Be My Moonlight {Park Sung Hoon}

Chapitre 55

28/12/2021 :

La première chose qui me vient à l'esprit est le silence. Pas un silence complet ni pesant, mais simplement l'absence de bruits parasitaires, de cris, de mouvements. Tout ce que j'entends c'est un rythme cardiaque lent et serein et une respiration régulière. Je prends alors conscience de la présence à mes côtés et un petit sourire étire mes lèvres.

Je me suis assoupie quelques minutes, peut-être une dizaine. Mon corps n'en n'avait pas besoin mais mon esprit, si. Nous avons passé un long moment, Yeon Jun, Hee Seung et moi, à parler avec Jay. Nous lui avons expliqué ce que signifiait réellement être un vampire, nous lui avons tout raconté. Notre histoire, nos relations, notre mode de vie, notre régime alimentaire. Il nous a écouté, nous a questionnés. Ses réactions étaient pures et sincères. Il ne nous a rien caché. Ni sa colère, ni sa peur, ni sa résignation. Puis il nous a acceptés. Nous avons compris qu'il allait falloir du temps pour qu'il soit réellement à l'aise avec nous mais il nous a affirmé comprendre et ne pas nous en vouloir.

J'ai encore du mal à le réaliser. Je trouve ça fou qu'il ne nous fuie pas, qu'il ne nous en veuille pas, qu'il ne répète pas tout à tout le monde. Même si c'était très léger, j'ai ressenti comme une chaleur se répendre à l'intérieur de mon cœur en comprenant que j'avais des amis formidables, que je n'étais plus seule. Après cette longue discussion, Jay en a eu une autre avec Sung Hoon. Ils sont restés près de deux heures dans la bibliothèque, à parler de nous, de moi et d'eux. Plusieurs fois, Jake et Sunoo ont posé des questions, cherchant à savoir ce que tramaient les deux garçons mais nous avons réussi à les maintenir à l'écart jusqu'au déjeuner.

C'est à ce moment que j'ai commencé à sentir la pression retomber. Contrairement aux humains, nous ne sommes pas sensibles au stress, mais ça ne veut pas dire que nous ne le subissons pas pour autant. C'est simplement que notre cerveau le gère sans nous le ressentions. Mais visiblement, je dois en avoir accumulé un peu trop et j'ai besoin de reprendre des forces. Comme s'il l'avait senti, Sung Hoon m'a embarqué à l'étage et m'a forcé à m'allonger sur mon lit. Lui aussi semblait épuisé, sa conversation avec Jay avait dû lui rappeler des souvenirs. Passé quelques minutes de gêne, il avait accepté de s'allonger à mes côtés et était vite tombé dans les bras de morphée.

Sans ouvrir les yeux, je ressens sa présence endormie. Il est couché sur le dos, son bras gauche replié sous sa tête alors que le droit repose sur son ventre. Même sans le voir je suis transportée par ce qu'il dégage. Je me sens tellement bien à ses côtés. Je me sens sereine, en sécurité.

Poussée par une envie incontrôlable, je me rapproche un peu plus de lui. Je suis couchée sur le flanc gauche, mes mains frôlent son bras et mes jambes sont contre les siennes. Je ne ressens pas la chaleur de sa peau mais mes sens sont mis à rude épreuve. Surtout mon odorat. Sa nuque n'est qu'à quelques centimètres de ma bouche et son sang m'appelle. Je résiste et tente de me reculer mais n'y parviens pas. Je sens mes entrailles se tordre alors que l'odeur se fait plus forte et la faim plus présente. J'ai envie de le mordre. J'ai envie de gouter sa peau, de boire son sang. Toutes les pensées cohérentes désertent mon esprit. Je ne suis plus obsédée que par ce besoin de me nourrir.

C'est lorsque je me mords la lèvre que je me rends compte que je me suis transformée. J'ouvre les yeux, paniquée et tombe sur la vision de son cou découvert, de sa jugulaire qui pulse sous les battements de son cœur, de la naissance de ses cheveux blancs parsemés de racines brunes. C'est trop pour moi. Malgré tous mes efforts, je m'approche pour coller ma bouche sur sa peau laiteuse. Je perçois un frisson parcourir son corps mais cela ne fait qu'attiser ma soif. Tentant de retarder ce moment fatal, je laisse mes lèvres courir sur son épiderme. Mon corps se livre à un véritable combat intérieur. Toutes ces sensations sont délicieuses mais me torturent en même temps. Je sens à sa respiration qu'il est en train de se réveiller et ce constat, au lieu de m'effrayer un peu plus, fait monter une pointe d'adrénaline dans mes veines.