Chapitre 14-1

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Adriel sentait la sueur couler le long de son dos. L'ascension était plus harassante qu'il ne l'aurait pensé. Heureusement, ils n'avaient fait aucune mauvaise rencontre depuis leur départ. C'était presque trop beau pour être vrai, pensa-t-il. 

— Vous voyez la croix sur ce tronc d'arbre, là-bas ? 

Adriel tourna la tête vers l'emplacement qu'indiquait Ethan. Plissant les yeux, il finit par reconnaître un vieil arbre dont le poids des branches le faisait ployer au-dessus d'un parterre de fleurs. Une croix gravée à même le tronc le distinguait des autres. 

— Ça signifie qu'on est bientôt arrivés, compléta Ashley entre deux respirations haletantes. 

Une main pressée contre le flanc, elle tentait de reprendre son souffle. 

— Ça va aller ? s'enquit-il. 

Elle lui sourit tant bien que mal et secoua la main à son adresse : 

— Ne t'en fais pas, j'ai toujours du mal sur la fin, mais au moins je sais que je rentre bientôt à la maison, ironisa-t-elle en soufflant. 

Dubitatif, il l'observa encore quelques instants, puis haussa les sourcils à l'intention d'Ethan. Ce dernier hocha la tête et ralentit pour caler son pas sur celui de son amie. Il ne paraissait pas particulièrement inquiet, comme s'il en avait l'habitude. Passant un bras autour de ses épaules dans un geste faussement amical, il lui chuchota quelque chose à l'oreille qu'Adriel n'entendit pas. Quelques secondes plus tard, Ashley avait passé une main autour de la taille du garçon et semblait s'appuyer davantage contre lui. 

Adriel détourna le regard, rassuré. Aurore, qui semblait dans un état d'esprit bien différent de celui d'Ashley, les attendait en haut de la montée, les mains sur les hanches. Il sourit en coin, puis secoua la tête. Où trouvait-elle toute cette endurance ? 

— C'est quand vous voulez ! s'exclama-t-elle en en rajoutant une couche. 

— Je te rappelle qu'on a des affaires à porter, accessoirement. Je la ramènerais moins, à ta place. En plus ton sac est quasiment vide. 

— Je suis sûre que même si je portais toutes tes affaires, tu n'arriverais toujours pas à me suivre, répondit-elle quand il arriva à sa portée, légèrement essoufflé. 

— Mais bien sûr, dit-il en levant les yeux au ciel. 

Elle le détailla longuement, puis se ravisa en voyant les hanses de son sac qui creusaient la chair de ses épaules. Il pouvait sentir sa peau s'embraser. Sans parler de la corde de son arc qui frottait constamment contre la peau à vif de sa hanche gauche, son tee-shirt se relevant constamment à son contact répété. 

Aurore finit par lui sourire et lui donna une petite tape amicale sur le bras en guise d'encouragement. Il haussa les sourcils, étonné. 

— Maintenant que j'y pense, je ne t'ai quasiment jamais vu sans cette casquette. 

Elle le regardait, son regard pétillant toujours de joie après leur petite taquinerie. Ses yeux ne le quittaient pas, semblant fouiller son regard à la recherche d'éventuels indices. Elle avait les joues légèrement teintées par l'effort et ses cheveux avaient un peu frisé aux tempes. 

Elle restait tout de même magnifique, se surprit-il à penser.  

Adriel haussa les épaules. Devant son regard insistant, il leva les yeux au ciel et expliqua : 

— C'est l'une de seules choses que j'ai pu conserver de mon père. Il ne l'avait pas prise ce jour-là, sûrement pour ne pas l'abimer. Je l'ai portée toute mon enfance, même si elle était trop grande pour moi. Et maintenant, elle me va comme un gant, termina-t-il avec un sourire en coin. 

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