CHAPITRE QUARANTE-QUATRE

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 Comment est-ce que j'ai bien pu en arriver là ? Comment est-ce que j'ai pu devenir cette personne que je ne reconnais pas ? Où est-ce que ça a merdé ? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter un tel sort ? Est-ce que j'ai été aussi mauvaise que ça dans une autre vie pour que celle-ci soit un bordel sans nom ?

Allongée à côté d'un Tommy dormant à poing fermé, je fixe le plafond en me posant mille questions à la minute. Je me demande ce que je fais ici, pourquoi la présence de Tommy me dérange autant alors que je devrais être heureuse de l'avoir retrouvé. Je me demande ce que je dois faire mais aussi ce que je ne dois pas faire. J'ai la réponse à certaines de ces questions mais je crois aussi que je me voile la face la plupart du temps.

J'étouffe d'être dans ce lit avec un homme qui m'aime et dont je ne supporte plus la présence près de moi. La honte et le remord me rongent à petit feu. Il devrait être au côté d'une fille qui l'aime sincèrement, le respecte et ne pense pas à un autre quand ils sont au lit ensemble. Je me déteste d'avoir certaines pensées. On a été si heureux pendant trois ans. En tous cas, je l'ai cru. Je n'arrive pas à croire qu'on en soit arrivés là.

C'est comme si revoir Cameron m'avait fait oublier ces trois dernières années de ma vie. Je ne pense plus qu'à lui, j'ai l'impression de ne plus savoir comment vivre ou respirer quand il n'est pas dans les parages et j'ai le sentiment de tromper tout le monde. Je mens aux autres et je me mens à moi-même. Je me sens terriblement minable.

Je ne devrais pas penser à Cam alors que Tommy a fait tout ce chemin pour venir passer Noël avec moi. Je ne devrais pas, je ne devrais pas, je ne devrais pas. Je me répète ces mots en boucle dans ma tête pour tenter de me convaincre que Cameron n'est pas une option. Je ne peux pas me permettre de penser à lui en permanence.

Sauf que je n'y pas encore trouvé le remède miracle pour ça. J'ai envie de lui parler, j'ai besoin de lui parler. C'est comme devenu une obsession depuis que Tommy a débarqué. Cam est comme une bouée de sauvetage. J'ai l'impression qu'il pourrait me sauver de n'importe quelle situation. Il semble être le seul à pouvoir me donner cette bouffée d'oxygène dont j'ai irrémédiablement besoin. Sans lui, je commence à suffoquer.

Alors je cède à la tentation, me dégage lentement du bras protecteur mais oppressant de Tommy et roule sur le matelas dans un mouvement presque imperceptible. Il me suffit ensuite de tendre le bras vers la table de chevet pour récupérer mon téléphone. J'ouvre directement une conversation avec Cameron et pianote mon message avant de l'envoyer sans plus réfléchir.

-Tu dors ?

Dans l'attente d'une réponse, je me concentre sur ma respiration, posant mon téléphone sur ma poitrine, patentant tranquillement sans être sûre de recevoir une réponse. Il dort probablement à l'heure qu'il est.

Ou pas.

L'écran de mon portable s'illumine et la lumière se répercute sur le plafond de ma chambre.

-Suis en train de me noyer dans la paperasse. Pourquoi est-ce que toi tu ne dors pas ? Il est deux heures du mat'.

Mon regard se pose un instant sur l'homme confortablement étendu à côté de moi.

-Tommy est à Seattle.

Je ne vois pas comment présenter la situation autrement. Mieux vaut aller droit au but sans faire de détour inutile. J'ai la sensation qu'il mérite de connaître cette information.

Plusieurs minutes passent avant qu'un nouveau message apparaisse.

-Je vois.

Puis un autre.

THE WAY - LE DILEMMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant