- Mathéo ! Merde dis moi ce qui se passe là ? Tu connais ces types ? Tu sais qui ils sont ? On est bien d'accord que leurs yeux ne sont pas normaux ? Je ne suis ni en train de rêver, ni en train d'halluciner, demandais-je en me pinçant.
Mais muet comme une tombe, le meilleur ami de mon frère observe la dizaine de types faire leur entrée dans la pièce. Et lorsqu'ils bloquent la porte du gymnase, la tension monte d'un cran. Les réactions tardent, tout le monde semble en train d'analyser la scène comme si à tout moment ils allaient nous annoncer que tout ce cirque n'était qu'une plaisanterie et qu'ils ne voulaient de mal à personne. Même cette révélation tarde, et une voix me souffle qu'elle n'arrivera sans doute jamais.
Le téléphone de Mathéo sonne, et c'est le seul moment où je le vois quitter le groupe des yeux. Il décroche, et ses muscles se bandent sous son tee-shirt, au moment même où son visage se ferme. Mais je n'ai pas le loisir de m'y intéresser plus longtemps puisque quelqu'un parle. Une voix ferme, puissante, autoritaire, et aussi menaçante s'élève, faisant taire tous ceux qui n'avaient pas encore cessé de discuter.
- Que personne ne bouge. Le premier qui tente le moindre mouvement finit déchiqueté sous mes crocs, annonce-il en ouvrant grand la bouche.
Ou devrais-je dire la gueule ? Car clairement, ce n'est pas des dents qu'il a, mais des cocs. Et plus je l'observe, plus je comprends que chez lui rien ne semble humain. Sa taille démesurée, sa posture à demie pliée comme s'il était prêt à sauter sur une proie, ses yeux, son visage, ses crocs, ses griffes aussi. Ce simple constat me terrifie. Des crocs et des griffes. Ce type a des putains de crocs, et des putains de griffes !
Par pur instinct, je m'éloigne encore d'un pas, les yeux écarquillés. Une main attrape la mienne, et sans surprise il s'agit de celle de Mathéo, son pouce caresse le dos de ma main comme s'il cherchait à me réconforter. Et bien que son contact soit gelé, il me réchauffe à l'intérieur.
- Mathéo, le suppliais-je du regard, c'est quoi ça ?
Nos yeux sont plongés les uns dans les autres, on communique silencieusement, mais ce que je lis ne me plait pas. Vraiment pas. Une excuse silencieuse, des regrets, de l'inquiétude, de la détermination, il y a tellement de chose dans son regard que je m'y perd.
- Ça va aller, tout va bien se passer, murmure-t-il d'un ton pourtant apaisant. Reste auprès de moi, et fais simplement ce que je te dirais.
- Faites ce que nous vous dirons et tout se passera bien, dit-il tandis que ses amis s'approchent.
Ils viennent de renifler, à la manière d'animaux. Quelqu'un parle enfin, un lycéen bien téméraire.
- C'est quoi ce bordel mec ? C'est pas encore halloween donc emmène toute ta clique ailleurs et laisse nous terminer notre soirée.
Je ne sais pas qui a parler, et j'espère pour lui que ces types ne le savent pas non plus car leur avertissement a été limpide. Et s' ils n'y croient pas, ce n'est pas mon cas. Ils ne semblent clairement pas déguisés.
Et comme pour leur montrer, des grognements menaçants lui répondent. Celui aux yeux rouges va même jusqu'à attraper une fille par la gorge et la soulever du sol. Ses griffes transpercent sa peau, des ruisseaux de sang coulent, et les gémissements de la pauvre témoignent de la douleur qu'elle ressent. Les quelques murmures d'approbation qui avaient traversés la salle après l'intervention du lycéen se taisent.
- Ils vont la tuer, murmurais-je la gorge serrée en tentant toujours de comprendre la scène qui se déroule.
Mais l'air agacé, l'homme à moitié bête jette sa victime sur la foule, créant de nombreuse chutes.
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My destiny ( Terminé )
ParanormalTout était faux. Son identité, son enfance, sa vie entière. Ils pensaient pouvoir la protéger mais se trompaient. Les secrets ne le restent jamais definitivement. Et quand enfin la vérité éclate, il y a des reproches, de la tristesse, et peut-être...