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   Elle entreprit une démarche féline en mimant toute sorte d'expressions chauffantes.

— Alors, tu me trouves comment ? demanda-t-elle, en se mettant sur mon ventre.

— Magnifique.

Elle attrapa mes lèvres, lécha mon cou, suça mes tétons, enfonça sa langue chaude dans mon nombril, et s'arrêta au niveau de mes cuisses. Elle examina cette bosse qui prenait du volume avant de la croquer. Cela me surprit à un point que je criai.

   Elle savait ce que je traficotais et avait décidé de me faire payer d'une manière atroce. Arracher mon pénis avec ses dents. J'exagérais. Elle ne m'avait que mordillé. Ses dents taquinaient ma chair enflant. Ça devenait un vrai supplice. Je n'en pouvais plus. C'est alors qu'elle baissa mon boxer et sourit à la vue de l'effet qu'elle me faisait. Ses doigts pressèrent le long de ma tige, avant de la planter dans sa bouche pour me faire une pipe. La chaleur et l'humidité que j'y trouvai me tirèrent un soupir. Impossible de dire combien de temps on resta comme ça. La seule chose que je savais était que c'était trop bon et qu'il ne fallait pas crier pour ne pas alerter Jennifer. La tentation m'emportait. Comment jeter une bombe pareille ? Bien sûr, sa folie laissait à désirer, mais elle compensait par ses soins sexuels. Mes yeux descendirent sur les cheveux de Sarah qui dissimulaient son visage. Mes doigts les caressèrent. Quelle douceur !

   Sans attendre, elle s'arrêta pour venir s'asseoir à califourchon sur moi. Elle ne dit aucun mot, mais ses yeux reflétaient toutes ses pensées. Je voyais de la satisfaction, du plaisir, du bonheur et un peu de tout ce qu'on devait éprouver lorsqu'on couchait avec quelqu'un qu'on aimait. La culpabilité m'assommait. Je détournai mon regard sur la porte d'entrer et pensai avec toutes mes forces sur les raisons qui me forçaient à agir comme un con. Cependant, Sarah ne m'aidait pas en me faisant la pénétrer.

   Pour faire court, on baisa comme baisaient des amoureux ayant le temps suspendu à leurs lèvres. C'est-à-dire, en savourant chaque coup de reins, chaque regard, chaque toucher, chaque saveur. À la fin de nos ébats, mon corps suait de partout. Sarah s'était trouvé une place sur mon épaule et m'enlaçait avec ses bras fins, l'éclat de joie inscrit sur sa face. Elle lâcha bon nombre de phrases plus ou moins cohérentes en me caressant. Moi, je restais muet, et fixais un point imaginaire tout en prenant le temps de sourire ou de secouer la tête après chaque phrase. En réalité, de longue réflexion me déchirait. Jamais, je n'avais pensé que ça allait être aussi dur de me débarrasser de cette pouffiasse. J'avais tous les arguments nécessaires pour ne pas avoir à regretter quoi que ce soit. Je devrais sauter comme un lapin dans un monde de carotte. Et pourtant, quand j'imaginais son réveil sans moi, quelque chose se brisait au fond de moi. Rien ne garantissait que je peux pouvoir trouver les codes et sortir de cette maison. Mais comment me sentirai-je si j'y parviens ? Content d'avoir pu tirer Jennifer d'ici… Ensuite…

   Étais-je amoureux de cette folle ? Cette pensée me donna un haut-le-cœur si puissant que je serais l'oreiller. Non, bien sûr que non. J'aimais Jennifer, un point c'est tout. Et… et… aimer deux femmes… était impossible. Même un tout petit peu ? Difficile d'élucider cette question et cela m'embêtait. Sarah n'arrêtait pas de parler, et je me sentais encore plus mal. Des frissons auxquels j'essayais de rester insensible patrouillaient tout mon corps : comme au haut du mont Everest, muni d'un simple boxer. Si c'était un moyen que mon corps utilisait pour me conseiller d'abandonner, il visait juste.

   J'avais participé à un séminaire à cause de mon travail. Je me souvenais encore du slogan : « confiance en soi et vise le toit ». Si mon paternel n'avait pas haussé la voix, jamais je n’aurais perdu mon temps à les écouter. À leur dire, on devait respirer lentement, répéter une phrase plusieurs fois et se concentrer sur une image. Alors je fermai les yeux en répétant : « je dois le faire, je peux le faire et je vais le faire. » Et repassait toutes les fois où je me faisais péter la gueule. Mais l'image de moi et Sarah sur la plage où nos corps ne furent qu'un s'infiltraient avec panache dans ma tête. Celle où l’on avait partagé des tranches de pizza dans la maison des Blook aussi.

— Tu sais, débuta-t-elle en passant sa joue sur ma poitrine. Je sais que je devrais te présenter des excuses pour tout ce que je t'ai fait.

— Ah bon ?

— Oui, mais c'était la seule solution pour pouvoir te garder près de moi. Qu'on soit bien clair, je ne regrette pas ce que j'ai fait. Mais ce n'était pas la meilleure manière de procéder.

   Un bon moment de silence me força à réfléchir sur ces mots.

— Alors tu ne regrettes pas d'avoir pris ma mâchoire pour un punching-ball ?

— Bon pour ça, oui.

   Tout ce qu'il ne fallait pas entendre ! En plus, elle semblait sincère. Ma langue impatientait de lui demander de relâcher Jennifer. Je sentais qu'elle traversait un moment de faiblesse. Quoi qu’il en soit, je me tus. Ma dernière tentative de profiter à une situation similaire m'avait laissé les couilles en compote. Je ne pouvais pas risquer d'éveiller les soupçons endormis à grands coups de baiser. Et si je ressentais autant de remords en pensant à son réveil le lendemain, c'était à cause de cette nuit torride qu'on venait de passer. Mes hormones du plaisir déréglaient mon esprit. Une femme qui vous forçait à vous baigner devant elle ne méritait rien de mieux.

À tout prixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant