Chapitre 54

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Dans le salon, je fais les cent pas comme un lion en cage. La respiration bruyante, je tremble et j'ai des sueurs froides. Je ne sais pas combien de temps je passe à marcher dans mon appartement, à essayer de me calmer. Quand je parviens enfin à retrouver un semblant de sérénité, je suis roulé en boule sur le canapé. Je ne me rends compte que le jour s'est levé que lorsque j'entends les cris de Himiko dans sa chambre.

-Le soleil est déjà là. Je murmure pour moi-même d'une voix rauque.

Les membres tout engourdi, je me redresse pour aller voir ma fille. Je m'arrête au pas de sa porte en constatant que Sasuke m'a devancé. Un biberon en main, la petite dans les bras, il avance calmement vers le fauteuil à côté du berceau. Je reste interdit. Je me contente d'observer la scène. Je me sens terriblement mal à l'aise. Ma réaction était disproportionnée, j'ai paniqué, et j'ai rejeté Sasuke. Je l'ai pris pour la mauvaise personne. J'ai peur qu'il m'en veuille. Ce ne serait pas étonnant.

Je me sens tellement coupable.

-Tu te sens mieux ? Me demande Sasuke en berçant document notre fille. Aller, Himiko, ouvre un peu plus la bouche.

La gamine proteste dans ses bras et mon cœur s'emballe. Je n'aime pas l'entendre pleurer comme ça. Je ressens toute sa faim et sa frustration. Elle n'arrive pas à téter.

-Je ne vais pas pouvoir te donner à manger si tu serres la mâchoire. Chuchote - t - il.

Je sens mon cœur fondre et ma poitrine se réchauffer.

-Oui, je te remercie.

Mon copain hoche la tête en m'offrant l'ombre d'un sourire avant de se concentrer sur Himiko qui s'impatiente de plus en plus. Je ne sais pas si c'est parce que je lui ai donné la vie mais, je ressens cette impatience et sa faim. L'agacement me gagne. Je n'aime pas quand elle pleure comme ça, ça me stress.

-Sasuke, je crois que tu t'es trompé de tétine pour le biberon. Dis-je en m'approchant doucement tout en m'efforçant de garder une voix calme afin de masquer mon agacement.

A leur hauteur, je prends le poignet de Sasuke auquel est attaché un élastique. C'est bien ce que je pensais.

-Tu t'es trompé de tétine. Celle - ci est trop grosse.

-Pourtant, c'est bien la tétine qui va avec ce biberon pour le lait.

Ça me fait tout drôle de discuter d'une manière aussi décontractée avec lui, comme si les évènements de la veille n'avaient pas eu lieu. Je ne m'attendais pas à ce que ce soit si facile. Je ne sais pas quoi en penser. En fait, je me fais surtout la réflexion que lui et moi, on ne communique pas beaucoup; voire pas du tout. Ce qui est assez ironique quand on y pense. On a un lien spécial qui nous permet de parler par télépathie et on ne se comprend même pas. Même si on s'est promis de travailler sur la communication dans notre couple et de tout nous dire, j'ai l'impression que c'est pire qu'avant. Je me lève et pars chercher une tétine plus petite pour le biberon de la petite. Du moment où je quitte la chambre, jusqu'à celui où je m'agenouille près de Sasuke pour lui passer la tétine, mon esprit surchauffe. Tout se bouscule en moi. Mes pensées sont à l'image d'une tornade. Je ne réfléchis plus clairement, tout s'embrouille. Je parviens néanmoins à diriger mon attention sur un sentiment. J'ai le désagréable sentiment que quelque chose à changé entre nous.

Ou... est-ce moi qui me suis fait des illusion sur notre relation tout ce temps ?

Les paroles de Shikamaru me reviennent en mémoire.

"-Tu refuses de voir la vérité en face."

"- Tu sais, contrairement à ce que tu penses, dans ta vie, il n'y a pas que Sasuke. Il n'est pas le nombril de ton monde. Pour une raison que j'ignore, tu as décidé de le placer au centre de ton univers."

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