Chapitre 40

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Ilonna me jette un regard appuyé, elle me demande silencieusement si ça va ou si elle doit intervenir. Je lui fais un sourire accompagné d'un signe de tête pour lui signifier que ça devrait bien se passer. Nous nous éloignons de la soirée, et slalomons entre de nombreux arbres. La légère brise de vent qui fait voler nos cheveux m'apporte par la même occasion l'odeur du loup devant moi. Et cela suffit à apaiser ma louve qui était plutôt à cran en son absence. 

Nous marchons un bon moment. Si moi je ne sais pas où nous allons, Jaylen lui semble parfaitement connaitre l'endroit et la destination. Je dois bien avouer que son comportement m'étonne.  Il est étonnement gentil et prévenant. Du moins de ce qu'il me montre.  Lorsque je suis un peu trop loin derrière lui, il veille à s'arrêter quelques instant pour m'attendre, gardant tout de même un peu de distance. Il va même jusqu'à tenir certaines branches sur notre passage. En clair, il n'a rien de l'homme qui est partie il y a une semaine. J'en viens même à penser que le vrai a été kidnappé par des extraterrestres et que celui à mes cotés n'est autre qu'une imposture. Hypothèse que je mets vite à la poubelle en me souvenant que les ovnis n’existent pas. Les loups garous non plus à la base.

Nous arrivons au bord d'un lac et je comprends que c'est là qu'il souhaitait ce rendre quand il s'assoit au bord de celui-ci. Je reste debout une seconde, ne sachant pas quoi faire, puis je décide de le rejoindre.

Je m'installe à coté de lui, laissant tout de même une vingtaine de centimètres entre nos épaules. Un instant je m'attends à ce qu'il fasse un commentaire sur ma proximité, mais rien ne vient. Son comportement en vient même a m'inquiéter. 

- Tu vas bien ?:demandais-je peu sûre de moi. 

Il n'a suffit que de ces simples mots pour que sa tête ne se tourne vers moi. Je peux lire plusieurs émotions sur son visage, sans pour autant réussir à mettre d'étiquettes dessus. 

- Mon père et ma mère étaient âmes sœurs. Et on peut dire que ça ne leur a pas réussi. Ce lien leur a prit bien plus qu'il ne leur à donner. C'est la version courte et simplifier de l'histoire. Bien qu'il s'aimaient, il ne faisaient que se déchirer. Et à chacune de leurs disputes, j'étais là, au milieu. Au fil des années j'ai étais témoin de la destruction de ma famille, sans pouvoir y réagir. 

Voir Jaylen se livrer à moi me touche plus que de raison. Je comprends sans difficulté qu'il ne me dit pas tout, il ne me donne qu'une partie de son histoire et ne me laisse apercevoir qu'une infime partie de l'émotion qui le gagne. Mais cela me suffit. Il me donne enfin une explication à son comportement envers moi. 

- C'est en partie à cause de cette époque de ma vie que je suis comme cela aujourd'hui. Enfin même si je t'ai montré l'un des coté les plus froid de ma personnalité. D'habitude je me contente juste d'être neutre, avec toi j'ai été désagréable. Mais si j'ai réagis comme ça c'est parce que le lien qui nous lis, me rappelle cette partie de ma vie que je préférerai juste mettre sous clefs. J'avais décidé de ne jamais trouver mon âme sœur et quand je t'ai vu, j'ai pensé que l'histoire de mes parents de répéterait pour moi. Et que je vivrais à nouveau ce qui m'a le plus blessé auparavant. 

Mon regard est toujours rivé sur son profil, tandis que le sien fixe la lune bien haute dans le ciel étoilé. Ces yeux cernés semblent nostalgiques. Et bien qu'il tente de la cacher, la tristesse imprégne la moindre parcelle de son être. Ma gore se serre, et je leve la main pour la poser sur son bras. Je m'interromps néanmoins en chemin. Je cligne plusieurs fois des yeux avant de m'obliger à la relâcher. 

- Donc j'ai fais ce qui me semblais le mieux pour me protéger, faire en sorte que tu me déteste. Et que ce soit plus simple pour moi de rester loin de toi. Si tu me détestais, mon loup aurait respecté le fait que tu ne veuille pas que l'on t'approche, il l'aurait comprit et n'aurai rien tenté. Et ça fonctionnait plutot bien au début. Mais au bout de quelques jours à t'éviter comme la peste, il a commencé à ressentir le manque. Et la mission n'a rien arrangé. Il n'a fait que me harceler pour que je revienne, que je t'approche et m'excuse. Mais ce n'est pas seulement pour lui que je suis là, je sais très bien que je me suis mal comporté et je voulais m'en excuser. Malgré tout, ça ne change rien au fait que je ne souhaite pas suivre le lien. 

