Be My Moonlight {Park Sung Hoon}

Stronger than them 2

PDV NI-KI

29/11/2021 :

Nous marchons en silence. Sunoo-Hyung est derrière moi, il traine les pieds, les yeux perdus sur son téléphone portable. Cette situation m'agace autant qu'elle me gêne.

Cela fait presque trois ans que je connais Sunoo-Hyung. Notre programme d'échange a commencé pendant les vacances d'été avant sa dernière année de collège. On s'était tout de suite super bien entendu. Il est toujours enjoué même s'il cache beaucoup de timidité. Il est également un brin capricieux mais personne ne peut résister à ses aegyos. Chaque fois que je venais à Séoul, il m'offrait toute son attention. On est devenus vraiment proches, au point de tout se confier. Même lorsque je repartais, après des au revoir larmoyants, nous avions pris l'habitude de continuer à nous écrire, à nous raconter nos journées, nos joies et nos peines.

L'an dernier, ses parents ont commencé à se disputer. La situation était très dure pour lui et j'ai fait tout mon possible pour le soutenir. C'est là que je me suis rendu compte que ce que je ressentais pour lui n'était pas que de l'amitié. Au départ ça m'a fait peur. Je ne suis jamais tombé amoureux de personne, fille ou garçon, et puis après je me suis dit que comme j'étais déjà son meilleur ami, il n'allait pas forcément se rendre compte de mes sentiments. Je me trompais.

Je ne peux pas dire que je ne l'ai pas senti venir. Déjà cet été, il semblait plus absent. Je pensais que c'était à cause de la relation de ses parents qui ne cessait de se dégrader, mais lorsque j'ai eu les dates de mes voyages pour l'année, il n'a pas montré l'enthousiasme habituel. Notamment lorsqu'il a su qu'il allait enfin pouvoir venir chez moi à Okayama. Depuis le début, il espère venir visiter Tokyo mais le programme est séparé en deux : Les cinq premiers séjours se font à Séoul, les cinq suivants à Okayama. Je pensais donc qu'il allait sauter de joie à cette nouvelle, mais il s'était contenté d'un vague « oh ! Trop cool ! ».

J'avais alors commencé à avoir des doutes. Je me disais qu'il s'était peut-être rendu compte de mon orientation sexuelle, et que cela le dérangeait. Son attitude à mon arrivée me l'avait confirmé. Plus d'accolades, de secrets chuchotés au creux de l'oreille, de bubble tea échangé au parc, d'heures passées allongées sur son lit à refaire le monde. Plus rien qui ne nous oblige à entrer en contact physique. Nous sommes deux hommes dont un gay. Nous ne pouvons plus nous prendre dans les bras. Nous ne pouvons plus dormir ensemble. Il a peur de moi, je le dégoute.

Malgré tout, je ne peux plus garder tout ça pour moi. C'est trop. Même si je peux comprendre qu'il soit déçu et gêné par mon orientation sexuelle, j'ai le droit au respect. Qu'il ne m'aime pas, j'y suis préparé, que l'on ne puisse plus être amis, je peux l'accepter, mais qu'il m'ignore de la sorte, c'est trop dur à supporter, je ne mérite pas ça.

- Hyung !

Je m'arrête subitement et me retourne pour lui faire face. Il a un mouvement de recul sous la surprise et me regarde avec de grands yeux.

- Qu-quoi ?

- Ça ne peut plus durer, il faut qu'on parle.

- Heu... je...

Je ne lui laisse pas le temps de finir et attrape sa main. La maison n'est qu'à quelques mètres devant nous et je ne veux pas y aller. Une fois là-bas, il trouvera un moyen de fuir ou ses parents nous interrompront. Nous avons besoin d'un endroit neutre. Je le tire derrière moi jusqu'à l'église un peu plus loin et je m'assois sur le parvis. C'est un peu risible dans un sens. Un homosexuel devant une église, dans un pays aussi fermé, qui s'apprête à confesser son amour à un autre homme. La situation est quelque peu ridicule.

- Pourquoi tu m'as trainé ici, demande Sunoo-Hyung en jetant un coup d'œil nerveux à la bâtisse dans mon dos.

- Pour qu'on soit tranquille et que tu ne t'enfuis pas.