Chapitre 58

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29/12/2021 :

Je suis bien. Je me sens vraiment bien. Il n'y a pas un bruit, pas un mouvement. C'est tellement calme et reposant. J'ouvre lentement les yeux et observe l'obscurité. Je suis couchée sur un matelas, à même le sol, dans une petite pièce qui semble faire office à la fois de chambre et de salon. Je reste de longues minutes à balayer mon regard sur tout ce qui m'entoure avant de me redresser en position assise. Je suis dans une vieille maison. Les meubles en bois sont dépareillés et défraichis, il y a un buffet aux multiples tiroirs avec une télévision datant d'une autre époque, un rock-in-chair à l'assise usée, une bibliothèque remplie d'ouvrages plus ou moins poussiéreux, des boites de rangements empilées çà et là, le tout dans un fouillis organisé.

Mon attention est attirée par un grand cadre accroché sur le mur gauche, à côté d'une fenêtre où filtrent les rayons d'un soleil timide et matinal. Je me lève et m'approche, découvrant, sans surprise, le visage de Jung Kook entouré de deux adultes que j'identifie sans mal être ses parents. Je continue mon inspection, m'imprégnant des souvenirs encore présents dans la pièce. C'est petit et pauvre, mais chaleureux. Je m'avance jusqu'à une cloison en papier et la fait coulisser pour laisser apparaitre la cuisine, toute en long. Elle est minuscule et séparée du salon par une marche, avec un sol en béton froid et une petite fenêtre en verre poli. J'attrape un verre dans l'égouttoir posé sur l'évier à côté du cuiseur à riz, et le remplit d'eau. Je n'ai pas soif mais je ressens pourtant le besoin de boire alors je vide le verre d'une traite. Fermant les yeux, je cherche une présence autour de moi, mais la maison est vide.

Je ne sais pas l'heure qu'il est, ni quel jour nous sommes. Je ne sais pas combien de temps je suis restée inconsciente, ni comment j'ai atterri ici. Je me rappelle sans mal ce qu'il s'est passé avant mon malaise, mais le reste, c'est le trou noir. Ça pourrait m'angoisser, mais ce n'est pas le cas. Parce que je me sens bien.

Avant de quitter la cuisine, mon regard est attiré vers la poubelle et un sourire se dessine sur mon visage lorsque je tombe sur plusieurs poches de plasma pur ainsi qu'une seringue intraveineuse. Il ne me faut pas plus pour comprendre.

J'hésite un instant entre quitter la maison ou rester, avant de finalement opter pour sortir prendre l'air. J'enfile mes chaussures tout en jetant un coup d'œil au miroir fissuré de l'entrée. Si l'on pourrait s'attendre à ce que je fasse peine à voir après avoir fait un malaise, il n'en est rien. Personne ne pourrait penser que j'étais inconsciente quelques heures auparavant.

Lorsque j'ouvre la porte, je suis face à plusieurs centimètres de neige qui crissent sous mes pas alors que je m'avance. La maison de Jung Kook est entourée d'une petite cour délimitée par un muret au crépi abimé. Il y a une table en bois traditionnelle, un fil à linge vide, un robinet extérieur avec deux bassines abandonnées pleines de poudreuse blanche. Tout est chaleureux, plein de vie malgré le silence. Je prends le temps de respirer l'air froid avant de balayer la neige sur la table à l'aide de ma manche pour ensuite m'y assoir. Je sens l'humidité traverser mon jean mais je n'y prête pas attention, me contentant d'admirer les nuages cotonneux qui viennent parsemer le bleu du ciel.

Je n'attends pas longtemps avant d'entendre des pas au bout de la rue. C'est une démarche sereine mais déterminée, celle de la personne qui habite ces murs.

Pantalon cargo kaki, bottines noires, tee-shirt blanc et veste zippée, Jung Kook apparaît à l'entrée de la cour. Il rejette ses cheveux en arrière et s'avance vers moi.

- Salut, lance-t-il avec un sourire.

- Salut.

Il s'assoit à côté de moi, naturellement, comme si nous étions des amis de longue date. Un petit silence s'installe mais même si je me sens bien, même si je ne suis pas en proie à un désir obsessionnel de me souvenir des dernières vingt-quatre heures, j'ai besoin de réponses.

Be My Moonlight {Park Sung Hoon}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant