Chapitre 9 - Juste mon colocataire (3)

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Andréa laisse échapper un léger rire et j'ai dû mal à saisir s'il est sincère ou juste nerveux. Quoi qu'il en soit, je suis trop mortifiée pour essayer de le retenir et je me contente de le raccompagner à la porte. Il me remercie pour l'accueil et on convient de se refaire une soirée un de ces quatre. Mais les au revoir ne s'éternisent pas. Je ne suis plus d'humeur à la franche camaraderie et c'est sur les nerfs que je referme la porte pour me retrouver en tête à tête avec Sun.

Je le retrouve devant la baie vitrée tandis qu'il rentre et la referme derrière lui. Je n'en reviens pas. Une seconde fois, il se permet de chasser la personne qui me tient compagnie et décide de mettre fin à ma soirée. Je n'accepterais même pas un comportement aussi intrusif de la part de mon frère alors qui est-il pour agir ainsi ? Furieuse, je fonce droit sur lui.

- Bordel, mais tu es obligé d'être aussi odieux avec tous les mecs qui ont le malheur d'être à moins de cinq mètres de moi ?

Il lâche un soupir agacé et détourne le regard. Son expression dépitée m'agace. Il a l'air d'un parent déçu par le comportement de son enfant. Son arrogance n'a vraiment aucune limite.

- Ne me fais pas passer pour un fou, Neela. On a eu cette discussion il y a quelque jour et une fois de plus je te trouve dans les bras d'un mec chez moi !

- Justement, on a eu cette discussion, ragé-je. Et tu m'as dit que tu t'excusais, que tu regrettais ta réaction.

- Et tu as dit que tu me comprenais, putain ! s'emporte-t-il à son tour. C'était quoi ça ? C'était qui ce type ? Il se serait passé quoi si je n'étais pas rentré ?

À chaque question, il avance d'un pas dans ma direction. Bientôt, il me surplombe de toute sa hauteur et je dois relever le visage pour soutenir son regard. Mais je ne recule pas, je tiens tête et c'est un véritable duel qui commence entre nous. Son regard se fait meurtrier et le mien le lui rend bien.

- En quoi ça te regarde ? Je me répète, mais je n'ai pas à me justifier auprès de toi.

Comme pour appuyer mes mots, je pose un doigt accusateur sur son torse. Il fait mine de reculer, mais je ne le laisse pas se défiler et à chaque pas qu'il fait en arrière, j'en fais un en avant.

-Tu n'es ni mon père, ni mon frère... ni mon mec.

À chaque affirmation, mon index frappe son torse avec véhémence et à mes derniers mots, il tressaille. Ses poings se serrent et j'aperçois chaque muscle de ses bras qui se contractent. Brusquement, il s'empare de mon poignet pour arrêter mon geste. Ses doigts se referment autour de mon bras tel un étau impossible à défaire.

- Et si je faisais la même chose ? Si tu rentrais et que j'étais en train de me taper une fille dans ma chambre.

Il exagère volontairement pour me blesser. Il sait pertinemment que cela ne me plairait pas. Mais aussi que la situation de ce soir n'avait rien à voir avec ça. Il sait que j'ai toujours eu un faible pour lui et - une fois de plus - il en joue pour gagner la partie. C'est une des raisons pour lesquelles je n'avais aucune envie d'emménager ici. Sun est ma faiblesse et peu importe le temps qui passe, il a toujours un pouvoir sur moi que je ne peux nier. Alors que l'on se défie du regard, ma colère se mue peu à peu en peine profonde. Pourquoi prend-il tant plaisir à remuer le couteau dans la plaie ?

- Ça me briserait sans doute le cœur. Mais ça, ça ne t'a jamais arrêté.

La tristesse est aussi lisible sur mes traits que perceptible dans ma voix qui se brise subtilement. Je suis fatiguée. Fatiguée de me battre avec lui sans cesse et d'arriver toujours au même résultat. Le schéma se répète, encore et encore, depuis des années. La poigne de Sun se desserre légèrement et sa main remonte le long de mon bras pour venir se poser contre ma joue. Ma peau est parcourue de frissons si délicieux qu'ils en deviennent douloureux.

SUNSETOù les histoires vivent. Découvrez maintenant