Je ne distingue plus quelles sont les émotions de Rayna et les miennes. Elles se mélangent pour créer un cocktail parfait. Ça bouillonne en moi, enflammant chaque parcelle de mon être. Le temps ne reprend son court que lorsque ma lame, que je balance, trouve sa place dans la cuisse du vampire. Cela suffit à le faire tituber et lâcher Jaylen qui s'écrase lourdement au sol, blanc comme un linge. Le vampire semble irrité de mon intervention et un rictus mauvais étire ses lèvres. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne sait pas ce qu'il vient de déclencher, qui il va affronter.
Je sent mon cœur augmenter sa cadence tandis que je me jette à une vitesse incroyable sur le vampire. Boum boum boum boum boum. Une chaleur familière irradie mes yeux, signe que mes pupilles sont à présent celles de ma louve. Rayna est là, elle ne dirige pas, du moins pas toute seule.
Tue le, me chuchote Rayna. Mon second couteau se plante dans son flanc avant que je ne le retire d'un geste sec. Ne la laisse pas t'envahir. D'un coté l'envie de le faire souffrir, de l'autre ma conscience. A nouveau une giclé de sang mais cette fois-ci dans son dos, en plein milieu de sa colonne. Un autres coup au niveau de sa clavicule. Stop, arrête ca. Je sens que le coup fatale approche, l'envie irrépressible de planter ma lame en plein dans son cœur. Protège le. Un craquement sinistre résonne dans mes oreilles. Puis un soupire de soulagement m'échappe. J'ai le cœur au bord des lèvres.
Pourtant je n'arrive pas à m'en vouloir, j'ai la sensation d'avoir agie de la bonne façon. Je l'ai protégé et c'est tout ce que mon esprit retient.
- Tu devrais partir !
Je me retourne surprise, avec tout le bruit environnant je n'avais pas entendu Raphaël arriver. Il n'est pas le seul à m'avoir rejoint, je remarque seulement maintenant que mes gardes du corps sont de retour.
Mon regard retombe sur Jaylen, il a reprit conscience mais est visiblement faible.
-Ava !
- Je- Je peux pas. Vous avez besoin d'aide, je partirai à la fin.
La bataille n'est pas la seule raison, certes je n'ai pas envie de les laisser seuls mais c'est surtout que pour le moment, tout mon corps me crie de rester auprès de mon compagnon.
- Je ne peux pas, pas maintenant, insistais-je, balançant ma tête de gauche à droite devant le regard appuyer et réprobateur de mon frère.
Un grognement de douleur me fait tourner brusquement la tête. Je tente un mouvement vers Jay avant de me stopper me disant que ça pourrait paraître étrange, plus que ça ne l'est déjà.
- Je viens avec vous.
Comme s'il avait comprit ma réticence à partir, Jaylen se remet sur pieds. Sa voix est fatiguée, presque vide mais elle fait bondir mon cœur.
- Elle pourrait avoir besoin de moi.
Mon frère doit se dire que puisqu'il est un loup, s'il se passe un truc avec moi, il pourra gérer. Alors que moi j'ai compris l'autre raison, la vrai. Je hoche donc la tête, puis d'un mouvement assuré, je fais passer le bras du loup sur mes épaules, pour l'aider à se soutenir. Il ne commente pas. Personne ne le fait. Mais je peux sans peine sentir le regard suspicieux et même sûrement contrarié de Mathéo.
- Vous pouvez prendre ma voiture, celle garée devant la maison. Les clés sont sur un des portes manteaux dans l'entrée. Partez maintenant.
Aedan vient rapidement prendre le second bras du loup et nous faisons de notre mieux pour avancer rapidement. Mais à la vitesse où nous allons, nous ne serons pas arrivés avant un bon moment.
Résolue et sûre de moi, je fais signe à mon lié de soutenir seul Jaylen, je lui fourre mes vêtements sur l'épaule. En me déshabillant, je tente de faire abstraction de certains regards appuyés. A savoir ceux d'un loup blessé et d'un petit ami jaloux. Aedan lui, a détourné les yeux tout comme mon frère que je vois fixer Mathéo avec des lasers à la place des yeux.Lorsque je suis en sous vêtements, je demande à Rayna de m'aider à me transformer. Si ce n'est pas elle qui le fait, je ne suis pas sûre d'en être capable. Une fois recouverte de poils, je m'abaisse suffisamment bas pour faire comprendre à Aedan de monter. Je prendrais deux passager. Comme ça Mathéo lui aura juste à transporter mon frère.