Mon cœur loupe un battement. Parce qu'il vient de s'excuser ou car il a dit ne pas me vouloir comme âme sœur ? Sûrement un peu des deux. Je suis finalement soulagée de voir que nous sommes sur la même longueur d'onde. Un long silence s'installe entre nous. Avant que je ne le comble en décidant qu'il est temps pour moi de m'exprimer puisque lui semble avoir fini.

- Merci. D'avoir était honnête avec moi et de m'avoir fournit l'explication que je cherchais. Ça me fait même plaisir de voir qu'on est du même avis par rapport à notre lien. Depuis ce jour là, celui où j'ai appris pour le surnaturel, je n'ai plus eu mon mot à dire. J'ai vite compris que je n'avais aucun libre arbitre sur ma vie, que mon destin avait été tout tracé. On a décidé pour moi de ce pourquoi je devais me battre, je n'ai même pas pu décider quelle meute rejoindre. J'ai l'impression que ma vie m'est dictée par ce qui est sensé être ma mission et que je n'ai aucun contrôle. Mais au milieu de tout ca, s'il y a une chose sur laquelle je veux garder ma liberté c'est bien l'amour. J'aimerais aimer non pas parce que quelqu'un en a décidé ainsi, mais juste parce que je suis tombée amoureuse dans les règles de l'art. Je veux choisir la personne avec qui je vais finir ma vie sans y être contrainte. 

Il m'envoie un regard compatissant, un regard qui me réchauffe le cœur. Et pendant quelques secondes, nos yeux ne se lâchent pas. Ce moment avec lui est quelque chose dont j'avais absolument besoin. Il vient de me retirer un poid des épaules. Je me sens à nouveau plus légère. Je m'autorise même un sourire sincère auquel il me répond bien que plus faiblement. 

Nous avons ensuite décidé d'un commun accord de passer quelques moments comme celui ci chaque semaine. Car le lien nous demande de la proximité, voir quelques contacts. A défaut d'être ensemble, nous pouvons devenir ami, un peu comme moi et Aedan. Bien que j'ai quelques doutes, je l'espère tout de même. 

Il m'a raccompagnée devant la maison, dans un silence agréable. Après qu'il m'ai souhaité une bonne nuit je l'ai regardé s'éloigner avant de finalement rejoindre ma chambre. Dans l'intimité de la pièce, je me suis changée, avant de lancer une série. Quelqu'un toque à ma porte.

- Ça te dis un chocolat ? 

Mathéo se tient dans l'encadrement. Il a changé ses vêtements classes contre un simple pyjama. Mon regard se porte sur ses mains qui sont chargées d'un plateau où trônent deux tasses fumantes et un paquet de chamallow. 

Un sourire éclaire mon visage avant que je ne me décale pour lui laisser libre accès à la pièce. Rien de mieux qu'un bon chocolat devant une série. 

- Entre. 

Je fais un aller retour du regard entre le beau blond et l'écran de la télévision.

- Je viens justement de commencer une série, tu veux rester regarder avec moi ? 

- Tu regardes quoi, me questionne-t-il un sourcil haussé. 

- The 100. 

Il hausse les épaules. Je prends cela pour un oui et je l'invite à s'installer sur le canapé. Le plateau posé sur la table basse, je reprends l'épisode du début et j'attrape ma tasse. Le premier épisode se passe dans un silence religieux. Lors du second, mes yeux commencent à se faire lourds, et ma tête se pose d'elle même sur l'épaule du vampire. Comprenant que je ne tarderais pas à m'endormir, je me décide finalement à parler. 

- Tu me plais aussi. Mais pour nous qu'est-ce que ça veux dire ? On est ensemble, on ne l'est pas ? 

Mon état de semi conscience a au moins l'avantage de me rendre moins timide. Dans mon état normal je n'aurais pas demandé cela aussi naturellement. Les doigts du vampire se posent sur ma joue dans un touché légé. Leur fraicheur contrastent avec la chaleur qui émane maintenant de mon visage. 

- Je pense que oui. On peut essayer et voir ce qu'il en résulte . Mais je dois t'avouer que je n'ai absolument pas l'habitude des relations, donc ça sera aussi une période d'apprentissage pour moi. Ne m'en veux pas trop si je suis un peu maladroit. 

J'ai tout juste le temps de comprendre le reste de la phrase avant de finalement m'endormir. Mes dernières pensée furent que cette journée avait été riche en confidences et en informations. Et surtout que j'étais ENFIN avec Mathéo.

My destiny ( Terminé )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant