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   Un faux sourire déformait mes lèvres tandis que je perdais mes doigts dans ses cheveux. Je n'ouvris pas la bouche, car les mots qui pourraient sortir me faisaient peur. Expliquer mon point de vue par des charabias restait une option envisageable, cependant... Ce n'était pas aussi simple que ça. On ne pouvait pas aimer quelqu'un que l'on venait à peine de rencontrer ! Comme mon père et ma mère... Impossible de nier aussi que je ressentais quelque chose d'unique en sa compagnie. Je me sentais "partagé". Ce qualificatif semblait inadapté, mais c'était le mot le plus habile de mon vocabulaire à décrire ce que j'éprouvais. Mes doigts glissèrent au creux de son cou pour la caresser. Mais elle ne piqua pas à mon passe-temps pour reporter l'inévitable.

— Je crois bien que... oui.

   Ajouter "malheureusement" me tentait, mais le mot resta coincé au fond de ma gorge. Je n'avais pas peur. Enfin pas trop. Mon cœur opta pour un rythme cinglé. Des chatouillis de la tête aux pieds. Des démangeaisons que provoquait le silence dans mon estomac, des respirations saccadées, la chair de poule... Sarah saisit ma main qui s'aventurait au-dessous de son menton pour y déposer un baiser. Elle la plaqua ensuite sur sa joue froide et la frotta comme on le ferait du savon. Cela dura plus d'une minute. C'était bizarre, mais son côté joueur m'hypnotisa.

— Tu ne sais pas à quel point cette phrase me fait du bien, Apo.

— Je t'ai bien dit de ne plus m'appeler comme ça.

— Comme tu veux Apo.

   Elle s'assit en califourchon sur moi. Mes tentatives de rester calme et de contrôler mes pulsions étaient vaines. Je sentais chaque détail de ses fesses sur mon membre qui grossissait. Quand il fut impossible que mes jambes puissent cacher un tel monstre, Sarah m'offrit un rictus bourré de malice. Elle se pencha et murmura.

— Tu me désires autant que ça.

   Elle ondula ses hanches. Sur le coup, je jetai un coup d'œil autour de moi et vis une vieille dame qui se promenait un peu plus loin. Si elle tombait sur nous, elle y laisserait sa prothèse de dent.

— Arrête, il y a des gens qui nous regardent.

— On s'en fout. On s'aime.

   Elle plongea comme un bulldozer sur ma bouche et me la dévora avec maladresse. Menaçant de me couper la langue, nos dents s'entrechoquaient et elle ratait quelques réceptions. Mais pas grave, vu le plaisir que cela me procurait. La vieille dame passa au dernier plan. Non, à vrai dire, elle disparut de mes pensées. Et puis la nuit commençait à nous cacher.

   Je répondis avec autant de rage qu'elle, avant d'être un peu plus entreprenant. Mes doigts agrippèrent ses fesses pour découvrir ses formes. Dommage que je ne pouvais pas voir les petits détails qui les formaient. Petit baiser par petit baiser, je jouais avec ses nerfs. Cela l'énerva et elle finit par attraper ma tête pour la plaquer sur ses seins tandis qu'elle poussait un soupir de plaisir. Ils durcissaient de plus en plus à chaque coup de langue. Je la renversai sur le sable pour m'attaquer à toutes les parties de son corps. Toutes.

— Je te veux. Là, maintenant, gémit-elle.

   J'eus un petit sursaut en comprenant que moi aussi, je la voulais. Je dirigeai mes doigts un peu plus bas en sentant le désir envahir chacun de ses muscles. Elle devenait raide, puis molle, dansait un peu de tango puis changeait sur du classique. J'introduis l'un de mes doigts en dessous de sa culotte pour jouer avec son clitoris. Un soupir de sa part m'ordonna de continuer. « La bonne voie. » Sarah parcourra ses mains sur tout mon corps, mais finit par trouver le chemin qui le menait à ce qu'elle désirait. Elle entreprit une petite caresse le long de mon membre à travers le tissu. Pour ensuite augmenter la pression : insoutenable. À cette allure, je n'irais pas loin.

— Je te veux, réitéra Sarah.

— Moi aussi, je te veux.

   Joignant les gestes à la parole, je lui écartai les jambes. Le froid remplissait mes pores pourtant, mon corps était fiévreux de désir. Je me penchai sur elle pour la protéger et pour sentir ses seins durcis sur mon torse. Son souffle chaud vint s'empiffrer dans mes oreilles tandis qu'elle me chuchota de faire ce qu'il fallait pour mettre fin à ce supplice. Elle m'ordonnait de la crever, car sa chatte n'attendait que ça. Ses mots me sortirent complètement de mes gonds. Avec une bestialité insoupçonnée, je m'introduis en elle tandis que ses cris embrassaient douleur et plaisir.

*

   Aucune de mes nuits en Australie n'avait été aussi éprouvante. Mes sens s'alarmaient et tous mes membres me jouaient des tours. Sarah se révéla d'un appétit insatiable.

   Après la scène au bord de la plage, on se rhabilla pour rentrer à l'hôtel. La mélodie de la mer apaisait, mais la température nous gelait toute envie de continuer à assister au concert. La porte claqua à peine qu'elle se jetât sur moi. J'ai failli tomber sous l'effet de la surprise, mais un mur m'affermit et me permit de supporter son poids. Après un lavage de gueule mémorable, elle s'était accroupie, et pas la peine de vous faire un dessin. Je fus soulagé lorsqu'elle prit la direction du lit. Fatigué comme j'étais, toute lueur de repos me donnait de la joie. Néanmoins, Sarah avait toutes les idées du monde sauf celle de se reposer.

   Quand on eut terminé et qu'elle se perdit dans mes bras pour dormir, je ne trouvai pas la clé pour faire de même. Ma surprise la rendait introuvable.

   Bordel de merde ! Elle était vraiment vierge.

À tout prixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant