Chapitre 40

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-T'as vraiment besoin de tout ça ?

Assis sur la valise de Naruto, je relève mes jambes en tailleurs pour le laisser faire glisser la fermeture éclair qui fait des siennes. Cela va faire dix minutes qu'on essaie de la fermer en vain. Et je commence à perdre patience. Pourquoi il lui faut autant d'effets ? Je lui ai pourtant dit qu'on achèterait le nécessaire sur place ! Dans une semaines ses fringues ne lui iront plus alors je ne vois pas pourquoi il s'obstine. De toute façon, je n'ai pas à jouer l'étonné. C'est Naruto. Même s'il est très cher à mon cœur, il reste quand même un crétin entêté.

-Oui et fais plus d'effort tu veux. J'arrive pas à fermer la fermeture éclair. Me répond Naruto en tirant un peu plus sur le zip.

Je lâche un soupir d'exaspération. Nous n'avons pas vraiment parlé de la veille lui et moi. Ce matin - sous son insistance - nous sommes partis prendre le petit déjeuner dehors.

"Pour fêter ton anniversaire" qu'il disait. Je n'ai pas eu la force de lui résister, je sentais qu'il en avait besoin. Malheureusement pour nous, la boulangerie qui nous était si cher - aussi bien au sens figuré que littéral- a fermé. Enfin, pour être plus exact, elle a été déplacée. Ne pouvant pas parcourir une telle distance, on a vite fait d'abandonner et de se rabattre sur le premier café qui était sur la route du retour.

J'aimerais lui parler sérieusement de nous. Mais je ne sais pas vraiment comment exprimer ce que je ressens. Contrairement à Naruto, mettre des mots sur mes sentiments n'est pas quelque chose dont j'ai l'habitude. Quoique ... plus jeune, j'étais un enfant assez expressif. Du vivant de mes parents, je partageais souvent mes ressentis à ma mère et à mon frère. Mes deux vrais piliers. Mais depuis la mort de ma famille, c'est comme si j'avais eu une sorte de déclic en moi. Je n'arrive plus à exprimer ce que je ressens, ni même à vraiment comprendre ce qu'il se passe en moi. J'ai mis du temps à réaliser mes sentiments pour Naruto et à me détacher de cette colère qui a longtemps été ma seule compagne. A présent que j'arrive a me concentrer sur d'autres sentiments, j'essaie au mieux de traduire ces derniers. Ce n'est pas parce que je les éprouve que cela signifie que je les comprends. Cette phase que j'aurai dû traverser durant mon adolescence je la vie maintenant. Je suis submergé par des émotions aussi contradictoires les unes que les autres sans arriver à les définir.

- T'es trop léger. S'exclame Naruto.

-T'as qu'à t'asseoir toi. Dis-je en descendant du lit sur lequel est posé la valise.

-Dis que je suis gros aussi ! On fait presque le même poids je te signale.

Clairement vexé, Naruto monta et s'assit sur la valise. S'affaissant, j'arrive à la fermer sans trop de difficulté. Quand je me redresse, l'expression de son visage me fend le cœur.

-C'est pas ce que je voulais dire.

J'avais deviné que son poids au même titre que son physique était devenu un sujet tabou. Lui, d'une nature si confiante, a complètement changé depuis la grossesse. Ça l'a transformé. Cela fait ressortir un côté bien plus vulnérable de sa personne. Et je dois avouer que j'aime ça. D'une certaine façon, j'ai l'impression qu'il a besoin de moi; que je sers à quelque chose. Qu'il a vraiment une raison de me vouloir à ses côtés et non pas juste le fait qu'il ait pitié de moi.

Ça me rassure.

Toujours assis, Naruto détourne la tête. Je vois déjà ses larmes perler au coin de ses yeux.. D'une mine boudeuse, le blond haussa les épaules en murmurant d'une voix étranglée :

-Je m'en tape.

Il ment.

Il n'a jamais su mentir. Il est bien trop pur pour pouvoir manipuler qui que ce soit. Je réprime un sourire pour ne pas le vexer d'avantage puis essuie du pouce une perle salée avant d'embrasser sa joue.

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