Chapitre 25 - Je vais tout casser (2)

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Elle soupire profondément et son visible agacement ne fait que me tendre un peu plus. Mais cette fois, je n'ai pas envie de me battre.

— C'est bon, tu peux retourner t'amuser, me contenté-je d'ajouter.

—Arrête Sun, je ne vais pas te laisser là comme ça.

— Pourquoi pas ? Je suis « juste un pote » après tout.

Cette fois, elle a un mouvement de recul. Je relève le regard pour découvrir son expression outrée.

— Quoi ? Qu'est-ce que tu sous-entends là ? C'est un problème que je t'ai présenté comme un ami. C'est ce que tu m'as demandé, je te rappelle.

Elle a raison et je sais que mon comportement n'a aucun sens. Mais j'ai du mal à contrôler ma jalousie. Frustré par cette situation, je me relève pour faire quelques pas loin d'elle.

— C'est bon, je sais. Mais, tu n'étais pour autant pas obligé d'y prendre autant de plaisir.

— Tu préférerais que je pleure de désespoir en disant qu'on n'est pas ensemble, c'est ça ?

—Arrête, ce n'est pas ce que je dis.

— Tu aimes beaucoup trop me voir à ta botte, me coupe-t-elle. Je ne suis plus la petite fille qui te courrait désespérément après.

Elle s'emballe et je n'ai même pas la force de la contredire. Bien sûr que je n'aime pas la voir attristée. Encore moins si c'est de ma faute. En réalité, je ne comprends moi-même pas cette frustration qui me ronge. Elle respecte nos règles et c'est ce que je veux. Sauf que paradoxalement, je déteste ça.

Peut-être a-t-elle raison en un sens. Peut-être était-ce plus facile de résister à mes sentiments quand je la voyais n'avoir d'yeux que pour moi. Ça me rassurait sûrement un peu. Cette pensée me révulse. Suis-je vraiment ce genre de type ? « Si je ne peux pas t'avoir, personne ne t'aura » ? Non, je me refuse à tomber aussi bas.

— Je sais, je sais, je suis désolé, me reprends-je aussitôt. Fais comme si je n'avais rien dit, c'est stupide.

Pourtant, elle ne semble pas décidée à lâcher l'affaire aussi facilement. Connaissant Neela, ce n'est pas très étonnant.

— Oui, c'est stupide ! Tu poses des limites et tu m'en veux parce que je les respecte. Tu n'as plus l'air de savoir toi-même ce que tu veux.

Elle a raison. Ça m'énerve, mais elle a raison. Les poings serrés, je m'arrête pour l'observer une seconde. Elle est toujours assise sur la première marche du perron et suit chacun de mes mouvements du regard. Elle est si belle dans sa robe de soirée. Sa moue contrariée ne me donne qu'un peu plus envie de la dévorer. C'est fou comme je me sens perpétuellement attiré à elle comme à un aimant. On a beau se disputer, se chercher, se piquer encore et toujours, j'ai toujours envie de la serrer dans mes bras.

— Peut-être que je ne le sais plus tout à fait, tu as raison.

Et face à ces mots, elle m'adresse un regard empli de méfiance. Un peu comme si elle attendait que j'en dise plus tout en sachant que je ne le ferais pas. Pendant quelques secondes, on reste immobile à se défier des yeux en silence. Elle cherche des réponses que je n'ai pas. Je m'en veux. Finalement, elle semble baisser les bras et se relève à son tour.

Sans rien ajouter, elle s'approche de moi et à ma plus grande surprise, elle m'enlace en soupirant. Sa tête se pose contre mon torse et toutes les connexions de mon cerveau semblent s'électriser en même temps. Elle est en colère, pourquoi me fait-elle un câlin ? Est-ce qu'elle est fatiguée de se battre elle aussi ? Il ne sert à rien de réfléchir plus longuement alors, je me contente de lui rendre son étreinte en la serrant fort contre moi.

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