THE WAY - LE DILEMME

CHAPITRE QUINZE

CAMERON

     Cette foutue danse m'a tenu éveillé pendant près d'une heure. J'ai tenté de ne plus y penser et de laisser ce souvenir dans la salle de réception au moment où je l'ai quitté, en vain. Je n'ai pas pu m'empêcher de revenir la scène en boucle dans ma tête. Je m'en veux d'être aussi faible. Quelques danses partagées avec Emery ont suffit à me faire perdre le nord. 

     Après une éternité à me retourner dans mon lit, j'ai décidé qu'il était grand temps d'agir. Je déteste l'insomnie et je déteste encore plus ne rien faire pour la contrer. Je préfère encore me lever et tenter de passer le temps plutôt que d'attendre bêtement dans mon lit que le sommeil daigne pointer le bout de son nez. 

     C'est pour cette raison qu'à deux heures du matin, je suis assis au bord de la piscine du domaine à attendre que les minutes défilent d'elles-mêmes. J'espère que mes yeux ne vont pas tarder à m'annoncer qu'il est temps d'aller retrouver mon lit. 

     Je me sens épuisé et pourtant je suis bel et bien éveillé. Je ne cesse de repenser au corps d'Emery contre le mien, à ses yeux fixés sur moi et à sa main dans la mienne. Son odeur m'a littéralement fait perdre tous les sens. Elle était si belle dans sa belle combinaison de star. Je l'ai senti bien plus sûr d'elle et confiante qu'avant. Elle semble pas avoir changé et malgré tout, j'ai l'impression de la découvrir de nouveau. 

     Merde. Je suis...dans la merde.

     Avant de venir ici, je m'étais promis que ce genre de divagation n'arriverait pas. Je m'étais fait la promesse que je ne ressentirai rien pour Emery en la voyant. J'ai visiblement échoué en beauté et je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Je n'aurai jamais dû proposer cette danse. Elle a causé ma perte sans que je n'en ai aucun idée sur le moment. Je voulais seulement savourer quelques instants près d'elle. 

     A présent, je suis là, assis bêtement sur un transat au bord de la piscine, à essayer d'annihiler mon cerveau dans l'espoir de pouvoir retrouver le sommeil. J'aimerai mettre ma tête dans un bocal pour ne plus penser à rien pendant le temps de quelques minutes. Je suis fatigué et je voudrais tant dormir pour tenter d'oublier cette soirée. J'y pense bien trop et j'ai peur que ça ne me gâche les bons souvenirs que je garderai du mariage de Tim et Violet. 

     Pensif, je tente de concentrer mon attention sur le bruit de l'eau qui ressemblerait presque à une berceuse si on fait appel à son imagination. Le silence de la campagne peut être infiniment reposant. L'air est plus frais que dans la journée mais la nuit était douce malgré tout. Je me sens bien ici mais si je préférerai être dans mon lit. Je me contente finalement de savourer le calme que j'ai trouvé ici maintenant que tout le monde est parti se coucher et faire de beaux rêves. 

     Ou presque.

     Au beau milieu de mes réflexions, j'entends du bruit derrière moi. 

     Interpellé, je me tourne et cherche la source de ce bruit qui me laisse penser que je ne suis pas le seul à me balader dehors la nuit. 

     Et c'est là que mon regard se pose sur elle... 

     Au moment où je la repère dans l'obscurité, elle me voit elle aussi. C'est comme si nous avions un radar indéfectible pour nous repérer l'un et l'autre quelle que soit la situation. Elle se tient au centre du jardin, plusieurs mètres nous sépare et pourtant nos regards se sont croisés au même instant. Nous nous fixons longuement sans trop savoir quoi faire. Je crains d'aller trop loin si je l'invite à se joindre à moi. 

     Finalement, je n'ai pas besoin de me poser trop de questions puisque c'est elle qui décide de se diriger vers moi. Je la regarde venir jusqu'à moi dans son débardeur et son pantalon de pyjama. Elle croise les bras sur sa poitrine quand elle arrive bientôt à ma hauteur. Ses lèvres sont légèrement relevées en un sourire timide. Elle s'approche suffisamment pour que je puisse voir son visage clairement sous les rayons de la lune.