26

197 11 16
                                    

E

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

E.A

   L'après-midi mourut dans une léthargie profonde. Une réalité faite de rêve et de cauchemar. Suite à sa crise de nerfs, Sarah abandonna toute tentative d'action tordue, de réplique tordue, de coup d'œil tordu, bref... Elle me permit de me divertir devant un film d'action de Will Smith, me donna de quoi me goinfrer. J'étais même arrivé à piquer un petit somme. Si cela ne paraissait pas inconcevable, on pourrait dire qu'elle boudait contre moi . Moi qui  n'avais jamais demandé à être son otage d'amour. Certes, au moins je pouvais me détendre. D'une certaine manière, je vivais une fiction que tout homme aimerait vivre. Je m'étais fait enlever par une magnifique bombe, vierge et qui révélait un appétit excessif pour tout ce qui touchait au sexe. Elle me nourrissait, me baignait, me faisait jouir...

   Mais je redoutais le temps que ça allait durer. Je n'étais ici que quelques jours, mais l'épuisement me frappait déjà. Et cette crainte constante qu'elle m'inspirait. La violence ne représentait pas une option pour moi, mais qui me disait qu'elle pensait comme moi. La meilleure solution serait de filer en douce. Prendre mes jambes à mon cou tandis qu'elle dormait. Cependant, aucun point de sortie ne se révélait à moi. Mes yeux tombèrent plusieurs fois sur la porte et de la boîte métallique avant de me lever et de me diriger vers elle.

   Les yeux de Sarah m'accompagnèrent durant toute la route et pétillèrent de bonheur quand ils remarquèrent ma déception. C'était un appareil pour saisir un code.

— Tu veux aller faire un tour, demanda-t-elle avec une touche de moquerie.

— Ce serait sympa.

   Elle sembla me dire de continuer de rêver. La menace était peut-être plus grande de ce qu'elle en avait l'air. C'est avec ces pensées moroses que les ténèbres apparurent et que Sarah m'emmena dans la chambre de mon réveil en enfer.

   Grande surprise, je dormis comme un bébé. Par intermittence certes, mais la nuit arriva à ranimer mon côté diplomatique. Malgré le froid du métal à mes poignets qui me rappelait ma situation, une flamme dansa en moi. Après tout, j'étais avocat. Je pouvais user de mon expérience pour convaincre Sarah de l'imbécillité de son action.

   Dès l'entrée des premiers rayons de soleil à travers la petite fenêtre de la chambre, elle apparut derrière la porte.

   Jugeant que ce serait un peu trop tôt de partir à l'attaque, je me laissai traîner à la salle de bain pour me brosser les dents et faire une petite toilette. Cette fois-ci, elle me laissa me débrouiller tout seul. Ou préféra rester à côté de moi pour me sourire à travers le miroir. Voulant mettre de bonnes bases pour la journée qui s'annonçait, je lui renvoyais son sourire en faisant exprès de laisser couler le liquide pâteux dans un coin de ma bouche. Dégueulasse...

   Tandis qu'elle me conseillait, ou m'ordonnait de prendre un peu de bain de bouche, elle me demanda comment avait été ma nuit et tous les autres trucs encombrants qui marchaient avec. « Pas trop mal. Mais si je ne dormais pas avec ses menottes, cela aurait pu être mieux. », avais-je répondu.

   Au détriment de toute logique, elle se mit à rire avant de m'enlacer.

   Après ce petit décrassage, elle me fit asseoir devant la table de cuisine pour me montrer ses talents culinaires. Un pot rempli de couteau à côté de moi. Sonné et luttant contre toute envie meurtrière, je la conseillai de le retirer à côté de moi.

— Oh, comme tu es chou, largua-t-elle en me pinçant la joue. Mais tu sais, je te fais confiance. Je sais que tu n'oserais jamais me faire du mal. Alors, ils peuvent rester là.

   Par précaution, j'éloignai le pot de quelques centimètres.

   À sa façon de réfléchir à chaque geste, je compris qu'elle n'avait pas l'habitude de cuisiner. Ce qui me faisait redouter la conclusion. Je ne sus jamais ce qu'elle avait en tête, car elle avait fini par abandonner et me servir des tranches de pain couvert de fromage ainsi qu'un verre de jus d'orange. Tout en gardant le sourire bien sûr.

— Alors, c'est comment ? demanda-t-elle quand j'avalai la dernière tranche.

— Délicieux, mais ne me demande pas ça comme si tu as fait quelque chose d'énorme.

   Elle gonfla les joues.

— C'est quand même moi qui ai mis le fromage. Bon, trêve de bavardage, je vais te montrer ma chambre.

   Sa chambre était derrière la dernière porte du couloir qui donnait sur la douche. Contrairement à la mienne, elle se distinguait de sa superficie, de ce grand lit moelleux couvert d'oreiller en coton, de sa propreté et de sa décoration terne. Sarah, comme à son habitude, s'envola sur le lit pour faire des gestes qu'on ferait dans la neige. Je la dévisageai d'un œil perplexe avant de m'asseoir avec toute ma crainte aux fesses. Un lit comme ça ne pouvait pas signifier beaucoup de choses. Elle avait peut-être envie de satisfaire ses pulsions.

   En pensant à ce qui pourrait découler, aucune envie ne s'agita dans mes...  Maintenant que je me mettais à douter, une de ses répliques revint dans les brides de ma mémoire.

   Avoir un bébé ne serait pas une mauvaise chose.

   Je lâchai un petit rire pour évacuer tout le doute et la peur sous ses yeux contemplatifs. Le résultat ne fut pas à la hauteur, car mon corps prit du volume et devint plus lourd.

    Sarah me questionna sur la beauté de sa chambre et je lâchai quelques mots incohérents. Toute ma concentration fut dévouée à savoir quand entamer les pourparlers. Dès maintenant où un peu plus tard, quand les ardeurs de madame seront calmées ? Néanmoins, je ne pus réfléchir longtemps. Dès que je sentis ses pieds moites qui me caressaient le dos, mon automatisme prit le dessus.

— Il faut qu'on parle, Sarah. Sérieusement.

    Elle continua son geste, me disant en sous-entendu qu'elle ne me prêtait aucune attention. Je me retournai pour la regarder avec un air mi fâcher, mi-sérieux.

— Tu vas me garder pour combien de temps ici ? questionnai-je en saisissant l'une de ses chevilles.

— Le temps qu'il faudra mon chou.

À tout prixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant