CHAPITRE CINQUANTE-SIX

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Cameron,

Je t'écris cette première lettre depuis la Floride. C'est tellement la folie depuis le début de la tournée que j'ai l'impression de ne jamais avoir une minute à moi. C'est la première fois qu'on a une journée de libre, les garçons et moi, alors j'en profite pour t'écrire. On s'était promis de le faire et tu sais que je tiens toujours mes promesses.

Ici, il fait chaud et beau. Trop chaud à mon goût, d'ailleurs. On enchaîne les dates dans des villes où la chaleur est étouffante depuis près d'un mois et la pluie commence à me manquer. Parfois, je pense à Denver ou à Seattle et j'en viens à envier ces habitants. Je ne pourrais pas vivre aux Bahamas, c'est une certitude. Je ne suis pas faite pour le soleil et les températures digne d'une canicule.

Un jour, tu m'as dit que j'étais une fille de l'été parce que je suis née en juillet mais je ne suis définitivement pas fan de tous les étés. J'aime les journées sans fin, les ciels sans nuages et les glaces à tous les repas mais cette chaleur est devenue ma pire ennemie. Tu n'imagines pas à quel point je bénie chaque soir celui qui a inventé la climatisation. Heureusement, les hôtels dans lesquels on dort sont tout équipé.

Enfin bref, je m'égare déjà.

La dernière fois que je t'ai eu au téléphone, on venait de partir de New-York après une semaine de concerts d'affilés. J'étais éreintée et à bout de force. Autant te dire que les choses ne se sont pas arrangées par la suite. Je m'étais pourtant préparé à la fatigue, aux courbatures et à tout le reste mais je n'avais pas réalisé que le rythme serait si intense.

Après New-York, on a passé quelques jours à Washington avant de partir pour un marathon en direction de la Floride. On a joué à Richmond, Charleston, Raleigh, Charlotte et Columbia. Quelques jours à Atlanta nous ont fait du bien mais les garçons ont profité de chaque moment de liberté pour me traîner d'un bout à l'autre de la ville. Ils ne m'ont pas emmené dans des musées, tu t'en doutes. La visite de la ville s'est faite à travers les bars, les clubs et les endroits les plus déjantés.

Je pensais pouvoir me reposer avant d'affronter ce qui nous attendait la semaine suivante mais tu connais Sam et les autres tout aussi bien que moi. Ils sont tous infatigable à leur façon. Ce n'est pas toujours évident de vivre au milieu d'une bande de mecs et ils m'épuisent parfois plus que les concerts en eux-même. Sam prend un malin plaisir à me faire des farces à chaque fois qu'on arrive dans un nouvel hôtel, Tim fait semblant de le canaliser et Josh fait honneur à sa réputation de fêtard. Leur rythme n'est pas le mien.

Mais je m'amuse comme une folle et je n'échangerai ma place pour rien au monde malgré la fatigue qui s'accumule de jour en jour. Ils me font rire du matin au soir même si je n'ai plus toujours la force de le faire, ils me remontent le moral quand j'ai peur de ne pas tenir le coup et ils s'invitent souvent dans ma chambre pour des soirées pyjamas improvisés, prétextant que c'est leur rôle de prendre soin de la seule fille du groupe. Aussi débordants d'énergie qu'ils soient, je ne pourrais pas être mieux entourée qu'avec eux.

Après Atlanta, on a rejoint la Floride où on s'est produit à Jacksonville, Orlando et Tampa. Le public là-bas est sûrement le plus déchaîné que j'ai vu de toute ma vie. Celui de Miami nous a offert un show proche de l'apothéose. La salle était immense et bondée de monde. J'ignore encore comment j'ai fait pour ne pas tourner de l'œil devant la foule. C'était de la folie. On a tous eu du mal à se remettre de ce concert.

J'ai eu besoin de plusieurs représentations pour véritablement me sentir à l'aise sur scène, sans stress ni sueurs froides avant d'entrer sur scène. Le trac est toujours là mais j'apprends à le dompter jour après jour. Le public qui nous applaudit tous les soirs – ou presque – est la meilleure des motivations. J'aime aller les retrouver sur scène, les entendre chanter et hurler les paroles de nos chansons et recevoir leurs applaudissements qui ne tarissent jamais bien longtemps. Il y a tant de bienveillance dans ces moments partagés avec eux que je suis sûre de ne jamais les oublier.

THE WAY - LE DILEMMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant