CHAPITRE CINQUANTE-DEUX

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CAMERON


     -Alors ? 

     Le sourire d'abruti qu'affiche Slade ne me dit rien qui vaille. Je connais bien cette expression sur son visage et généralement elle apparaît quand il s'apprête à sortir une connerie encore plus grosse que lui. Ou quand il cherche à cuisiner quelqu'un. Connaissant le phénomène, j'opterai plutôt pour la deuxième option. 

     -Quoi ? réponds-je en recrachant nonchalamment la fumée de ma cigarette. 

-Avec Emery. 

     J'aurai dû m'en douter, tiens.

     Face à mon mutisme évident, il renchérit en me donnant un coup de coude dans le bras. 

     -Qu'est-ce que ça donne ? 

-Ben, je lui ai demandé si ça la tentait de sortir avec nous ce soir et elle a dit oui. Rien de plus compliqué. 

-Espèce de bouffon. Ce n'est pas de ça dont je voulais parler. 

-Qui te dit que j'ai envie d'en parler justement ? 

-Ne fais pas ta prude, Thatch. Allez, dis-moi la vérité. Qu'est-ce qu'il se passe entre vous deux ? 

     Ce énergumène est suffisamment bruyant pour attirer l'attention de Tristan et Marlon qui se mettant désormais à me dévisager à leur tour. J'ai beau être officiellement leur patron, ces trois-là ne se gênent jamais pour me questionner sur ma vie perso. J'aurai sûrement dû mettre plus de limites quand je les ai embauché mais j'ai trouvé en eux des amis dont j'avais besoin. Je me sentais tellement seul à l'époque. Pourtant aujourd'hui, j'aimerai parfois éviter certaines de leurs questions indiscrètes. 

     -On se voit, réponds-je laconiquement.  

-Vous vous voyez, c'est tout ? Tu te fous de ma gueule ? Tu nous avais dit qu'elle avait largué son mec. 

-Et alors ? Où est le rapport ? 

-T'es con ou quoi ? m'assène Slade en me lorgnant avec de grands yeux. La voie est libre, mec. Ça veut dire que c'est le moment d'attaquer. 

     Je lève les yeux au ciel avant de tirer une autre taffe sur ma cigarette. 

     -Ils ont été ensemble pendant plus de trois ans et ça fait à peine quelques semaines qu'ils ont rompu, je te signale. Et puis, depuis quand est-ce que j'ai besoin de tes conseils pour conclure ? 

-Donc tu l'avoues, tu veux la récupérer ? 

-Tu me fais chier, grogne-je. 

-Est-ce que tu as tenté un truc au moins ? 

-C'est pas tes oignons, Slade. Laisse-tomber. 

     Au lieu d'abandonner les armes, son visage s'illumine et l'éclat d'espièglerie qui brille soudain dans son regard me dit que je n'en ai pas fini. Ou plutôt, c'est lui qui n'en a pas terminé avec moi. Malheureusement pour moi, ce con fait partie des seuls personnes à ne pas être impressionné pour mes regards noirs. Il prend même un malin plaisir à me pousser dans mes retranchements quand j'essaie par tous les moyens de lui échapper. 

     -Il s'est déjà passé quelque chose, pas vrai ? 

-Ta gueule. 

-Oh, putain ! s'exclame-t-il, tout excité. J'aurai dû m'en douter. Tu as déjà tenté une approche. Vas-y, crache le morceau. 

-Qu'est-ce que tu n'as pas compris quand j'ai dis que ce n'était pas tes affaires ? 

-Tu l'as embrassé ? Ou c'est elle qui l'a fait peut-être ? Non, ce n'est pas son genre. Elle vient de quitter son mec. C'est forcément toi qui a fait le premier pas. 

THE WAY - LE DILEMMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant