Chapitre 5 - Si tu rouvres cette porte... (2)

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À la fin de la soirée, Oliver propose de me ramener et j'accepte volontiers. Il me raccompagne devant la porte du duplex et je le remercie une fois de plus, autant pour ses informations professionnelles que pour sa compagnie et ce très agréable dîner.

- Tout le plaisir était pour moi. J'ai passé une très bonne soirée, m'assure mon ami.

- Moi aussi, on devrait faire ça plus souvent.

- Je suis toujours partant lorsqu'il s'agit de passer du temps avec toi.

Il affiche un sourire charmeur et prend doucement ma main. Son geste me semble anodin et il le fait avec tant de naturel que je ne me pose pas plus de questions. Toutefois, sa main effleure ma peau pour remonter doucement le long de mon bras et le regard qu'il m'adresse m'apparaît soudainement bien moins innocent.

- Bon et bien... bonne nuit, lancé-je un peu gênée.

- Bonne nuit, rétorque-t-il dans une moue taquine.

Il s'approche de moi et je panique. Son attitude me laisse assez vite deviner où il veut en venir. Je n'ai jamais envisagé plus qu'une amitié avec Oliver. Certes il est très beau et tout aussi gentil. Mais je n'ai pas envie de compliquer notre relation avec une histoire de cœur qui finirait forcément en catastrophe. Comme toutes les autres. Sa main libre glisse autour de ma taille et je me fige. Il ne semble pas sentir mes réticences puisqu'il m'attire à lui pour me serrer un peu plus. Sa seconde main remonte le long de mon bras et effleure doucement mon cou pour se placer contre ma nuque et son étreinte se fait emplie d'une certaine sensualité. Prise de court et sous le choc, je ne sais pas immédiatement comment réagir. Mais alors qu'il s'approche encore pour se pencher sur mes lèvres, je détourne le visage.

- Oli, attends, je...

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Ne me dis pas que tu ne sens pas cette connexion entre nous.

Il tente un nouveau rapprochement, mais je résiste encore. Oliver semble plus bouillant que je ne m'en étais rendu compte. Peut-être a-t-on un peu forcé sur le vin. Il ne me relâche pas immédiatement, mais je ne me débats pas vraiment non plus. Il ne me fait pas peur et même s'il est un peu pressant je ne crois pas qu'il soit dangereux. Je recule tout de même mon visage au cas où une nouvelle folie lui prendrait.

- On est collègues, on est amis, c'est ça notre connexion.

- On était collègues, rectifie-t-il. Maintenant, on est libre de faire ce qu'on veut sans avoir à en informer les RH.

Je lève les yeux au ciel devant cet argument loin d'être convaincant. Mais derrière son air amusé, je comprends que même lui n'est pas tout à fait sérieux. Je me défais de son étreinte, mais garde ma main dans la sienne avec tendresse.

- Je crois que tu as trop bu, tu ferais mieux de rentrer chez toi.

- Ou tu pourrais m'inviter chez toi, insiste-t-il dans un sourire qui se veut charmeur, mais que je reconnais comme clairement alcoolisé.

C'est la première fois que je le vois comme ça et un rire m'échappe devant sa mine de séducteur en carton. Cependant, je n'ai pas le temps de lui répondre quoi que ce soit puisque la porte d'entrée qui s'ouvre nous interrompt. Dans son encadrement Sun apparaît et son expression furieuse ne laisse aucun doute sur son état d'esprit. Sans attendre, il m'empoigne par le bras et m'attire à l'intérieur, me forçant à lâcher la main d'Oliver.

- Ce n'est pas chez elle, crache-t-il sur un ton cinglant avant de claquer la porte au nez de mon ami.

J'ai à peine le temps de réaliser ce qu'il se passe que je me retrouve entraînée dans l'appartement, face à un Sun bouillant de rage. Il est torse nu et je ne peux qu'être distraite une seconde par l'abondance de tatouage qui serpente sur son torse pour mettre en valeur sa parfaite musculature. Je n'ai pas le temps de détailler tous les dessins qui marquent sa peau mais celui qui attire mon attention c'est la très poétique représentation d'une éclipse au niveau de son cœur. Je n'aurais jamais pensé que Sun était branché astronomie. J'ai comme une envie de retracer chaque ligne de ses tatouages du bout de mes doigts. Le pire est sans doute que son expression tendue ne le rend qu'un peu plus beau. Je me déteste d'être aussi faible face à lui mais j'essaie de garder la tête froide et de comprendre ce qu'il est en train de se passer.

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