Chapitre 26 - Tu te fais des films (2)

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Et c'est finalement le bruit de la porte d'entrée qui me fait sortir de mes pensées. Pendant une seconde, j'imagine que c'est Brooke qui revient pour que l'on ne se quitte pas sur ces mots durs, mais c'est Sun que je vois entrer dans l'appartement. Lorsqu'il croise mon regard, il semble immédiatement concerné par ma mine défaite.

— Tout va bien ? s'enquit-il. Je viens de croiser Brooke à l'entrée de l'immeuble, elle m'a grogné dessus.

Je pousse un profond soupir et m'adosse plus profondément dans le canapé, comme si je pouvais disparaître entre les coussins.

— On s'est un peu pris la tête, me contenté-je de répondre dépitée.

— Quoi ? Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Sun me rejoint et pose une main sur mon genou, prêt à m'écouter. Et pour une fois, je me laisse complètement aller. Je lui explique tout ce qu'il s'est passé avec Brooke, à quel point je me sens coupable, comme je suis frustrée de lui mentir et comme j'ai peur de la perdre. Une vague de sentiments confus s'échappe de mes lèvres et ça fait tellement de bien d'être pleinement honnête sur ce que je ressens contrairement à d'habitude.

Je lui dis tout... ou presque. Au cœur de ce flot d'honnêteté, j'aurais sans doute dû lui avouer qu'il me rend complètement folle et que je vis dans l'angoisse du moment où tout s'arrêtera entre nous. Mais ce n'est pas le sujet et cela m'arrange bien.

— Je suis désolé, c'est de ma faute tout ça, s'excuse-t-il.

Je suis surprise par son regard coupable. Je ne cherchais pas à tout lui remettre dessus. Je n'ai pas été une bonne amie, il n'y est pas pour grand-chose.

— Ne dis pas ça. On était tous les deux d'accord pour garder notre relation secrète.

— Le but n'était pas de compliquer un peu plus ta vie.

Je ne peux retenir un bref rire à ces mots.

— Bien sûr que tu me compliques la vie, mais je ne suis pas du genre à faire dans la simplicité.

Sun ne semble pas convaincu par cette réponse, alors je reprends :

— Et puis, si j'ai accepté notre petit arrangement, c'est que j'y trouve mon compte. J'aurais simplement dû être un peu plus attentive à tout le reste également.

— Pour moi aussi c'est difficile de penser à autre chose que toi ces temps-ci, admet-il à demi-mot.

Ses mots me font immédiatement tiquer. Est-ce que j'ai bien entendu ? Je hante ses pensées ? Une nouvelle fois, je me prends à rêver que lui non plus ne se satisfait plus de notre accord. Une douce chaleur me monte aux joues, mais avant que j'aie pu répondre, il change de sujet.

— Tiens, je t'ai ramené ça.

Et alliant le geste à la parole, il pousse vers moi une petite boite en carton blanc qu'il avait précédemment posée sur la table basse. Surprise, je lui adresse un regard interrogateur, mais il se contente de me sourire en m'invitant à ouvrir son cadeau. Alors, je m'exécute sans me faire prier et découvre une appétissante et généreuse part de fraisier. L'odeur sucrée des fruits rouges vient immédiatement chatouiller mes narines et j'en ai l'eau à la bouche.

— D'où est-ce que tu sors ça ?

— J'étais au restaurant et je me suis souvenu que c'était ton gâteau préféré.

— Oh. C'est gentil merci.

Une nouvelle fois, cette petite attention me touche. Ces derniers temps, j'ai l'impression de découvrir une nouvelle part de Sun. Il est plus ouvertement attentionné, plus ouvert tout court. Et il faut admettre que ce n'est pas pour me déplaire. C'est sans doute un peu dangereux pour mon cœur qui bondit dans ma poitrine à chacun de ses sourires. Mais la douceur de nos moments ensemble est bien trop délicieuse pour m'inquiéter de l'avenir.

SUNSETOù les histoires vivent. Découvrez maintenant