Chapitre 2 - Habille-toi putain ! (2)

479 35 5
                                    

Nous avons finalement opté pour de délicieux sandwichs à emporter afin de profiter du calme et du soleil de cette douce après-midi. Malheureusement, je n’ai pas le temps de souffler bien longtemps que Liv relance le sujet qui fâche.

— Alors, cette installation au duplex ? Tu ne te sens pas trop dépaysé ?

Olivia a beau être l’une de mes meilleures amies, elle ne sait rien de mes sentiments passés pour Sun. Et donc de la position délicate dans laquelle je me trouve. Nous sommes très proches, mais elle était l’amie de Haru avant d’être la mienne et aujourd’hui elle est son âme sœur. Je ne peux pas faire peser sur elle un tel secret et lui demander de cacher des choses à son fiancé. Alors, la plupart du temps, j’évite le sujet. Et ça n’a jamais été très dur. Ce n’est pas comme si Sun était un sujet récurrent entre nous. Mais encore une fois, la situation actuelle rend tout un peu plus compliqué.

— Dire que je suis dépaysé serait un euphémisme, ironisé-je en levant les yeux au ciel.

Je ne peux pas lui dire toute la vérité, mais je ne veux pas lui mentir en faisant semblant que tout va bien dans le meilleur des mondes.

— Oh ? Ça ne s’est pas bien passé ce matin ?

Je soupire profondément et mords dans mon sandwich pour me donner une seconde de réflexion. Je dois faire attention à ce que je dis.

— Haru m’a dit que Sun avait fait sa tête de mule, ajoute-t-elle.

— Sun n’a pas tort. Haru aurait dû lui demander son avis avant de m’inviter. C’est tout de même l’appartement de ses parents.

Olivia hausse les épaules et, sans grande surprise, elle défend son fiancé.

— Personne n’a pensé que ce serait un problème. Ce n’est pas le genre de Sun de jouer les égoïstes.

Je soupire profondément, incapable de lui dire que la gêne du jeune homme n’est pas due qu’à une question d’égoïsme. Pour être honnête, je ne suis pas certain de savoir d’où lui vient cet extrême ressentiment à mon égard. Cependant, je conçois parfaitement qu’il n’ait pas envie que l’on vive ensemble. Nos mensonges sont restés secrets des années durant. Lorsque l’on ne se côtoyait pas, tout était facile. Mais à présent, cela me donne une désagréable sensation de trahir Haru. Alors, je n’ose pas imaginer ce que ressent Sun. Maintenant que je suis loin de lui, j’arrive à penser un peu plus rationnellement et à me mettre à sa place. Cela ne retire en rien la frustration que je ressens face à son attitude inutilement glaciale, mais je comprends, au moins en partie.

— Ne t’en fais pas, il reviendra vite à la raison, essaie de me rassurer mon amie.

Elle m’offre un sourire chaleureux avant de boire une grande gorgée de son thé glacé. À l’horizon, le ciel bleu se fond dans l’océan et mon regard assombri par la préoccupation se perd dans le vide.

— Je n’en suis pas certaine. Honnêtement, je ne suis pas très à l’aise au duplex. La Sicile n’était peut-être pas une si mauvaise option.

— Tu ne peux pas faire ça, Neela. Haru en serait malade. Tu sais, il s’en veut déjà beaucoup que tu sois sans logement.

— Quoi ? Mais ça n’a rien à voir avec lui. Il n’a pas causé le dégât des eaux de mon immeuble à ce que je sache.

Olivia soupire à son tour et je sens qu’avec ce sujet, je mets les pieds dans un territoire miné.

— C’est ce que je n’ai de cesse de lui répéter. Mais tu le connais lui et son besoin maladif de te protéger.

Je sais que ce n’est pas ce qu’elle essaie de faire, mais ses mots sonnent presque comme un reproche à mon égard. Visiblement, ce « besoin maladif » a été source de tension dans le couple.

SUNSETOù les histoires vivent. Découvrez maintenant