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      Lorsque Sarah réapparut, la nuit déposait ses griffes sur le ciel et mes tripes s'agitaient dans mon ventre

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   Lorsque Sarah réapparut, la nuit déposait ses griffes sur le ciel et mes tripes s'agitaient dans mon ventre. Elle m'emmena à la salle de bains et durant le trajet, je remarquai des tas de bougies et des pétales de roses qui décoraient le sol du salon. Qu'est-ce qu'elle trafiquait ? Elle me laissa le soin de me nettoyer. Bien sûr, la menotte ne rendait pas la tâche facile. Entre deux coups de savon, je me rendis compte que mon hygiène dentaire laissait à désirer. Toutefois, mon côté machiavélique se réjouit de ce constat : au moins, Sarah en aurait pour son compte si elle essayait de m'embrasser. Il ne fallait quand même pas abuser. L'haleine restait quelque chose d'important.

   Une fois ma douche terminée, mon hôte me jugea avec des yeux enflammés avant de murmurer que ça allait le faire. Plus étrange, elle m'enferma à nouveau dans la chambre crasseuse en me donnant du parfum, et en m'enlevant les menottes afin de pouvoir m'habiller toute seule. « Je veux être surprise. » Expliqua-t-elle. Embarrassé par la situation, je demandai à Jennifer de se retourner pour le respect de mon intimité. Mais elle ne broncha pas d'un poil. Je n'eus d'autre choix que de la laisser voir la couleur de mes fesses. J'enfilai sans joie mon costume et la montre à dix mille balles. Une fois n'étant pas coutume, je m'inondai avec le parfum, espérant que cela repousserait Sarah. Jennifer m'observait, mais je n'avais pas la tête pour une quelconque remarque hilarante. Quarante-six minutes passèrent avant que la porte ne daigne se bouger encore une fois. Une odeur digne du paradis vint s'ajouter à la mienne. Elle se démarquait toutefois de la mienne avec grâce et légèreté.

   Sarah avait mis le paquet. Elle était jolie à faire demander si mon kidnapping n'était pas une bénédiction. Elle portait une robe rouge moulante, qui laissait entrevoir une bonne partie de ses seins laiteux. Ses cheveux se déposaient en boucle sur ses épaules. Grâce à ses talons aiguilles, elle pouvait me regarder sans lever la tête et c'était inquiétant.

— Ouah, Apollo, tu es magnifique, complimenta-t-elle tandis que ma voix se perdait.

   Je lui répondis par le strict minimum, c'est-à-dire : " merci, toi aussi " avant qu'elle me saisisse par le bras et fermer la porte à clé sur une Jennifer plus que contrariée. Quand je parvins à la cuisine, l'obscurité adoucit par la lumière des bougies, nous accueillit. Ils s'alignaient de manière à marquer un sentier fait de pétales de rose qui se terminait aux pieds d'une table, au beau milieu du salon. Une scène romantique. Émerveillé par tant de beauté, je me laissai guider en marchant sur les pétales pour m'asseoir sur une chaise tirée par Sarah. Je me sentais bête à me faire traiter comme une femme, mais je devais aussi avouer que j'en ressentais de la fierté. De la fierté d'être désirée par une folle ! Cette pensée me fit vite revenir sur terre.

— Alors, ça te plaît ? demanda Sarah en prenant place à l'autre bout de la table.

   Je pris le soin de regarder encore une fois ce qui m'entourait avant de répondre entre les chandelles.

— Ouais, mais si j'étais toi, je serais allé mollo sur les bougies.

— Tu as raison, j'ai été obligé d'acheter des tonnes, mais ce n'est rien. Des choses spéciales pour un soir spécial.

   Je soupirai, mis mes mains sur la table avant de demander.

— Et qu'est-ce qu'il a de si spécial cette soirée ?

— Ne sois pas aussi impatient. Profite !

   Elle m'ordonna de me servir. Les plats sur la table m'importaient peu, même leur odeur ne faisait rien à mon odorat. Pourtant, ils semblaient appétissants. Du riz aux carottes hachées, de la viande de conserve réchauffée, des brocolis... Mon attention se porta sur la bouteille de vin. Je saisis un verre, versai le liquide rouge en prenant plaisir d'écouter le bruit, contournai le verre avec mes doigts, puis avalai quelques gorgées. Une fois mon prétexte de ne pas manger avaler, je n'eus d'autre choix que de commencer à déguster mon plat en faisant le moins de bruit possible. Les douces lumières des chandelles n’éclairaient qu'à moitié mes mouvements et celui de Sarah. Tant mieux, comme ça, elle pouvait imaginer des traits de plaisir sur ma face. La nourriture n'avait rien de spécial, mais on ne pouvait rien lui reprocher non plus. Normal, ce n'était pas trop compliqué de chauffer de la nourriture pour les assembler dans une assiette de manière esthétique. Cela ne m'empêcha pas de lancer un petit compliment quand j'eus terminé mon assiette.

— Merci, on trouve de tout sur YouTube.

   Elle se leva pour récupérer une télécommande. Une musique s'éleva dans un appareil caché dans l'obscurité. Sarah vint à mes côtés pour me chuchoter de lui accorder une danse. Comme si j'avais le choix. Elle ne me libéra pas de mes menottes et vint mettre sa tête entre mes deux bras. Peu recommandée comme position de danse. Sarah entoura mes hanches pour m'aligner à son rythme.

— Alors, tu en penses quoi de cette soirée ? entama-t-elle ses yeux dans les miens.

— Pour être tout à fait honnête, j'en pense rien.

— Es-tu toujours aussi râleur ?

—Juste quand on me fait prisonnier.

   À travers la douce pénombre, je devinai ses joues qui gonflaient. Une véritable gamine.

— C'est comme ça quand on aime. On s'attache et ça devint notre prison.

   Ses mots ne possédaient aucune saveur et la musique en arrière-plan ne les améliorait pas. Ma concentration préféra la douceur de ses cheveux, la fragilité apparente de son cœur, l'agréable parfum qui l'enveloppait. On se balança, encore et encore jusqu'à parvenir à prendre du plaisir par nos contacts intimes. La musique gardait toujours le même tempo et amplifiait en quelque sorte toute la magie de cette scène.

— Dis-moi, tu ne t'es jamais imaginé avec quelqu'un que tu aimes dans un monde rien qu'à toi ? demanda-t-elle en passant quelques doigts sur mon front.

À tout prixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant