SUNSET

Chapitre 30 - C'était le deal, non ? (2)

— Laisse tomber, Sun. Rentre chez toi.

J'essaie de refermer la porte, mais il glisse son pied dans l'encadrement avant que je n'aie eu le temps de le faire. Je ne suis pas vraiment surprise de son insistance. Quand Sun a une idée en tête, il est difficile de la lui faire démordre.

— Hors de question, grogne-t-il en repoussant doucement la porte pour me faire face à nouveau.

Dans le salon, j'entends Brooke qui se lève pour me rejoindre. Pendant une seconde, je crois qu'elle va me servir d'excuse pour envoyer balader Sun, mais ma meilleure amie ne semble finalement pas prête à faire tampon entre nous deux.

— Je vais y aller, moi. On s'appelle plus tard, Neela, OK ? lance-t-elle en nous rejoignant dans l'entrée.

Elle prend toutefois le temps de jeter un regard assassin, dépose un baiser sur ma joue et disparaît dans le couloir. Je me retrouve alors seule face à Sun qui profite de la sortie de Brooke pour pénétrer dans mon appartement.

— Eh ! Qu'est-ce que tu fais ? protesté-je.

— Il faut qu'on parle.

— Si c'est encore pour me blâmer de tous les malheurs du monde, je ne suis pas intéressée.

Un râle agacé quitte les lèvres du bellâtre alors qu'il fait quelques pas dans mon appartement. Finalement, il s'adosse contre mon plan de travail et reporte son attention sur moi. Pendant une seconde, il reste là, à me fixer, semblant chercher ses mots.

— Je suis désolé, OK ? J'étais sur les nerfs et j'ai dit n'importe quoi. Ce n'est pas une excuse, mais je ne pensais absolument pas ce que je disais.

— Tu as raison, ce n'est pas une excuse. Je comprends ta colère, ta frustration et ta douleur, mais je n'y étais pour rien et ça m'est retombé dessus.

— Corazon... tente-t-il en s'approchant de moi.

— Non, protesté-je. C'est toujours la même chose avec toi. Tu souffles le chaud et le froid et c'est toujours moi qui suis blessée. J'en ai assez !

Il essaie de s'approcher à nouveau, mais je recule instinctivement et la lueur douloureuse que je lis dans son regard fait échos en moi. Mais je dois être forte, je ne peux retomber dans une situation qui me fera du mal.

— J'ai merdé... et pas que ce soir, admet-il. Mais j'ai besoin d'une dernière chance.

— Tu en as eu tellement des chances, soupiré-je en baissant le regard.

Tous les deux, debout dans mon appartement, on semble être face à une impasse. Je ne sais même pas pourquoi il tient tant à ce que je lui pardonne. On ne fonctionne visiblement pas. Malgré toutes nos tentatives, nous n'arrivons jamais à être sur la même longueur d'onde.

— Donc tout est fini, c'est ça ?

La colère dans la voix de Sun est indéniable lorsqu'il prononce ces mots. Pourtant, j'y lis une certaine fragilité qui me surprend.

— C'était le deal, non ?

Il faut l'admettre, une part de moi se délecte de la frustration sur son visage. Pour une fois, les rôles semblent s'inverser. Alors, cette fois, lorsque Sun s'approche de moi, je le laisse faire. Il me toise et la tension dans son regard est grisante. Lorsqu'il est assez près, il pose une main contre mon cou. La chaleur de sa peau me donne paradoxalement des frissons.

— C'est vraiment ce dont tu as envie ? demande-t-il.

Il sonde chacune de mes expressions comme s'il tentait de déchiffrer une énigme impénétrable. Comment fait-il pour ne pas comprendre ? Est-il aveugle à ce point ?