CHAPITRE VINGT-SIX

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 -Emery, stop ! Pose cette valise et respire une seconde ! Il faut que tu te calmes.

Comme devenue sourde, je passe devant Tommy et cours fouiller dans le dressing pour y trouver quelques vêtements à emporter avec moi. Je ne fais même pas attention à ce que je prends, je veux seulement faire mes bagages et partir d'ici au plus vite. Je suis en transe et rien ne pourrait m'arrêter dans ma course.

-S'il te plaît, arrête-toi et écoute-moi. Tu ferais mieux de t'asseoir un moment pour réfléchir à tout ça.

-Pour quoi faire ? riposte-je d'une voix qui m'est presque inconnue.

Je passe de nouveau devant Tommy et jette les vêtements que j'ai aveuglement choisi dans ma valise avant de retourner dans le dressing.

-Tu ne peux pas partir comme ça sur un coup de tête. On peut en discuter. Calme-toi une minute, je t'en prie.

-Je n'ai pas le temps pour ça. Il faut que je fonce à l'aéroport.

-Rien ne presse. On peut prendre le temps d'en parler. Ce n'est pas ton genre de tout envoyer balader comme ça. Tu ne vas tout de même pas partir à Seattle sans rien dire.

-Je dois y aller, déclare-je de but en blanc. Je n'ai pas le temps de discuter. Ma décision est prise. Point final.

Pendant que je remplis ma valise de vêtements choisis au hasard, Tommy s'assoit lourdement sur le bord de notre lit. Je l'entends pousser un profond soupir. Je n'ai pas à m'inquiéter pour lui. Je sais qu'il se débrouillera très bien sans moi. Pour l'instant, j'ai d'autres choses plus importantes à penser.

-Et ton travail ? me lance-t-il. Tu ne peux pas tout abandonner du jour au lendemain ?

-Je m'occuperais de ça une fois arrivée à Seattle. Je peux très bien gérer mes affaires de là-bas. J'emporte mon ordinateur avec moi. Tout est dedans. Je travaillerais à distance et j'appellerai tout le monde dès que possible.

-Ce n'est pas sérieux. Ta mère dirait la même chose.

Soudain, j'explose littéralement en faisant voler la pile de vêtements sur le lit.

-Ma mère est malade !

Tommy sursaute et me darde d'un regard surpris.

-Em...

-Elle a un cancer. Elle va bientôt se faire opérer et elle est toute seule là-bas. Je suis sûre qu'elle va avoir de la chimiothérapie et d'autres trucs compliqués à faire et je ne peux pas la laisser faire ça toute seule.

-Je comprends mais...

-Non, tu ne comprends pas ! m'écrie-je, hors de moi. Elle a besoin de moi. Je ne l'abandonnerai pas.

Je me fiche qu'il me comprenne ou même qu'il me soutienne. Je sais ce que j'ai à faire. Je sais aussi ce que je ne peux pas. Je suis incapable de rester ici à Denver en sachant que ma mère est seule à des milliers de kilomètres alors qu'elle doit affronter une épreuve telle que sa vie est en jeu. Elle doit être effrayée et angoissée au plus haut point. Elle a besoin que quelqu'un soit là pour la soutenir et je veux être cette personne. Je ne me résoudrai pas à la laisser combattre cette maladie toute seule. Je serai là pour l'aider à rester forte.

-Et je n'abandonnerai pas mon travail non plus, marmonne-je. Je t'ai dit que je gérai tout de Seattle. Je peux très bien le faire. Ce sera plus compliqué que d'habitude mais j'y arriverai. Ils pourront toujours compter sur moi. Je resterai en contact avec eux en permanence.

-Je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure solution.

-Moi, j'en suis certaine. Et puis, ma mère passe avant tout. Il n'y a pas à discuter, Thomas. Je partirai la rejoindre quoi qu'il arrive.

THE WAY - LE DILEMMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant