Chapitre 22 - Sexy Sculpteur (2)

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— Donc, tu fais de moi un objet pour vendre, s'offusque-t-il faussement avant de mimer une moue exagérément choquée. Ce n'est pas très 2023, moi qui te pensais féministe.

Je lève les yeux au ciel, comprenant parfaitement qu'il essaie juste de me contredire pour le plaisir de me contredire. Et son petit sourire narquois me le confirme parfaitement.

— Oh, ça va. On placarde des femmes à moitié nues aux quatre coins des villes pour faire vendre tout et n'importe quoi. Je pense que quelques abdos découverts ne tueront personne. Au fond, tout le monde à poil, c'est ça l'égalité, non ? me moqué-je.

— Quelle excellente idée ! s'exclame-t-il.

Soudainement, son air malicieux ne m'évoque rien qui vaille. Ni une, ni deux, il passe un bras dans mon dos et l'autre derrière mes genoux. Avec facilité, il me soulève de ma chaise pour me ramener contre lui.

— Hey ! Mais qu'est-ce que tu fais ? m'écrié-je en me débattant vaguement.

— Tu as dit « Tout le monde à poil », se défend-il dans un haussement d'épaules.

J'ai à peine le temps de froncer les sourcils qu'il me dépose sur le canapé pour venir s'allonger sur moi. À nouveau, je feins de me débattre, mais je ne peux retenir un rire devant son enthousiasme alors qu'il enfouit son visage dans mon cou.

— T'es intenable, le réprimandé-je faussement en l'enlaçant tendrement.

— Je connais une chose que tu peux tenir, si l'envie t'en dit.

Son air taquin et sa blague lourde me font lever les yeux au ciel, mais la légèreté de cet instant n'en est pas moins rafraîchissante. Il pose sa tête contre ma poitrine et pousse un long soupir.

— Je suis si bien avec toi, murmure-t-il.

Et il a raison. Tout semble si évident quand on est dans les bras l'un de l'autre. Jamais je n'ai été aussi apaisée auprès de qui que ce soit. La chaleur de son corps contre le mien, son regard plein de désir, ces gestes tendres : il m'hypnotise. Et je me surprends à me demander si ce bonheur pourrait durer plus longtemps que prévu. Je suis obligée de l'admettre, mon cœur espère. J'ai eu beau tenter de le nier pendant des années, j'aime cet homme depuis le jour où l'on s'est rencontré. L'avoir enfin pour moi me donne envie de m'accrocher à lui comme à une bouée de sauvetage.

Et il ressent la même chose. Je le vois dans ses sourires, dans ses étreintes, dans son regard brûlant et passionné. On pourrait être heureux. Pleinement heureux. Commencerait-il à l'accepter ?

— Toi et moi, comme ça, c'est parfait, continue-t-il. Pas de complication, pas besoin de penser au lendemain, pas d'inquiétude. Tu es vraiment tout ce dont j'ai besoin.

J'aurais peut-être dû prendre ces mots comme un compliment, mais au fond de moi la déception gronde. Finalement, il ne me voit toujours que comme un plan cul sans prise de tête, rien de plus. C'est difficile à avaler, mais j'ai accepté le deal. Je ne peux pas me plaindre à présent. Je voulais tant être avec lui que j'ai accepté de mettre mes sentiments et ma fierté de côté. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Il ne comprendra jamais ce que je ressens.

Il ne comprendra jamais à quel point je l'aime.

Le pire est que je n'ai pas envie d'arrêter pour autant. Je le veux. Lui. Et je prendrais tout ce que je peux avoir. C'est pathétique, j'en ai conscience. Mais Dieu que c'est bon. Alors, je me contente de glisser une main sur sa joue pour l'inciter à relever le regard. J'admire un instant l'intensité de ses yeux sombres avant de venir déposer mes lèvres contre les siennes. Il répond à mon baiser avec douceur, mais rapidement, sa bouche se fait plus mordante pour mon plus grand plaisir.

Entre nous, la moindre étincelle attise les flammes.

***

Le jour de l'exposition arrive encore plus vite que je ne l'avais imaginé. Sun a réussi à choisir et finir ses sculptures à temps, poussé par l'inspiration des artistes de génie. Et, finalement, le jour J tout est prêt. Les sculptures sont livrées à la galerie par camion et je bouillonne d'excitation en les voyant arriver.

— Attention, s'il vous plait, c'est fragile !

Je ne peux m'empêcher d'interpeller les livreurs, une pointe d'anxiété dans la voix. Pour l'instant, tout se passe comme sur des roulettes. Mais je ne suis pas sereine pour autant. Je joue le début de ma carrière ce soir. J'essaie de rester zen pour ne pas stresser l'artiste plus que nécessaire, mais je ne suis pas sûre de faire illusion.

Les livreurs donnent le relais aux employés de la galerie et Sun les aide à déballer ses œuvres avant de donner ses directives pour le placement dans la pièce. De mon côté, je passe quelques coups de fil pour m'assurer de la présence de quelques médias locaux et je règle les derniers détails. Je suis d'ailleurs perdue dans les notes de mon téléphone quand June s'approche de moi, me faisant presque sursauter.

— Vous ne vous arrêtez pas une seule seconde, hein ?

Elle me sourit en me tendant un verre d'eau et je la remercie du regard.

— C'est mon travail, confirmé-je.

— La presse, la communication, l'administratif, les contrats, l'intermédiaire artiste/galerie, ne pensez-vous pas que c'est un peu trop pour une personne ?

Sa question me prend un peu au dépourvu. Pendant une seconde, j'ai l'impression qu'elle juge la petite taille de mon agence. Effectivement, je n'ai pas pléthore d'employés prêts à courir aux quatre coins de la ville si besoin. Je dois courir seule.

Mon manque de confiance en moi me fait craindre que la propriétaire trouve cela peu professionnel. Toutefois, je finis par constater une réelle curiosité dans son expression. Elle n'a visiblement pas l'habitude de travailler avec des débutants et se demande sincèrement comment je m'en sors. Mais je me rappelle qu'elle me donne ma chance malgré tout et cela me rassure quelque peu.

— Un jour, j'aurais toute une équipe à mes côtés. Mais pour l'instant j'apprécie l'idée d'être capable d'avoir toutes les casquettes et de les perfectionner. J'ai toujours été très polyvalente.

— Mh, je vois. Ne vous tuez pas à la tâche, tout de même. Ce serait regrettable que l'exposition soit gâchée parce que vous vous étalez de fatigue sur le sol de ma galerie.

June m'adresse un sobre sourire en coin moqueur et j'acquiesce confiante.

— Ne vous en faites pas, tout ira bien et l'exposition sera un succès.

— Je n'en doute pas, le Sexy Sculpteur a déjà fait gagner plusieurs dizaines d'abonnés aux réseaux de la galerie.

— Ne m'appelez pas comme ça ! intervient Sun à l'autre bout de la pièce, un air renfrogné sur le visage.

Et nous pouffons toutes les deux de rire avec complicité. À cet instant, j'en suis certaine, cette journée ne peut que bien se dérouler.

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