Une fois les deux installés, je m'élance aussi rapidement que possible. Enfin en faisant tout de même attention à ne pas perdre de passagers en chemin. Mathéo me dépasse à une cinquantaine de mètres du village.
- Attention, entendis-je hurler.
J'ai tout juste le temps de sauter pour éviter un loup qui s'explose contre un arbre. Je sens les mains de Aedan agripper fortement mon poil. Je prie intérieurement pour que mon geste brusque ne fasse pas tomber Jay qui est à moitié inconscient. Mais visiblement mon lié doit le tenir puisque qu'aucun des deux ne finit au sol.
A peine réceptionnée, je reprends ma course en accélérant à nouveau. Ce n'est que devant la maison que je m'autorise à ralentir. La voiture est déjà démarrée, le moteur ronronne tandis que mes amis quittent le confort de mon dos. Lorsque je reprends forme humaine mon frère m'enroule directement dans un plaide en prenant bien soin de fermer les yeux.
Je prends place sur le siège arrière au milieu, Mathéo à ma droite et Jay à ma gauche. Une fois Aedan devant le volant, la voiture démarre dans un bruyant crissement de pneus.
La tête du loup se pose soudainement sur mon épaule nu, me provoquant un petit frisson et me surprenant surtout. Une seconde je me demande si il est mort mais les battements de son cœur et le souffle que je sens sur mon épiderme finissent de m'apaiser. Je ne fais aucun geste pour l'éloigner.
Ce qui me vaut à nouveau un regard bien appuyé de mon copain. Comme pour me rappeler qui il est, il pose sa main sur ma cuisse, y formant de petits cercles de son pouce. Geste purement possessif. Puis il dépose un baiser sur ma seconde épaule comme pour montrer que lui aussi peut y toucher.
Lorsque l'on passe la frontière du territoire, mon cœur se serre. Je viens de quitter un endroit que j'ai durant un mois considéré comme un chez moi.
Ma main attrape celle de Mathéo, pour y rechercher un peu de réconfort et aussi tout simplement sa proximité. Il entrelace nos doigts sans jamais rompre le contact qu'il a établi avec ma cuisse.
Ce n'est qu'en passant mon regard sur le rétroviseur que je me rends compte de l'état dans lequel je me trouve. Contrairement à mes amis qui sont toujours relativement propre, mon visage est parsemé de gouttes de sang. Je fais vraiment peur à voir. Nous devrons trouver un moyen de nettoyer tout ça avant de sortir de la voiture, histoire de ne pas se retrouver avec des flics sur le dos et soupçonnés de meurtres.
Je vois du coin de l’œil mon frère composer un numéro sur son téléphone et apporter celui-ci à son oreille. Il parle rapidement au combiné et au vu du sujet de la discussion, j'en conclu qu'il laisse un message pour Erik.
Je soupire lourdement. Lorsqu'à nouveau j'exerce une pression sur la main de mon copain, il vient me déposer un second baiser juste au dessus de ma clavicule. Je ferme une seconde les yeux face à la douceur de son geste puis je laisse un nouveau soupire m'échapper.
Mathéo dépose encore quelques baisers le long de mon cou, avant d'atteindre ma mâchoire, mon menton, puis mes lèvres qu'il butine avec légèreté. De son autre main, il vient m'attraper le visage, son pouce et son index de chaque côté de ma mâchoire. Puis il redépose ses lèvres sur les miennes avec plus d'avidité.Une sensation agréable prend place dans mon ventre. Avant que la bulle dans laquelle nous nous étions plongée n'éclate au raclement de gorge équivoque de Ivan. Je m'empourpre légèrement, me foutant une claque mental, ce n'est ni le lieu, ni le moment. Mon vampire pousse un petit soupir frustré d'avoir été interrompu. Dans le rétro je peux voir le regard rieur que m'adresse mon protecteur ainsi que celui gêné de mon frère.
Celui-ci le détourne rapidement lorsque son téléphone sonne. Il répond en une demi seconde.
- On va à l'aéroport, indique-t-il a notre chauffeur.
Quelques minutes plus tard, il raccroche.
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My destiny ( Terminé )
ParanormalTout était faux. Son identité, son enfance, sa vie entière. Ils pensaient pouvoir la protéger mais se trompaient. Les secrets ne le restent jamais definitivement. Et quand enfin la vérité éclate, il y a des reproches, de la tristesse, et peut-être...