Chapitre 22-2

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— Comment tu comptes t'y prendre ? murmura Ethan, accroupi à ses côtés. 

Adriel grimaça. Il n'y avait pas trente-six mille solutions ; du moins pas dans son état. 

— Je vais être obligé de passer par la porte d'entrée, ironisa-t-il. 

— Quoi ? T'es pas sérieux ? Tu ne passeras jamais ! 

— Merci pour la confiance, marmonna-t-il, les yeux rivés aux deux gardes en tentant de réfléchir à un moyen de s'approcher discrètement. 

— Désolé, mais regarde dans quel état tu es, tu crois sincèrement que tu vas réussir à rentrer ? insista Ethan.

— On verra bien. Tu vois une autre solution, peut-être ? Et ne me propose pas de crier son nom jusqu'à ce qu'elle me réponde, ce serait complètement ridicule. 

Ethan leva les yeux au ciel. 

— Tu me prends pour qui, sérieusement. 

— Pour toi, rigola Adriel. 

Samuel ricana dans son dos. 

— Sérieusement, tu as une autre idée ? Parce que si oui, je t'écoute, ajouta-t-il.

Les pieds qui s'enfonçaient dans la terre, Adriel avait les avant-bras posés sur les genoux. Le vent frais de cette soirée lui soulevait doucement quelques boucles rebelles qui taquinaient la peau de son front. Heureusement qu'il ne pleuvait pas, songea-t-il. 

— Putain nan, finit par lâcher Ethan en fulminant. 

Adriel inspira longuement, puis hocha la tête. Tant pis, au moins cela sera-t-il plus facile. Moins discret, pour sûr, mais plus efficace. 

Il se leva et sortit son second couteau. 

— Vous restez ici et vous nous attendez. Si on n'est toujours pas revenus au lever du soleil, commença-t-il avant de marquer une pause devant leur regard inquiet. Eh bien, prions pour que ça n'arrive pas, conclut-il avec un sourire bref. 

Ethan opina. Surprenant Adriel, il lui tendit le poing. D'un hochement de tête, il l'encouragea à taper dedans avec le sien. S'exécutant, Adriel eut le sentiment que le jeune homme lui transmettait un peu de sa force, aussi minime soit-elle. 

— Fais attention, souffla simplement Samuel.

Leur tournant le dos, Adriel partit en direction de la grande bâtisse en se baissant par réflexe derrière les arbres. Il attendit, dissimulé derrière un fourré, que le gros nuage qu'il avait repéré éclipse la lune. Le vent se leva soudainement et fit s'agiter les larges feuilles de l'arbre qui jouxtait le mur Nord du bâtiment. D'ici, il pouvait voir des traces de terre sur la paroi du muret, juste en face d'une des plus longues branches. 

Elle était bel et bien rentrée, pesta-t-il intérieurement. 

Une ombre s'étira devant lui, puis s'élargit, signe que la lune était enfin dissimulée derrière le nuage. Sans attendre une seconde de plus, il sprinta vers l'entrée, le buste légèrement vouté. Les gardes, occupés à parler, ne le remarquèrent pas tout de suite. Accélérant, il fit le vide dans son esprit et laissa son instinct prendre le dessus alors qu'il écrasait la distance qui les séparait.

L'un deux, plus réactif, eut juste le temps de crier avant qu'Adriel ne plante son couteau dans sa poitrine pour perforer son poumon gauche. Il tomba à terre dans un gargouillis, les yeux révulsés. 

— Hé ! s'écria le second garde, médusé. 

Sans lui laisser le temps de comprendre ce qui se passait, Adriel le faucha de sa jambe droite et écrasa sa gorge de son avant-bras avant qu'il n'ait eu le temps de parler. 

La Terre des oubliésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant