E.P
Elle s'appelait Sarah Milner. Pas Muller, mais Milner. Après avoir échangé nos noms, elle me sourit pour me laisser admirer ses dents parfaites qui auraient bien pu m'aveugler. Bertha débarqua quelques secondes plus tard, visiblement exaspérée par l'appel assourdissant de son mari. Mais dès qu'elle remarqua Sarah dans son dos, elle mit un masque très enjoué sur son visage. Je serrai les dents à ce constat. La jalousie, peut-être.— Qu'y a-t-il, mon chéri ?
— Nous avons une nouvelle... cliente.
— Tu m'en vois ravie. Dit-elle enfin. Elle tendit la main à Sarah qui la serra. Bertha.
— Sarah Milner, enchantée de vous rencontrer.
— Fait comme chez toi Sarah, dit-elle en me faisant enfler sans s'en rendre compte.
Elle échangea quelques banalités que deux inconnus pouvaient échanger avant de se sauver vers ses taches, tout en m'ordonnant d'aider à porter les bagages. Le ton utilisé ressemblait beaucoup à celle des professeurs qui s'adressaient à leur pire élève. Pourquoi moi ? Eus-je, envie de répliquer. Mais je n'aurais eu qu'une réponse vieille comme le monde : la galanterie. Peut-être que si j'avais refusé, tout aurait pu être différent. J'avais bien une théorie qui me tourmentait les neurones. En fait, je croyais dur comme fer que les décisions aussi simples et soient-elles, amenaient à prendre une direction précise. Le fait de se lever à 5 h 02 et pas à 01, de prendre une douche chaude ou de manger une pomme au lieu d'une banane. Mais bon, les bonnes manières imposées par la société voulaient que l'homme agisse ainsi.
J'écartai d'un bras bienveillant Harry pour lui prendre les bagages et attendis qu'il monte en compagnie de sa cliente pour lui emboîter le pas. Grâce à mon environnement de travail, je pouvais reconnaître sans trop grand effort une femme avec les moyens qui permettaient de s'offrir la dernière valise à la mode. Elle portait un magnifique collier, une belle valise et une peau trop parfaite pour ne pas être le résultat de multiple engraissage de produit de beauté.
Je me ferais bien le plaisir de déguster son expression quand elle découvrira la chambre merdique et poussiéreuse qui l'attendait à l'étage. Je suivis son parfum qui picotait mes narines et attendit avec impatience que Harry finisse par ouvrir cette fichue porte au lieu de faire la bebelle. La même odeur de concentré de popoussièrmillenium dansa dans mes narines et devait sûrement, gigoter dans celle de Sarah. Quelque chose me disait qu'elle avait un nez pointilleux. Où ce n'était que préjugé. En tout cas, elle porta le dos de sa main sous son nez et contempla par des allers et retours la pièce un poil plus grande que la mienne.
Malgré son aspect de chambre mortuaire, elle possédait cette marque invisible qui disait de quel sexe était son ancien propriétaire. De vieilles affiches de stars de cinéma ou de musique étaient plaquées sur le mur dont la couleur blanche n'aidait pas à masquer la saleté. Une petite armoire branlait paresseusement dans un angle de la chambre et côtoyait le seul meuble qui était en état. Un lit de deux places protégé par du papier plastique de la tête au pied. Je m'attendais à la réaction que Harry m'avait offerte lorsque je découvrais le tas de saleté que je payais. Genre le visage qui disait : « T'en fais pas, tu vas t'y faire. C'est promis. » Autant vous dire mon dédain quand il lança d'une voix fluette.
— Pardonnez-nous pour la poussière et les autres papettes. Cette chambre n'a pas reçu de visite depuis quelque temps.
— Je comprends, ne vous en faites pas pour ça, répondit la jeune femme.
Malgré sa phrase, son visage était marqué d'un dégoût visible comme le bout du nez. Quand elle remarqua mon regard insistant, elle plaqua un sourire à ses lèvres comme si elle avait oublié de le faire. Harry, qui n'attendait que ça, secoua dangereusement la tête, lui souhaita un bon... séjour, et s'en alla. Je me rendis compte que je n'avais toujours pas déposé les bagages et détaché mes yeux de ce corps qui transpirait la perfection. Une perfection immense. Je déposai tranquillement les encombrements tandis que Sarah passait un doigt sur l'armoire et prit la route de la sortie. Quand j'arrivai au niveau de l'encadrement de la porte, une main invisible me força à jeter un autre regard sur cette nouvelle. Munis du parfait habit pour un défilé de mode, mes yeux plongèrent encore une fois dans cet océan vert.Elle me sourit encore une fois, de manière plus coquine cette fois. (Ou ce n'était que dans ma tête.)
Les minutes qui suivirent l'entrée en scène de ce personnage se passèrent dans la béatitude la plus complète avec un Harry silencieux comme une tombe. Quelques minutes seulement après son arrivée, Sarah descendit et demanda un aspirateur. Apparemment, elle comptait réduire l'importante couche de poussière qui était sur le sol. Bertha refusa à la première tentative, stipulant que ce serait honteux pour elle de laisser une invitée s'adonner à une tâche pareille. Mais je pouvais lire dans ses yeux une petite lueur d'admiration devant de tel soin. Et quand elle céda quelques secondes plus tard, son regard était rempli de reproche sur moi à mon égard. Quoi ? Ce n'était pas comme si j'aurais dû nettoyer ma chambre avant de dormir ? J'étais fatiguée. Et puis j'avais beaucoup trop de problèmes pour faire du ménage l'une de mes priorités.Je ne pouvais m'empêcher de penser que quelque chose ne cadrait pas avec ce décor. Elle avait toutes les caractéristiques de quelqu'un qui ne s'adonnait pas à ces genres de détails. Et Dieu sait que je connaissais ces genres de caractéristiques. Parmi l'une des plus banales : être riche. Piqué au vif, je sortis de la maison quand je l'imaginais livrant les premiers coups d'aspirateur sur le sol terreux. Je balayai du regard l'avant de la maison et aperçu devant le garage, une magnifique voiture qui pouvait attiser la jalousie de votre voisin qui se plaignait de sa vieille bagnole depuis sept ans déjà. Une grande Hammer trônait royalement sur ses grosses roues. Outre sa resplendissante et son confort que j'imaginais, ce qui me tapa à l'œil fut l'étrange couleur rose qui reposait sur ses parois métalliques. Malgré la popularité de cette couleur auprès de la gent féminine, il était rare de les voir l'afficher sur leur voiture. C'était bien une voiture pour laquelle il fallait avoir le bras long pour la rouler. Mes suppositions se retrouvèrent fondées et ma curiosité n'en augmenta que davantage.
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À tout prix
RomanceTomber sur une folle amoureuse de votre beau sourire, de vos muscles saillants, de votre parfum et de tas d'autres détails, ça vous tente ? En-tout-cas, c'est ce qui arrive à Apollo Malcolm, en visitant l'Australie. Résultat : Il se réveille dans un...