Après la douche, je m'attardai dans la salle de bain. Le miroir révéla une beauté insoupçonnée jusqu'alors. Pouvoir s'observer soi-même. Si seulement mon reflet pouvait me chuchoter quelque chose. Je ne me sentirais pas aussi perdu. Le temps s'échappa de ma tête, mais il fallait sortir de là.
Sarah m'attendait de pied ferme après la porte.
— Je suis une bonne fille ? Malgré la chaleur, je ne suis pas rentré pour venir te trouver, m'assomma-t-elle.
Je n'eus même pas l'envie de répondre. Et dans le silence qui s'invita en douce, je pensai à l'occasion parfaite de faire ce que j'avais à faire. L'honnêteté n'avait pas toujours été l'une de mes qualités, mais parfois, dans des situations inattendues, elle montrait le bout de son nez.
Oui, c'était la meilleure chose à faire.
— Écoute Sarah. Il faut mettre les choses au clair.
Ses yeux changèrent de registre, cependant, il fallait continuer.
— Ce qui se passe entre nous n'est pas sérieux ?
— Hein ?
— Tu sais bien qu'il va me falloir retourner dans mon pays, et toi dans le tien. Ce n'est qu'une aventure.
Elle mit du temps à comprendre. Et quand elle y arriva enfin, tout son corps le montrait. Des formes de sa bouche jusqu'aux doigts de ses orteils.
— Tu ne m'aimes pas, c'est ça ?
— Bien sûr que non. Le problème n'est pas toi, mais moi. Je ne suis pas prêt à m'engager dans une relation sérieuse.
Quoiqu'il y avait autre chose, ma réplique offrait une part de vérité. Et cela me satisfaisait. Je jubilais parce que j'avais trouvé le courage d'être sincère quand une gifle me surprit. Tel un éclair, rapide et sans bavure.
— Donc si je comprends bien, tu n'aspirais qu'à me baiser, s'emporta Sarah.
Me remettant de la gifle, je répondis.
— Bien sûr que non.
— Alors pourquoi me sors-tu ce baratin maintenant ? Espèce de salopard. Hein pourquoi ?
— Parce que je pense que tu mérites beaucoup mieux.
Elle se tut quelques instants. Quel spectacle de voir un être humain passer d'un extrême à un autre. Sarah s'approcha et se plaça sous mon menton.
— Mais moi, je m'en fiche de ce qui est mieux pour moi. Ce que je veux, c'est toi.
— Même si je suis un grand connard ?
— Tu... Tu ne l'es pas.
L'image de mon père en train de sourire sur une photo en compagnie de ma mère me monta à la tête.
— Mais je pourrais le devenir.
Je lui saisis les joues sur lesquelles coulaient deux petits ruisseaux. Je les effaçai avec toute la douceur qui me restait avant de l'embrasser.
— Je t'aime Sarah. Mais je ne crois pas que c'est l'idéal pour toi.
Elle s'écarta pour aller pleurnicher dans un coin. Toute tentative de consolation pourrait paraître pour un affront, alors je ne fis rien. Ce n'était pas très beau d'être consolé par son agresseur.
Je m'assis sur le canapé et respectai son moment de détresse en faisant le moins de gestes possible. Peut-être aurais-je dû aller me fermer dans l'autre côté de la chambre ? C'est ce que j'ai fait quand la scène se prolongeait. Lâche ? Bien sûr, vous ne la regardiez pas pleurer. Ça ne me laissait pas indifférent. Je restais cinq minutes à me questionner sur ce qui m'avait poussé à agir ainsi et si c'était la bonne décision. Tout le monde méritait une chance, alors pourquoi pas Sarah ? Pourquoi pas moi ? Toutes les relations du monde ne se terminaient peut-être pas de la même manière que celle de mes parents. Je n'allais pas laisser ce drame gâcher toute ma vie. Pourquoi ne pas instaurer le changement maintenant ? Une brise de courage me saisit les tripes et me fit rêver que je courais vers Sarah pour la demander de m'excuser, car je ne pensais pas un piètre mot de ce que je venais de dire. Mais ce serait un mensonge.
Cinq minutes passèrent encore avant que je ne retournasse dans le salon. Sarah reposait maintenant près de la table, deux verres de champagne devant elle. Ses yeux étaient rouges, mais aucune trace de larmes ne les trahissait. À mon approche, elle porta l'un des verres à sa bouche pour prendre une petite gorgée. Je m'assis en face d'elle.
— Est-ce que tu m'aimes au moins, demanda-t-elle après un laps de temps que je ne trouvais pas les mots ? Et dis-moi la vérité.
— ... Oui.
Elle m'offrit un sourire triste avant de me glisser l'autre verre.
— Me voilà ravi. Alors, trinquons au moins pour ces moments de joie qu'on a partagés ensemble.
Elle leva son verre pour trinquer et le but cul sec. Je l'imitai. Le goût fut un peu salé, mais ça me fit du bien.
— Tu sais Apo, reprit Sarah avec la voix plus assurée que tout à l'heure. La vie m'a appris beaucoup de choses. Parmi elles : pour avoir quelque chose que l'on n'a jamais eu... Il faut faire quelque chose que l'on n'a jamais fait.
— Ça veut dire quoi, faire quelque chose qu'on n’a jamais fait ?
Un sourire sarcastique apparut sur son visage. Elle me souriait souvent, mais c'était la première fois qu'elle m'en offrait un comme ça. Un pur mélange de rage et de joie. Une rage de joie ?
— Pas-grand-chose. Mais tu n'aurais pas dû vider tout le verre d'un coup. Tu as accéléré le processus. L'avarice est un vilain défaut, n’est-ce pas ?
— Qu'est-ce que tu racontes ?
Comme si ma tête n'attendait que cela, je sentis un léger tournis qui accéléra au fil des secondes. Portant mon attention sur le verre, je tendis la main pour le prendre, mais sa lourdeur me surprit. Mes yeux se couvrirent d'un brouillard épais, à moins que ce ne soit des larmes.
— Il... Il y av...ait quoi dans ce verre ?
— Aucune importance. Un conseil, appuie-toi sur la table pour ne pas te cogner en tombant.
Je fis ce qu'elle me conseilla avant de tomber dans quelque chose qui s'apparentait au sommeil ou à la mort. Et puis, plus tard, je me réveillais dans une chambre miteuse, les bras menottés et la tête engourdie.
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À tout prix
RomantiekTomber sur une folle amoureuse de votre beau sourire, de vos muscles saillants, de votre parfum et de tas d'autres détails, ça vous tente ? En-tout-cas, c'est ce qui arrive à Apollo Malcolm, en visitant l'Australie. Résultat : Il se réveille dans un...