas cassé.

   Ouf !

— Tu es une sacrée danseuse.

— Merci.

— Tu dois juste faire un peu attention à ton partenaire.

— Tu as raison.

  Le sang cessa de couler après quelque temps et la douleur se faisait oublier de temps en temps. Cependant, après avoir retrouvé une conversation normale avec Jennifer, je fus surpris lorsqu'elle me dit.

—  Tu sais, il faut que je me rachète.

— Oh, pas la peine. Ce n'est juste qu'une petite frappe de rien du tout.

— Qui a failli te casser le nez.

— Juste un peu.

— Je ne te demande pas ton avis.

   Après un long pourparler qui martelait ma fierté, je cédai. La fatigue me gagnait et je ne me sentais pas d'humeur à empêcher une femme de se faire pardonner.

*

   À l'opposé de toutes mes précédentes journées à l'hôtel, je me relevai avec l'esprit préoccupé et le nez en vrac. Maintenant que j'y pensais, je n'aurais pas dû accepter la proposition de Jennifer. L'idée de la revoir me faisait chaud au cœur, mais chaque fois que mon nez me lançait, je devenais pâle. Me levai vers 7 h 45, filai sous la douche, pris le plus grand soin à me laver avant de m'habiller. Je commençais à détester la tenue qui semblait être un uniforme. Je laissai la chambre aux environs de 8 h 10, pris l'ascenseur et descendis au rez-de-chaussée, dérivai un peu à l'arrière pour atterrir aux espaces de stationnement (où se trouvait pas mal de voitures) bien aérées. Je patientai peut-être, 15 à 20 minutes, quand un cri me fit tordre le cou.

   C'était Jennifer, une Jennifer qui avait  subi une métamorphose étonnante. La femme qui se tenait devant moi différait de celle que j'avais invitée hier soir. Elle pourrait une jaquette légère de couleur grise qui mettait en avant la rondeur de ses seins, un jogger de la même couleur dont le bas se terminait sur des baskets blanches. Elle portait aussi une casquette blanche de l'équipe de basket de sa ville.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle devant ma mine ébahie.

— Je te trouve... Sexy. Tout ce que tu portes te va à merveille.

À tout prixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant