Je m'étais attaché à l'odeur de poussière dans ma chambre. Au rayon de soleil qui réchauffait mes paupières le matin. Au sourire et au regard gai de Bertha qui me saluaient. À l'habitude bourdon d'Harry. Au silence. Et ce, en moins de deux jours. Mais je n'avais plus aucune excuse pour rester ici afin de savourer les journées qui s'écroulaient. Il fallait dire au revoir à tout ça. Ce mot me donna du courage. Comme disait la musique, ce n'est qu'un au revoir. De toute façon, j'allais revenir récupérer ma voiture...
Une chose était sûre, ces vacances me permettaient de voir quelque chose que j'ignorais ou oubliais. Je me liais facilement. Après la fac, un tempérament solitaire avait pris place dans mon quotidien sans comprendre la raison. Le silence me parut moins gênant et aborder des inconnus, une perte de temps. En dehors de ma vie professionnelle, mes contacts étaient rares. Les cocottes d'écurie ne comptaient pas. Les jours devinrent plus simples à vivre quoi qu'avec un côté répétitif. Jennifer, Harry, Bertha, Sarah. À ce rythme, je devais me faire du souci.
Je descendis au rez-de-chaussée en compagnie de Sarah. Elle avait insisté pour prendre un bain et changer d'habit. La chaleur, avait-elle prétexté. Elle portait maintenant une légère robe qui lui tombait au-dessus des genoux. Pour le grand plaisir de ma vue, ça présentait la rondeur de ses seins. Ses jambes paraissaient plus longues et son corps bien défini. Le fait qu'elle était une bombe vivante ne faisait que s'affirmer dans ma tête quand je tombais, malgré moi, sur des zones sensibles : comme ses fesses.
Nous trouvâmes Bertha dans le salon en train de lire un vieux journal. À notre approche, elle leva ses yeux avec toute l'interrogation qu'ils pouvaient tenir.
— Maintenant, c'est vous qui partez Sarah ? demanda-t-elle.
Cette dernière fit un geste déplacé en venant s'accrocher à l'un de mes bras.
— Je ne pars pas. Apollo m'a proposé de faire une petite tournée et j'ai accepté.
Bertha la dévisagea un bon moment avant de me regarder : ce qui ne me donnait plus envie de retirer les bras qui me pressaient. Malgré l'encre inquiète qui colorait ses yeux, je ne flanchai pas et dis.
— Oui, j'ai décidé de sortir prendre un peu d'air. J'en ai besoin. Mais avant, j'ai un petit service à vous demander.
— Quoi donc ?
— Je laisserai ma voiture ici, et j'aimerais bien qu'Harry y jette un œil de temps à autre.
Elle ouvrit la bouche, mais je la devançai en sortant la trousse de clé de ma poche. Elle la ferma aussitôt en me regardant avec attention. Son regard pesa sur ma main prisonnière ainsi que ma bouche quand j'y passai la langue à cause de la montée de température. Je perçus un petit sourire aux commissures de ses lèvres suivi d'un petit clin d'œil. Ce geste me fit voyager dans le temps. Me voilà redevenu lycéen qui tenait la main d'une beauté sous les regards de mes amis. Je lui rendis son sourire, en lui demandant si elle acceptait. Ce fut un oui immédiat.
— Merci bien. Et vous pensez que 200 dollars suffiraient ?
À peine ses mots sortis que notre regard complice cessa. Elle se leva en tirant sur son pyjama, et s'avança vers moi.
— Il faut que tu arrêtes avec tes manies de vouloir toujours proposer un prix. Comme je te l'ai déjà dit, il y a des choses qui ne s'achètent pas.
Elle déposa un regard lourd sur moi et Sarah. Cette dernière mit un peu plus de pression dans son contact. Avait-elle saisi un quelconque message ? Mon cœur entama un rythme fou qui faisait écho dans mes oreilles.
— Je sais, alors... Merci.
Elle hocha la tête, vint faire une petite bise à Sarah avant de me servir un câlin que je n'avais pas vu venir. Son corps doux me refroidit un court instant avant de partir en sens inverse. Quand elle me lâcha, je lui lançai un triste sourire malgré moi. Je devais l'avouer, Bertha me rappelait ma mère. Elle remémorait en moi les attentions maternelles qui me berçaient lorsque je croyais que les superhéros existaient.
— Vous en avez pour combien de temps ?
Chipant un peu d'air par justesse, je répondis la voix enjouée.
— Deux à trois jours, peut-être.
— Disons quatre, ajouta Sarah.
Mon regard interrogateur la prit de haut, mais elle se défendit en faisant une tête d'innocente à laquelle on ne pouvait pas résister. Je gonflai mon estomac d'une bouffée d'air frais, pris mes effets puis sortis de la maison. Le soleil me tapa dans l'œil et son message fut clair. Comme ça, tu n'as pas retenu la leçon. Tu comptes faire encore une petite promenade habillée comme ça ?
Ma future compagne de voyage me rejoignit plus tard.
— Bertha nous ordonne de nous amuser, clama-t-elle.
Je préférai me taire et attendis qu'elle ait ouvert la porte arrière de la voiture pour y jeter les bagages. Le rôle de chauffeur me revint de droit pour mon bon plaisir. J'avais bien envie de chevaucher ce monstre rose. Une fois installée, Sarah m'avait questionné sur notre destination. Et là, le sourire de quelqu'un qui me volait de la Barbe à papa revint dans mes pensées. Je frissonnais sur la signification de ce souvenir. Le poids de mon portable s'agrandit dans ma poche tandis que des tas de probabilités tambourinèrent dans mes pensées, parmi eux : et si je tombais à mon tour amoureux de cette femme.
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À tout prix
RomanceTomber sur une folle amoureuse de votre beau sourire, de vos muscles saillants, de votre parfum et de tas d'autres détails, ça vous tente ? En-tout-cas, c'est ce qui arrive à Apollo Malcolm, en visitant l'Australie. Résultat : Il se réveille dans un...