THE WAY - LE DILEMME

CHAPITRE TRENTE-ET-UN

-C'est adorable de ta part de nous ramener à la maison, Cameron. 

-Ça ne me dérange pas, Evy. C'est moi qui ait proposé de toute façon. 

     Maman et moi rentrons enfin chez nous après plusieurs jours passés à l'hôpital. L'intervention s'est bien passé et le chirurgien a réussi à retirer la tumeur en ne laissant que quelques résidus qui seront bientôt exterminés grâce à la chimio et la radiothérapie. Pour l'instant, nous avons reçu l'autorisation de rentrer à la maison. Ma mère a eu pour ordre de se reposer et de se remettre tranquillement de l'opération jusqu'à la suite du traitement. 

     -Merci, en tous cas. 

-On aurait pu prendre un taxi, rétorque-je. 

      Assis derrière le volant, Cam coule un regard dans ma direction. 

     -Je disais ça comme ça, marmonne-je. 

-Le salon est fermé aujourd'hui. Je n'avais rien d'autre de prévu. 

-Contente-toi de dire merci, ma puce. 

-Ben, merci. 

     S'il n'y avait eu que moi, je n'aurai pas accepté que Cameron nous raccompagne à la maison. Je me serai débrouillée pour contacter un taxi et nous serions rentrés sans lui. Seulement, Maman a acquiescé dès la formulation de la proposition. Je n'ai pas eu le temps de donner mon avis qu'elle avait déjà répondu pour nous deux. Je n'ai pas le choix que de dépendre de Cam sur ce coup-là.

     Je saute alors sur la première occasion pour changer de sujet. 

     -Comment tu te sens, Maman ? 

     Installée sur la banquette arrière, ma mère me paraît plus fragile qu'elle ne l'a jamais été. Elle ressemble à une gentille colombe dont l'une des ailes aurait été violemment endommagée par une tempête incontrôlable. Je sais qu'elle tient le choc mais sa fragilité apparente est surprenante tant elle est rare. 

     -Je suis simplement fatiguée, chérie. 

-Les anti-douleurs font encore effet ? 

-Je crois, oui. La cicatrice me démange et me tiraille, c'est tout. Rien de bien méchant. 

-Si tu as mal, dis-le moi. N'essaie pas de jouer les héroïnes. Le médecin ne t'a pas prescrit des anti-douleurs pour rien. Si tu sens que tu en as besoin, n'hésite pas à me le dire. 

-Ne t'inquiète pas, ma puce. J'ai seulement hâte de retrouver mon lit. J'ai besoin de sommeil. 

-On est presque arrivés, Maman. 

     Malgré sa bonne humeur, elle n'est pas capable de nous cacher sa fatigue. Elle a subi une opération importante qui a laissé des marques sur son corps. Pour le moment, elle est affaibli pour tout ça mais je sais qu'après un bon repos bien mérité, elle redeviendra la femme forte que j'ai toujours connu. Elle a seulement besoin de recharger ses batteries et de prendre du temps pour se ressourcer. 

     Le trajet se fait ensuite dans le silence. Cameron se contente de conduire en silence tandis que Maman et moi observons le paysage à travers la vitre. Personne ne semble avoir vraiment envie de parler. Ma mère est trop fatiguée pour engager une quelconque conversation alors que moi, je n'ai simplement pas envie de briser le silence reposant qui règne dans la voiture. 

     Nous atteignons rapidement les hauteurs de Seattle, la banlieue où ma mère et moi habitons ces derniers temps. Cameron roule prudemment dans les rues calmes où des enfants peuvent traverser la route à tout moment. Sa conduite me berce presque. Je pourrais facilement rattraper quelques heures de sommeil ici-même.